
Le couple enseignant-artiste, tous ont appelé à sa valorisation, au cours d’une table ronde sur « La chanson occitane et l’enseignement » qu’a provoquée à Eygalières l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc, le 14 novembre dernier.
« C’est une façon de développer avec tranquillité le potentiel créatif des élèves » soutient de son côté Camille Martel. Lui-même musicien et journaliste, intervient en Languedoc Roussillon en classes primaires et en collèges. « Nous créons des raps. Donc nous travaillons sur le rythme et sur la parole. Et au fil de nos échanges, les élèves en viennent à trouver leur propre rythme, leurs paroles personnelles en accord avec celui-ci ».
"Les élèves, sur un pied d'égalité, doivent pouvoir tout oser"

L’occitan chanté à l’école, une expérience qui mérite d’être tentée, c’est certain, disent tous les participants à la table ronde, modérée par la chanteuse Lisa. Mais cela ne suffit pas à Manu Theron. « Cette expérience devrait être partagée par chacun des enfants qui naissent en Provence. On en est loin, et pour y arriver il faut des moyens plus importants ».
Or ces moyens existent…mais en Languedoc Roussillon, « où le Conseil Régional a ouvert une ligne budgétaire conséquente pour permettre à l’artiste d’entrer au lycée et y mener des projets. » Lui-même pratique régulièrement l’exercice depuis une quinzaine d’années.
La Région Languedoc et le Conseil Départemental du 13 font entrer l'artiste à l'école

« Nous avons cherché un relais capable de garantir une qualité artistique, un rôle que joue l’association Arts et Musiques, qui s’adresse en particulier à André Gabriel. Gaël Hemery et Guilaine Renaud notamment ont participé à ces animations musicales avec des projets originaux, comme la conteuse Marie Ricard et cette année, c’est un luthier qui va initier des collégiens à la fabrication d’instruments traditionnels ».
Plus jeunes, les élèves ont, toujours dans les Bouches-du-Rhône, l’occasion de participer à un projet d’ampleur, les Cantejadas. « La préparation reste légère, car nous n’avons pas les moyens d’organiser rencontres entre enseignants et répétition générale avec 500 élèves » explique Gilles Maille.
Le conseiller pédagogique Musique de l’Académie d’Aix-Marseille dans les Bouches-du-Rhône brossera rapidement l’expérience.
"Chacun son métier, mais coopérer enrichit tout le monde"

Une énergie communicative. En 2016 environ 600 élèves des Alpes-de-Haute-Provence vont à leur tour organiser des Cantejadas à Digne.
Mais si, pour l’artiste, la confrontation avec les classes apprend beaucoup de choses sur la pédagogie, dixit Manu Theron, « Il faut être conscient que chacun a son métier, on ne peut enseigner la musique à la place d’un enseignant de musique »…
Ceci-dit, pour l’enseignant, chanter n’est pas anodin. Laissons à Magali Bizot les mots de la fin. « Jeune enseignante, je n’arrivais pas à capter l’attention de mes élèves » se souvient la chanteuse de Misè Babilha. « Alors j’ai chanté, et ça a marché, mes élèves ont accroché et l’échange a commencé ! C’est une manière de communiquer. Si, en le disant, ça coince, alors chantez-le… »