
Christian Lagarde, sociolinguiste et professeur d’espagnol à l’Université de Perpignan était l’invité de l’Association de l’Enseignement de la Langue d’Oc. Pour son colloque bisannuel, à Rousset, l’association affiliée à la Felco souhaitait aborder la problématique de l’identité, en particulier à l’école.
Et le sociolinguiste, par ailleurs fils d’Andrieu Lagarde, écrivain d’Oc fondateur de l’Institut d’Estudis Occitans, a rappelé comment l’identité française veut réduire à ce couple Egalité-Uniformité, l’enseignement de ses langues régionales. Part congrue et limitation obligatoires.
La Loi Deixonne, la plus avancée dans le domaine, bien que très limitée, avait été adoptée à l’orée des années 1950, dans une difficulté immense nous rappellerait Yann Lespoux, dans son récent ouvrage "Pour la langue d'Oc à l'école" (Presses Universitaires de la Méditerranée).
Hélas pour l’Occitan, le breton ou le corse, la période qui suivra sera celle du déclin français à l’international, de la déprise coloniale, de la marginalisation parmi les grands du Monde. « C’est quand la France prend conscience de ce déclin qu’elle déclenche une politique protectionniste en faveur du seul idiome français » souligne Christian Lagarde.
La France en déclin veut une identité unique
Depuis la première guerre mondiale, ces langues régionales sont mises à mal, et les années soixante consacrent leur disparition auto-programmée, puisque les familles ne la transmettent plus.
« Le régionalisme prétend agir pour maintenir ou retrouver ses langues par l’école. Leur entrée dans le cursus scolaire de droit, c’est sa revendication. Mais c’est justement par l’école que la stigmatisation s’est opérée. Toutes les lois sur l’Education contribuent en continuité à fermer l’espace aux langues régionales. »
M. Lagarde souhaite questionner le régionalisme sur cette question : « l’emprise de l’Etat est telle en France, qu’on en appelle à lui avant tout. Que peut-on en attendre, pourtant, alors qu’il est certain que l’Etat est hostile à la diversité linguistique » ?
Tout attendre d’un Etat hostile à sa diversité ?
Dans les années 1980 le philosophe Gilles Deleuze aurait parlé « d’identités rhizomes ». Celles qui ne voient pas de contradictions entre les différentes parties de cette identité, à l’heure où la liberté consiste, aurait aussi dit Roland Barthes, « pour l’individu à s’imaginer autrement que par rapport au groupe » sans pour autant changer de groupe référence.
Apprendre l’occitan à l’école serait pouvoir laisser croître plusieurs possibles, et s’exprimer une richesse de l’individu en formation, à l’heure où le monde dans lequel il vivra appelle à s’adapter à la complexité.
Les langues régionales, un bagage utile pour garder raison dans un monde d’affolements ?