
Créez en langue minoritaire, vous ajouterez encore une couche de difficulté, et pas la moindre. Pourtant que de talents ! ont souligné tous les participants à ce débat, organisé par le Cep d’Oc, dans le cadre du Festival de la BD d’Aix-en-Provence.
Au milieu de la Médiathèque Méjanes une quarantaine de personnes étaient venues dialoguer avec Bernat Vaton, Miqueu Bouisson et Gérard Phavorin, tous trois illustrateurs, pour le bonheur de la presse de langue d’oc.
Le dessin dit d'un coup ce que le texte peine à exprimer
« La situation de notre langue, injustement écartée en France par une sorte de racisme, est pour eux un aiguillon créatif » soutient Glaudi Barsotti, « un dessin sur deux de Phavorin est là pour les défendre, qu’il s’agisse de l’occitan ou de celles des Amérindiens ».
« Une vieille histoire pour nous, car le dessin frappe l’esprit, résume la situation, reste dans la mémoire » rappelle JM Ramier. « Il dit d’un coup ce que le texte a du mal à exprimer » ajoute Bernat Vaton, dont les personnages « punks » jettent un regard amusé sur la bêtise des uniformisateurs de pensée. « Depuis le Tron de l’Èr des années 1880 jusqu’aujourd’hui, il y a de quoi publier une belle anthologie », une idée que lance Miqueu Bouisson qui, rappelons-le, travaille au Creddo de Graveson.
Mine dure contre ethnocide mou ?
Mais point besoin de Kalachnikov pour refroidir les langues régionales en France. Il suffit d’endormir leurs défenseurs en consacrant à leurs idiomes deux lignes inoffensives dans la Constitution, avant qu’une ministre de l’Education ne tarisse les possibilités d’organiser son enseignement, avec la complicité de chefs d’établissements trop heureux de simplifier leur emploi du temps.
Face à cet ethnocide mou, le dessin peut-il quelque chose ? « Il peut dire de façon percutante ce que l’Unesco dilue dans ses rapports : que toutes les cultures se valent, et que celui qui en dénigre une n’est rien d’autre qu’un raciste ! » Dixit Glaudi Barsotti.
