« L’occitan c’est pas une variable d’ajustement », affichera la Fédération pour l’Enseignement de la Langue et de la Culture d’Oc (Felco), qui fait entendre un autre slogan, plus moral : « La réforme des lycées tue l’occitan – Non ! ».
« Nous étions pour une fois très nombreux à Montpellier, samedi » raconte une enseignante provençale. La Felco réunissait les enseignants d’occitan, et de Bordeaux à Nice, ils sont venus.
A Avignon, voici quinze jours, les Provençaux – 18 sur les 25 professeurs certifiés de l’Académie d’Aix-Marseille, une première ! – s’étaient déjà réunis. Certes rien de concret n’était sorti de cette rencontre inédite entre les mistraliens et les tenants de la graphie classique, qui habituellement, mis à part quelque- uns, s’ignoraient volontairement. « Quelque chose d’énorme arrive, alors brusquement tous se parlent » poursuit notre interlocutrice.
Pressions efficaces quand elles sont convergentes

Alors que l’épreuve écrite pour l’agrégation d’occitan-langue d’oc (deux postes cette année) venait d’être organisée à Aix-en-Provence, l’enseignement de la matière était promis à la disparition.
En une semaine, alors que la pression est restée modeste, déjà les menaces de suppression de cours s’estompent . Nous pourrions citer, dans la panoplie de ces actions, notre article de mercredi dernier et ses trois milles visiteurs, immédiatement relancés par de nombreux partages sur les réseaux sociaux, les tentatives de Michel Feltin-Palas -L’Express - pour questionner certains proviseurs particulièrement abrasifs pour les cours d’oc que propose leurs établissement, et les interventions syndicales, en particulier du Snes auprès du Rectorat.
Une lettre de protestation de l'Aeloc (adhérente de la Felco) au Recteur d'Académie, une campagne de messages aux autorités d'Etat de la part de l'Institut d'Estudis Occitans complètent ce rapide éventail des protestations convergentes.
Le Rectorat a annulé plusieurs suppressions de cours d'oc
Néanmoins le lycée Victor Hugo de Carpentras perdrait toujours ses six heures hebdomadaires de cours de provençal, tout comme le lycée de Bollène (84) et le lycée Montgrand de Marseille, ainsi que le lycée Victor Hugo dans la même ville.
L’enseignement privé sauverait aussi, mais très provisoirement, ses heures de cours, dans les rares établissements qui proposent un enseignement d’occitan : Notre-Dame de Sion à Marseille, où tout de même 9h hebdomadaires sont dispensées, et le lycée Pila de Carpentras. Mais il ne s’agit que d’un sursis, la retraite de l’enseignant, dans deux ans, mettant théoriquement fin à cet enseignement.
A ce stade, et avec une mobilisation pourtant encore embryonnaire, la moitié des cours de provençal promis à la disparition seraient maintenus. Un encouragement à la mobilisation. Or, celle-ci dépend entièrement de l’unité très récente des enseignants.
Car, dans ce grand récurage pédagogique qu’est la réforme Blanquer, éloignant les enseignements optionnels de leur public, les rendant donc moins qu’optionnels, le fait marquant pour la matière occitan-langue d’oc, reste jusqu’à présent que leurs enseignants ont pu, sous la pression extérieure, dépasser des clivages, qui étaient à vrai dire obsolètes depuis bien longtemps.