A Correns en mai 2012, le groupe Moussu T avec les élèves de classes de la Provence Verte. Les musiciens ne l'ont pas cherché, mais leurs chansons figurent souvent dans les projets scolaires (photo MN)
On ne compte plus les animations scolaires qui passent par le chant en Provence. Sur la scène du Parc Jourdan d’Aix, tous les deux ans au mois de mai, on vérifie ainsi qu’il s’est passé quelque chose d’important derrière les grilles des écoles.
Avec les Cantejadas, 500 élèves de maternelles et primaires s’en donnent alors à cœur joie, et chantent des trads comme Se Cante, ou des contemporains tels Moussu T. e lei Jovents. En face d’eux, deux mille parents, voisins, amis, curieux…Avec des élus et des responsables académiques qui ignoraient que chanter en provençal pouvait à ce point réunir dans l’espace public.
« Le chant collectif est une expérience rare pour l’homme. Être au milieu de cette vibration collective donne aux participants des sensations qu’on rencontre rarement ». On ne s’étonnera pas que Gilles Maille, conseiller pédagogique musique de l’Académie d'Aix-Marseille, pour les Bouches-du-Rhône, ait une vision positive de l’exercice qu’il chapeaute.
Avec les Cantejadas, 500 élèves de maternelles et primaires s’en donnent alors à cœur joie, et chantent des trads comme Se Cante, ou des contemporains tels Moussu T. e lei Jovents. En face d’eux, deux mille parents, voisins, amis, curieux…Avec des élus et des responsables académiques qui ignoraient que chanter en provençal pouvait à ce point réunir dans l’espace public.
« Le chant collectif est une expérience rare pour l’homme. Être au milieu de cette vibration collective donne aux participants des sensations qu’on rencontre rarement ». On ne s’étonnera pas que Gilles Maille, conseiller pédagogique musique de l’Académie d'Aix-Marseille, pour les Bouches-du-Rhône, ait une vision positive de l’exercice qu’il chapeaute.
"Modestement, transmettre un trésor de l'Humanité"
Gilles Maille : chanter dans la langue de sa région « c’est profiter des richesses phonétiques, lexicales, syntaxiques et culturelles que véhiculent les chansons. » (photo MN)
Il en parlera mieux, avec d’autres, samedi 14 novembre à Eygalières, lors du colloque bisannuel de l’Association Pour l’Enseignement de la Langue d’Oc. On y chantera beaucoup, car le thème en sera « La langue d’Oc et la chanson contemporaine ».
Chanter à l’école, certes, oui, mais pourquoi chanter en occitan ? « Chanter dans une langue c’est se l’approprier de façon implicite, c’est de l’imprégnation, et la langue est apprise de façon correcte sans y penser » répond Marie-Françoise Lamotte, directrice d’un Centre d’apprentissage de la langue régionale, au pied du Mont Venturi.
Dans ces trente écoles publiques qui, dans les Bouches-du-Rhône, transmettent la langue d’oc à raison de six heures hebdomadaires, le chant est un instrument pédagogique majeur. " Dans une chanson de Moussu T. des enfants égrainent ce qui leur plaît, et chaque fois disent " m'agrada ". On reprend la chanson, mais on laisse des blancs là où ça "agrada", charge à nos élèves d'y placer ce qui leur plaît, à eux" reprend l'enseignante. "Ils s'approprient la chanson, et le vocabulaire".
« Il y a un moment, en fin de journée, où les enfants trouvent le temps long, sont plus fatigués » poursuit Marie-Françoise Lamotte. « Alors tu prends une guitare, et hop ! La fatigue fait place au plaisir. Ça les marquera, et quand ils rentrent chez eux, où bien rarement on parle provençal, les enfants chantent à nouveau. Ce sont eux qui feront entrer la langue dans le foyer ».
« Chanter dans des langues minoritaires, c’est participer modestement à conserver la diversité des langues » insiste Gilles Maille. Tamoul ou occitan, Une langue « ça reste un trésor de l’humanité : minoritaires, ces langues appartiennent à tous ceux qui décident de les parler ou de les chanter ». Et si cet humanisme passe par l’Ecole, c’est tant mieux, car elle transmet des savoirs, mais aussi des valeurs.
Chanter à l’école, certes, oui, mais pourquoi chanter en occitan ? « Chanter dans une langue c’est se l’approprier de façon implicite, c’est de l’imprégnation, et la langue est apprise de façon correcte sans y penser » répond Marie-Françoise Lamotte, directrice d’un Centre d’apprentissage de la langue régionale, au pied du Mont Venturi.
Dans ces trente écoles publiques qui, dans les Bouches-du-Rhône, transmettent la langue d’oc à raison de six heures hebdomadaires, le chant est un instrument pédagogique majeur. " Dans une chanson de Moussu T. des enfants égrainent ce qui leur plaît, et chaque fois disent " m'agrada ". On reprend la chanson, mais on laisse des blancs là où ça "agrada", charge à nos élèves d'y placer ce qui leur plaît, à eux" reprend l'enseignante. "Ils s'approprient la chanson, et le vocabulaire".
