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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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L'enseignement de l'occitan sacrifié par souci d'économies


La réforme des lycées contraint les adolescents à choisir trop tôt leur avenir. Et les privera d'intégration à leur propre culture régionale.



Sarà Laurens (photo MN)
Sarà Laurens (photo MN)
Par quel raisonnement extravagant le gouvernement traite-t’il l’enseignement de la langue d’oc, et au-delà celui de toutes les langues minoritaires ? Après avoir institué une agrégation d’occitan-langue d’oc, puis avoir décidé de ne pas créer de poste, voilà qu’il en ouvre deux en 2019.

Et dans le même temps, il prépare une réforme des lycées qui videra les cours des futurs agrégés, comme ceux de leurs collègues titulaires du Capes.


 

L’enseignement des langues régionales relégué hors de l’univers des langues vivantes 1 et 2, ne pourrait plus prétendre à intéresser que les élèves déjà sensibilisés par leur entourage.

De la réforme du ministre Blanquer, on découvre peu à peu les bribes, qui collées les unes aux autres, forment un ensemble cohérent, mais mortel pour notre enseignement.

Essayons de résumer ce que dit la réforme des lycées, à laquelle s’opposent si rudement les lycéens eux-mêmes. Elle divisera les enseignements en trois catégories : un tronc commun comprenant des apprentissages obligatoires tels que le français ou l’histoire géographie ; un ensemble d’enseignements de spécialités où le lycéen trouvera, très tôt, trop tôt, des matières qui l’engagent sur une voie particulière : les mathématiques et les sciences pour les uns, les langues étrangères pour les autres, par exemple ; enfin, une troisième catégorie regroupera les options, parmi lesquelles l’élève pourra choisir, s’il lui est proposé, un enseignement de langue régionale.

Mais que sait-on ? L’information filtre peu à peu, parfois contradictoire, mieux assurée par le canal syndical que par le ministère qui prépare cette réforme. Une situation anxiogène pour les professeur(e)s qui s’investissent depuis des années dans l’apprentissage de leur matière ; qui y attirent l’enthousiasme des élèves. Ainsi ceux-là se voient dotés du véhicule essentiel de la culture de leur territoire, d’une langue qui libère leur envie d’apprendre les autres. Ils font connaissance avec la grande famille des langues romanes, avec leur propre histoire, et peuvent miser sur une relative professionnalisation incluant notre provençal, notre niçois et notre alpin d’oc : auteurs interprètes, journalistes, acteurs…ou pourquoi pas professeurs.

L’enseignement des langues régionales déjà relégué hors de l’univers des langues vivantes 1 et 2, ne pourrait plus prétendre à intéresser que les élèves déjà sensibilisés par leur entourage. Mais ce qui nous intéresse, c’est justement le plus large partage d’une culture d’intégration des jeunes à leur propre région.

Avec cette dégradation nous assisterions aussi à une dévalorisation des résultats obtenus par nos élèves. Tel lycéen excellent dans la matière, devra pourtant avec elle, s’éloigner d’une mention recherchée au bac. En effet, les points acquis par le candidat au baccalauréat de l’épreuve de langue régionale, pouvaient l’amener à la mention car ces enseignements – tout autant le grec, le latin ou d’autres langues rares –  représentaient jusqu'à 10% de la note finale. Or, elles ne pourraient, avec la réforme, dépasser 7%.
Ce n’est pas anodin, puisque les lycéens devront en passer par le fameux « parcours sup », canal de sélection qui pourra les faire rejeter par l’université en fonction d’un profil jugé inadéquat, ou de l’absence de résultats jugés suffisants.

L’addition sera lourde pour l’enseignement d’occitan-langue d’oc, qui disparaitrait de nombreux établissements, probablement de trois des quatre qui l’enseignent à Marseille par exemple.

Pour quelle excellente raison, au fond ? Pas spécifiquement par volonté d’en finir avec nos langues minoritaires, dont le renouveau est sans cesse contrarié par ce type de réforme. Mais simplement pour des raisons comptables qui n’ont rien à voir avec le souci de l’avenir des lycéens.

Notre matière se voit condamnée par l’Etat pour que celui-ci puisse satisfaire à son envie de faire maigrir la fonction publique. C’est entre autres avec les professeurs d’occitan-langue d’oc que le ministère pense pouvoir supprimer 2600 postes, son objectif pour l’année à venir.

La matière n’amène pourtant que quatre nouveaux professeurs chaque année, entre Bordeaux et Nice, depuis quinze ans. Déjà nous savons que les départs en retraite ne pourront être ainsi compensés d’ici 2025.

Que ferons-nous, nous enseignants, pour que notre mission perdure ? Que fera la société civile, en particulier tous ceux qui militent pour le respect, la connaissance, le meilleur partage et la présence  de notre langue occitane ?

Voilà la question qui se posera avec force durant les mois à venir.

Mercredi 2 Janvier 2019
Sarà Laurens, professeure certifiée d'occitan-langue d'oc




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