Rémy Jumeau (photo MN)
Pantòri n’est pas un roman historique. Même s’il transporte son lecteur à la naissance du second empire. Pantòri n’est pas un roman par lettres, comme il en a tant fleuri aux temps classiques.
Même si les lettres de son héroïne en scandent le cours. Pantòri n’est pas une œuvre de fiction. Même s’il fait coexister la géographie la plus concrète avec ce lieu de pantai qu’évoque irrésistiblement son nom.
Phántagma, disaient les Phocéens dans leur grec asiatique, ce qui nous a permis de distinguer fantasmes et fantômes, et a laissé à notre mot occitan une trace d’inquiétude dans sa double connotation.
Car Pantòri, cette île que l’auteur a fait surgir à l’entrée de la rade de Marseille, renferme un double et douloureux mystère. Comme toutes les œuvres qui ouvrent une voie, Pantòri est inclassable.
On chercherait en vain dans Pantòri un récit linéaire. Comme dans la tradition du roman baroque, les intrigues s’enchevêtrent, le personnage dont les aventures ou les désarrois avaient commencé à nous attirer ou nous émouvoir se quitte, se retrouve, se délaisse à nouveau.
Les événements de la grande histoire traversent la trame, mais vécus dans un éparpillement tout stendhalien, à la limite de la légèreté, jusqu’à ce que l’un d’eux précipite, dans tous les sens du terme, le drame.
Ce parti pris fait du lecteur le spectateur un peu désorienté du foisonnement de la vie, avant que ne se resserrent les fils et que l’anxiété ne prenne le dessus sur la paresseuse contemplation d’un kaléidoscope un peu énigmatique.
Nous ne serons pas laissés dans un total désarroi : une part du voile se lèvera, le reste sera abandonné à nos rêves.
Les amants du langage marseillais auront plaisir à le voir mis à l’honneur avec une fidélité à la fois à ses modèles populaires et à ses modèles historiques.
Il en résulte une langue qui elle aussi relève de la création ; et quand la paresse prive le lecteur des secours de la lexicologie, elle contribue à faire surgir dans la signification des mots une pluralité virtuelle qui fait écho aux zones d’ombre du texte.
Avec Pantòri, Rémy Jumeau, artiste et poète autant que romancier, a offert à notre littérature une création qui ne passera certainement pas inaperçue.
Publié par IDECO
Phántagma, disaient les Phocéens dans leur grec asiatique, ce qui nous a permis de distinguer fantasmes et fantômes, et a laissé à notre mot occitan une trace d’inquiétude dans sa double connotation.
Car Pantòri, cette île que l’auteur a fait surgir à l’entrée de la rade de Marseille, renferme un double et douloureux mystère. Comme toutes les œuvres qui ouvrent une voie, Pantòri est inclassable.
On chercherait en vain dans Pantòri un récit linéaire. Comme dans la tradition du roman baroque, les intrigues s’enchevêtrent, le personnage dont les aventures ou les désarrois avaient commencé à nous attirer ou nous émouvoir se quitte, se retrouve, se délaisse à nouveau.
Les événements de la grande histoire traversent la trame, mais vécus dans un éparpillement tout stendhalien, à la limite de la légèreté, jusqu’à ce que l’un d’eux précipite, dans tous les sens du terme, le drame.
Ce parti pris fait du lecteur le spectateur un peu désorienté du foisonnement de la vie, avant que ne se resserrent les fils et que l’anxiété ne prenne le dessus sur la paresseuse contemplation d’un kaléidoscope un peu énigmatique.
Nous ne serons pas laissés dans un total désarroi : une part du voile se lèvera, le reste sera abandonné à nos rêves.
Les amants du langage marseillais auront plaisir à le voir mis à l’honneur avec une fidélité à la fois à ses modèles populaires et à ses modèles historiques.
Il en résulte une langue qui elle aussi relève de la création ; et quand la paresse prive le lecteur des secours de la lexicologie, elle contribue à faire surgir dans la signification des mots une pluralité virtuelle qui fait écho aux zones d’ombre du texte.
Avec Pantòri, Rémy Jumeau, artiste et poète autant que romancier, a offert à notre littérature une création qui ne passera certainement pas inaperçue.
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