
Que faire, hors de l’école, avec cet occitan qu’on y apprend ? C’est pour débattre de cette question qu’une trentaine de lycéens des cours d’oc se sont retrouvés le 10 avril dernier à Nîmes, à l’invitation de l’Université Occitane d’Eté. « Nous cherchons depuis quelques années les moyens d’attirer plus de jeunes à l’UOE de juillet » explique Patric Lapierre, cheville ouvrière de ces U.O.E., à la fois lieu de fête, de connaissance et de débats, créées par Robèrt Lafont, et dont on fêtera l’an prochain le cinquantième anniversaire.
Le dispositif imaginé pour ce faire, fût de demander au public visé ce qu’il pense à l’occasion d’un « forum ouvert »; quitte à en prendre un sacré coup au moral ! « j’ai été soufflé d’apprendre qu’ils ignoraient qui était Rodin (l’auteur compositeur interprète Rodin Kaufmann, ndlr) et que l’univers de la création en òc leur échappait , qu’il s’agisse de chanson, de théâtre ou quoi que ce soit. L’image qu’ils ont de la langue qu’ils apprennent c’est encore, le plus souvent, celle d’un idiome d’anciens qui dit la tradition ».
Sacrée révélation ! Le borbolh occitan échapperait à l’attention de ceux qu’il vise ?
Soutien de l'Education Nationale et du Cirdoc
Les lycéens venaient du collège Calandreta « Leon Cordas » de Montpellier et d’un lycée public de Béziers. On ne peut donc conclure trop vite avec un échantillon somme toutes restreint. Mais dans une première analyse on pourrait penser que les lycéens des cours d’occitan ne vont pas au concert, et n’ont pas non plus de pratique de l’occitan via les réseaux sociaux et autres plateformes internet dont ils usent.
« On leur avait demandé : quand et où pratiquer l’occitan, une fois sorti des cours ? Et de quoi avez vous envie, au fond ? » Et nous nous sommes partagés en divers ateliers pour en parler. Certes une évaluation plus fine sera faite de cette première journée, par la Marpoc qui propose l’UOE.
L’initiative mérite d’être pérennisée selon Patric Lapierre et tout autant pour ses soutiens institutionnels : l’Académie de Montpellier dont l’Inspecteur Pédagogique Régional Christophe Causse, présent et attentif aux attentes de ces jeunes, comme le Cirdoc (Centre interrégional de documentation occitane) qui avait délégué sa responsable aux actions pédagogiques Jeanne-Marie Vazelle ou encore Hugo Cros, chargé de mission à la Région O.P.M. . Pour tous, l’initiative de la Marpoc pourrait favoriser un meilleur partage de la langue régionale, par des jeunes qui la considéreraient mieux comme une langue vivante.
Une initiative reproductible dans d'autres Académies

Il n’est pas inutile de préciser que l’Académie de Montpellier souhaite inscrire désormais cette journée d’échanges dans le Projet Académique, ce qui permettra de la signaler officiellement à tous les enseignants d’occitan de l’Académie. « De notre côté nous préparerons plus en amont cette journée dès maintenant », souligne Patric Lapierre, « car l’information de ce public, de leurs enseignants, livrée plus tôt, permettra d’atténuer les problèmes d’agenda ». La Marpoc espère donc en faire une habitude pour un nombre conséquent de lycéens. Ce serait alors un temps d’échanges propices à leur donner envie d’aller chercher les occasions de profiter de la culture dont la langue qu’ils apprennent est le véhicule majeur.
D’un autre côté les acteurs culturels eux mêmes en profiteraient sûrement pour se poser la question : comment intéresser un public qui ne demande qu’à profiter de ce qu’il apprend ?
Un de ces acteurs en tout cas, n’a pas fait défaut, notre partenaire de toujours Radiò Lenga d’Òc, qui avait installé à Nîmes les micros de son Miegjornau et s’est fait l’écho de l’initiative. Si celle-ci semble innovante, il ne tient qu’à d’autres Académies qu’elle soit reproductible.