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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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M. Mélenchon constant dans son refus des langues régionales


En votant contre un rapport préconisant un soutien européen aux langues minoritaires, M. Mélenchon a confirmé sa volonté de condamner celles-ci à une disparition silencieuse.



M. Mélenchon constant dans son refus des langues régionales
Quand, le 11 septembre dernier, le rapport présenté par François Alfonsi au Parlement Européen a été largement voté par les députés de tous pays, il s’est trouvé un grand nombre de parlementaires français pour rejeter ce texte.

Le rapporteur, élu pour Régions et Peuples Solidaires sur la liste Europe Ecologie, proposait à ses pairs de demander à la Commission Européenne d’influer sur les politiques nationales, afin que celles-ci favorisent mieux l’emploi des langues minoritaires de leurs territoires.

Egalité devant la Loi ? Mon oeil!

Opposé à la Charte Européenne des langues minoritaires, ou opposé à toute politique en faveur des langues de France ? ( photo XDR)
Opposé à la Charte Européenne des langues minoritaires, ou opposé à toute politique en faveur des langues de France ? ( photo XDR)
Aider mieux l’enseignement, la radio, la presse et la création en breton, corse ou alsacien, qui est contre ? Devant leurs électeurs, ils s’y opposent rarement, les députés qui ont pourtant voté contre ce texte sans portée contraignante.
 
Parmi les Français, si certains UMP ont voté contre, ce sont les députés européens du Front National qui se sont exprimés en bloc pour rejeter le texte présenté par M. Alfonsi. Quand certains de ce côté-là feront mine bientôt (on renouvelle le Parlement Européen au printemps 2014) de défendre les traditions régionales, seuls les naïfs y prêteront foi.
 
Mais à l’autre bout de l’échiquier, c’est M. Mélenchon qui, non seulement a voté contre, mais s’en est ensuite expliqué en termes qui font voir combien cet ex candidat à la présidentielle comprend peu les termes du débat, combien aussi son idéologie uniformisatrice laissera peu de place à toute évolution de sa part.
 
Nous savons que les amis de l’ex candidat du Front de Gauche à la présidentielle de 2012, notamment communistes, pensaient pouvoir infléchir sa rigidité républicaniste toute chevènementiste, c’est-à-dire parfaitement psychorigide. Pour lui, la France une et indivisible ne se conçoit qu'avec l'usage du seul français. Peu lui importe que certains de ses soutiens voient dans la diversité des langues du peuple un ressort de la Fraternité, élément clef de la devise nationale.
 
Ceux-là, parmi lesquels les occitanistes sincères et actifs ne manquent pas, devraient examiner le résultat de leurs efforts avec lucidité. M. Mélenchon est irrécupérable. Ses idées sociales peuvent séduire, c’est vrai. Il a su mettre opportunément de l’eau dans son vin bleu-blanc-rouge, quand il s’agissait de grappiller quelques voix. Mais si nous lui faisons confiance pour jouer collectif quand il s’agit de se présenter au suffrage universel, nous savons qu’il n’en fera qu’à sa tête une fois élu.
 
Or, ce qu’il  y a dans cette tête, c’est entre autres, la volonté affirmée de priver d'avenir les langues régionales. Les exemples, internet en est rempli.
 
Certes, dans l’explication de son vote, il dit bien l’inverse. C’est la perspective d’une signature par la France de la Charte européenne des langues minoritaires qu’il refuse catégoriquement. C’est ce qu’il dit.
 
Nous savons qu’il existe un débat interne au régionalisme sur les avantages-inconvénients que présente ce texte que le Conseil Constitutionnel a toujours retoqué, et que le président Hollande a renié, en même temps que la parole donnée lors de sa campagne électorale.
 
Mais ce n’est pas là que se situe l’opposition ferme et rigide de Jean-Luc Mélenchon. Pour lui, toute avancée de droits dévolus à une langue minoritaire équivaut à des droits reconnus à ses locuteurs parce qu’ils sont justement locuteurs.
 
Tout ce qu’on peut dire à ce sujet c’est que M. Mélenchon n’a pas lu ce texte. Il a encore moins lu la liste des articles que la France serait prête à signer (si le Conseil Constitutionnel l’admettait !). Aucun ne permet au député européen de tenir le discours qu’il tient. Des droits au maintien des langues et à leur promotion, il y en a certes, des droits à ses locuteurs, non, aucun.
 
Mais, peu importe pour lui, le fantasme de la division au sein de la République est agité par M. Mélenchon. Il explique en effet, à propos de la charte, que « son contenu comme ses origines contredisent plusieurs principes républicains, à commencer par le plus essentiel : le principe d’égalité des citoyens devant la loi et les services publics ».
 
Parlons-en ! J’ai payé toute ma vie au fisc l'achat et la conservation de milliers de chefs d’œuvre présentés au Musée du Louvre, ou à celui du Quai d’Orsay. Mis à part le billet d’entrée, aller les admirer coûtera le prix d’un ticket de métro à nos amis parisiens. Moi, entre le TGV et l’hôtel, pour passer quelques heures devant le Pierrot autrefois Gilles de Watteau, ou aux pieds de la Vénus d’Arles, il me faudra débourser environ 200€. Inutile de demander ensuite un crédit d’impôts pour investissement dans la culture…
 
Au moins pourrais-je envoyer une carte postale sans souci, acheter quelques timbres et faire tout ce qu’on peut faire dans un bureau de poste, sur les bords de Seine. En revanche, lors de mes dernières vacances en montagne entre Jausiers et l’Italie, au village où j’ai posé mon sac, il m’a fallu aller à la mairie pour cela. La poste avait déserté, comme elle avait fui la plupart des communes alentour. Trop rurales, trop éloignées.

Ai-je besoin de vous dire ce qu'il en est des possibilités de trouver un hôpital public dans les mêmes montagnes, comparé aux possibilités d'en trouver un en Ile de France ?
 
Au fait, pour me rendre à Paris, il me faudra trois heures de TGV, pour aller à Briançon, trois heures et demie, par le train. 800 kms dans un cas, moins de 200 dans l'autre. Si par malheur je dois aller à Poitiers, préparez moi un gros thermos de café et plusieurs sandwiches! Pour le Parisien qui m'y rejoindra ce sera beaucoup plus simple.
 
Mais, pour M. Mélenchon, l’égalité des citoyens devant le service public, c’est l’interdiction de l’enseignement des langues régionales, comme leur valorisation voulue par l’Europe. Car rejeter le rapport de François Alfonsi revient à cela.
 
A tout cela, les amis occitanistes de cet homme politique haut en couleurs et fort en gueule devraient réfléchir. Les idées sociales qu’il défend ne sont pas en cause, elles méritent débat, et constituent une alternative au libéralisme façon XXIè siècle, qui nous a mené à la profonde crise du monde occidental.
 
Mais en misant sur ce personnage, ils coupent justement des idées sociales qu’il professe un grand nombre de gens qui, refusant d’être aveugles, savent dès à présent qu’ils se condamneraient à être muets en cas de succès, même limité, de Jean-Luc Mélenchon. Espérons que les occitanistes proches du Front de Gauche ne restent pas sourds à cet argument.

Dimanche 29 Septembre 2013
Michel Neumuller




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