« Il y a un moment, en fin de journée, où les enfants trouvent le temps long, sont plus fatigués » poursuit Marie-Françoise Lamotte. « Alors tu prends une guitare, et hop ! La fatigue fait place au plaisir. Ça les marquera, et quand ils rentrent chez eux, où bien rarement on parle provençal, les enfants chantent à nouveau. Ce sont eux qui feront entrer la langue dans le foyer ».
« Chanter dans des langues minoritaires, c’est participer modestement à conserver la diversité des langues » insiste Gilles Maille. Tamoul ou occitan, Une langue « ça reste un trésor de l’humanité : minoritaires, ces langues appartiennent à tous ceux qui décident de les parler ou de les chanter ». Et si cet humanisme passe par l’Ecole, c’est tant mieux, car elle transmet des savoirs, mais aussi des valeurs.
"Si tu entends aussi la chanson hors de l'école, c'est gagné, car elle te semblera juste normale"
Chanter, une activité ludique qui "permet de s'imprégner d'une langue sans y penser" (photo MN)
Et puis, sur un plan plus scolaire, ajoute ce forgeron académique de la clef de sol, chanter dans la langue de sa région « c’est profiter des richesses phonétiques, lexicales, syntaxiques et culturelles que véhiculent les chansons. »
Tatou, le chanteur de Massilia Sound System et de Moussu T e Lei Jovents, voit ses compositions largement fredonnées dans les salles de classe. Ça n’était pas recherché, mais il ne va pas bouder son plaisir. Et puis, ce n’est pas inutile, loin de là.
« Autour de moi, les gens qui sont familiarisés avec d’autres langues, c’est qu’ils les ont chantées. C’est vrai pour l’anglais ou pour l’occitan. C’est un bon outil d’apprentissage ; et si ces chansons peuvent être entendues hors de l’école. Alors la langue du chant apparait comme juste normale. »
Programmateurs de radios, quand vous diffusez de l’occitan, mine de rien vous jouez un rôle important. Parlez-en au Recteur d’Académie ! Vous méritez les Palmes…
Avec Tatou, il arrive au guitariste Blu Attard de consacrer du temps à un projet scolaire. Ainsi en 2012, avec quatre écoles de la Provence Verte, au nord de Brignoles. « On n’est pas profs, les enfants avec nous s’ouvrent au non-académique, on fait du ludique et ils s’éclatent. Mais faire de la musique c’est une chose, l’enseigner c’en est une autre ». Le musicien tient à ce bémol.
Tatou, le chanteur de Massilia Sound System et de Moussu T e Lei Jovents, voit ses compositions largement fredonnées dans les salles de classe. Ça n’était pas recherché, mais il ne va pas bouder son plaisir. Et puis, ce n’est pas inutile, loin de là.
« Autour de moi, les gens qui sont familiarisés avec d’autres langues, c’est qu’ils les ont chantées. C’est vrai pour l’anglais ou pour l’occitan. C’est un bon outil d’apprentissage ; et si ces chansons peuvent être entendues hors de l’école. Alors la langue du chant apparait comme juste normale. »
Programmateurs de radios, quand vous diffusez de l’occitan, mine de rien vous jouez un rôle important. Parlez-en au Recteur d’Académie ! Vous méritez les Palmes…
Avec Tatou, il arrive au guitariste Blu Attard de consacrer du temps à un projet scolaire. Ainsi en 2012, avec quatre écoles de la Provence Verte, au nord de Brignoles. « On n’est pas profs, les enfants avec nous s’ouvrent au non-académique, on fait du ludique et ils s’éclatent. Mais faire de la musique c’est une chose, l’enseigner c’en est une autre ». Le musicien tient à ce bémol.
"L'artiste n'est pas enseignant, mais se doit d'occuper ce terrain par respect pour ceux qui transmettent"
Pour Tatou, rien que de normal à cet exercice ponctuel. « Nous artistes on se doit d’occuper ce terrain. C’est un effort nécessaire par respect pour ceux qui cherchent à transmettre la langue qu’on chante. »
Ce qui nous permet de souligner cette affirmation assez largement partagée : « pour transmettre la langue régionale, il faut vouloir l’avoir en partage, et c’est un acte militant qui touche tout autant l’artiste que l’enseignant. Si tu n’y crois pas, ne te cache pas derrière des arguties pédagogiques ou artistiques, même si elles sont vraies !»
Mais là, chut-chut ! trop de gens nous l’ont exprimé pour qu’on cite quelqu’un en particulier. Vérifions plutôt si cela se dit aussi lors des tables rondes d’Eygalières.
Ce qui nous permet de souligner cette affirmation assez largement partagée : « pour transmettre la langue régionale, il faut vouloir l’avoir en partage, et c’est un acte militant qui touche tout autant l’artiste que l’enseignant. Si tu n’y crois pas, ne te cache pas derrière des arguties pédagogiques ou artistiques, même si elles sont vraies !»
Mais là, chut-chut ! trop de gens nous l’ont exprimé pour qu’on cite quelqu’un en particulier. Vérifions plutôt si cela se dit aussi lors des tables rondes d’Eygalières.