L’agriculteur érudit et curieux Elie Lèbre (Cucuron – Luberon : 1920-91) par bonheur rencontra l’occitaniste Madeleine Jaquier, et le fruit d’années de collectage nous a permis d’en savoir beaucoup sur la manière vivante et quotidienne de parler provençal.
Avec l’aimable autorisation d’Alain Barthelémy-Vigouroux qui a organisé la masse de notes et d’enregistrements issus de ce travail, nous vous en offrons un morceau chaque semaine, en vous recommandant d’acquérir le livre édité par l’Association Pour l’Enseignement de la Langue d’Oc .
Au fieu de l'an, proverbis…
La vaisselle et les utilitaires de la cuisine mesuraient la marche du progrès...
Nen siam revenguts dei cossaudas
nous en sommes revenus des tampons à récurer en fagots de prêle. Les temps changent, on évolue
Fau pas èstre au peirard
n’en restons pas à la pierre à feu !
An trovat la topina
ils ont trouvé le pot, mis la main sur le magot
Leis escais-noms...
Quand tout le monde connaissait chacun, le surnom supposé qualifier un individu prenait le pas sur son nom de baptème. Ici, Elie Lebre évoque les sobriquets des femmes. Nous verrons bientôt ceux dont les hommes étaient affublés.
I avié pereu de fremas qu’avien d’escais-noms : la Rablada (la râblée), la Tambòta ( la tambote), la Tripalhona (la tripaillone), la Titè (la poupée), la Chiga (la chigue), la Cicòri ( la chicorèe), la Monja (la nonne) qu’èra estada un pauc au covènt, la Desnarrada ( la sans nez), percequ’avié quasi gis de nas ; la Cantarèla (la chanterelle, chanteuse) que cantava totjorn dins lei velhadas.