Ce chiffre qui ferait pâlir d’envie plus d’une académie entre Bordeaux et Nice doit pourtant être relativisé. 3% de l’effectif scolaire total est concerné par cet enseignement dans les départements de l’Académie : Alpes de Haute Provence, Hautes Alpes, Bouches-du-Rhône et Vaucluse, où 280 000 élèves sont inscrits.
Encore ce résultat à la fois envié et améliorable doit-il pour l’essentiel aux efforts entrepris depuis vingt ans dans les seules Bouches-du-Rhône. On y recense 7495 élèves recevant un enseignement en provençal dans le premier degré, c’est-à-dire dans les classes de maternelle et de primaire. Là le chiffre progresse.
On le doit à un système pérenne, monté à partir du début des années 1990. A cette époque se crée sous l’impulsion d’un groupe d’enseignants et d’un inspecteur de l’Education Nationale une « mission académique » qui va d’abord aider les projets d’enseignements à naître dans certaines écoles. Elle va ensuite les fédérer au sein d’un réseau, qui compte à ce jour 27 écoles communales.
Accompagner les projets de collèges à filière bilingue

Or, c’est ce qui a coincé, pour plusieurs représentants, tant associatifs que syndicaux, lors du dernier Conseil Académique de la Langue Régionale, un organisme d'information qui réunit syndicats, associations et inspecteurs d'Académie une fois par an, sous la houlette du recteur Bernard Dubreuil.
Ce CALR s'est réuni le 29 novembre dernier. Et la demande qu’il a reçu c’est bien d'en revenir à une Mission académique de quatre formateurs et accompagnateurs de projets d’école, dans les Bouches-du-Rhône.
Le syndicat Snes et l’association Aeloc en particulier l’ont réclamé. Il s’agirait de se donner les moyens de poursuivre les efforts entrepris, et d’accompagner de nouvelles écoles où une équipe enseignante aurait envie de mettre le provençal, ou l’alpin d’oc, au cœur de son projet.
Dans les Bouches-du-Rhône, ces moyens semblent particulièrement nécessaires. Les besoins évoluent en effet. Le maillage d’écoles en provençal a conduit l’an passé à l’ouverture d’un collège, à St-Rémy de Provence, à filière bilingue. Et un second suivra, à Martigues, en 2015.
Dans les Alpes un désert scolaire occitan

Là, l’enseignement du provençal ou du gavot est sinistré. Les bonnes volontés n’y suffisent plus. 30 élèves à peine pour un département de 140 000 habitants, auxquels l’Académie ajoute des élèves « sensibilisés » dont on ne recense même pas le nombre.
Si les Hautes Alpes font un peu mieux c’est en raison de la Calandreta, l’école associative bilingue de Gap, qui recueille 20 élèves.
Cinq collèges organisent un cours de langue régionale dans ces deux départements alpins. Mais sans apports du primaire combien de temps proposeront-ils cet enseignement ? Faute d’inscrits, ces enseignements peuvent parfaitement disparaître. C’est ce qu’on annonce par exemple au lycée privé aixois de La Nativité.
Or, dans les collèges d'Embrun et de Briançon, aucune demande d’élève n’a été enregistrée pour cette année scolaire.
Les moyens d’accompagnement divisés par deux en Vaucluse

Afin de doter une école dans un contexte de rareté des enseignants, l’animatrice de provençal a en effet du rejoindre un poste enseignant à mi-temps à la rentrée. Ne reste donc, comme c’était le cas en 2009, qu’un demi-poste d’animateur.
Dans le premier degré ce poste d’animateur avait contribué au fort développement du provençal à l’école primaire. Mis à part la Calandreta d’Orange, créée en 1993 et toujours en bonne santé avec 70 à 80 élèves inscrits selon les années, les écoles du Vaucluse enseignaient la langue régionale à 1224 élèves en 2008-09. Deux ans après, ils étaient 450 de plus.
Sans efforts supplémentaires, les effectifs de provençal sont destinés à se tasser puis à régresser. Les effectifs des collèges de l’Académie en donnent une idée. De 3109 élèves recensés en 2008-09, ils sont passés à 2637 en 2011-12, alors même que le nombre de collèges enseignant l’occitan est resté constant. Ils sont 55.
Des « camins de lenga » favorables aux apprentissages de langues étrangères
Or, l’Académie elle-même a mis en lumière voici trois ans avec son opuscule « camin de lengas » que la correspondance entre langues romanes était forte, et pouvait être valorisée à partir de la langue régionale. Enseignement dans lequel les élèves se sentent d’entrée de jeu à l’aise, celui de l’occitan conduit à celui de l’espagnol ou de l’italien et du portugais avec plus d’aisance.
En favorisant la langue d’Oc, le système éducatif améliorerait l’apprentissage de l’ensemble de ces langues, comme l’apprentissage de l’alsacien en Alsace a favorisé le maintien de l’enseignement de l’allemand.
Encore faut-il se donner les moyens d’atteindre cet objectif.
