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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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l'Académie d'Aix-Marseille n'organisera pas d’information sur l’enseignement du provençal


AIX - MARSEILLE. Pour le nouveau recteur, l’enseignement de la langue d’Oc satisfait la demande, et il ne fera pas d’effort particulier pour l’information des usagers sur l’offre d’enseignement.



Le recteur : "l'information des familles a déjà lieu" (photo MN)
Le recteur : "l'information des familles a déjà lieu" (photo MN)
Dans l’immédiat, il ne faudra pas attendre du nouveau recteur de l’Académie d’Aix-Marseille qu’il organise l’information du public en matière d’offre d’enseignement de la langue d’oc. « Elle a déjà lieu et je ne peux pas prendre les familles par la main » a répondu Ali Saïb à notre question, avec un léger agacement, lors de la conférence de presse de rentrée qu’il a organisé à Aix-en- Provence lundi 2 septembre 2013.
 
La Loi Refondation de l’Ecole, adoptée en seconde lecture par l’Assemblée Nationale en juin dernier précise les obligations de l’Education Nationale sur ce point.
 
Si l’article 27 bis modifie le code de l’Education Nationale (article L312-10) pour préciser que désormais « les familles sont informées des différentes offres d’apprentissage des langues et cultures régionales », les annexes disent aussi que « dans les académies concernées, l’apprentissage complémentaire d’une langue régionale sera favorisée ».
 
Informé par ses services après que nous ayons fait passer par écrit et par avance notre question, le nouveau recteur croit pouvoir affirmer que « toutes les demandes sont satisfaites ».

Déperditions entre collèges et lycées

C’est la réponse que font depuis dix ans tous les recteurs de l’Académie d’Aix-Marseille, alors même que les statistiques montrent que le nombre d’élèves augmente dans les cours de provençal, surtout, au moins dans le premier degré, l'Alpin d’Oc connaissant lui une situation plus difficile. On peut penser que ce sont les services académiques qui proposent la même réponse à tous les recteurs arrivant, quelles que soit l’évolution de la demande et de l’offre d’occitan dans l’Académie.
 
« 25 professeurs dans le public enseignent spécifiquement le provençal dans l’Académie, contrairement à d’autres académies » ajoute M. Saïb. Pour lui la matière est bien lotie.
 
Les professeurs d’occitan-provençal dotés d’un Capes ont en effet le plus souvent une seconde corde à leur arc pédagogique : ils pourraient enseigner l’espagnol, l’anglais, ou toute autre matière. Ils en sont cependant préservés dans l’Académie, ce qui n’est pas nouveau, mais semble être désormais considéré comme une faveur.
 
Enfin, le recteur souligne que l’engouement pour la langue régionale « s’étiole » entre le collège et le lycée : un peu plus de 2500 au collège, moins de 900 au lycée dans l’Académie. Il y voit un choix délibéré des élèves. Et on pourrait le suivre si tous les lycées de l’Académie proposaient ces cours. 

L'Académie "ne prendra pas les familles par la main"

Un "étiolement" évoqué entre collège et lycèe (photo MN)
Un "étiolement" évoqué entre collège et lycèe (photo MN)
On sait que c’est très loin d’être le cas. Seuls quelques établissements proposent  un cours d’occitan, et la continuité territoriale et sectorielle entre écoles primaires, collèges et lycées n’est pas la règle. Bien des collèges proposant du provençal ne conduisent pas dans un lycée du même secteur qui en propose, et des secteurs où existe un enseignement du provençal en primaire ne trouvent pas de débouché au collège..
 
C’est pourquoi la Loi prévoit encore que l’élève concerné pourra se diriger vers un établissement hors de son secteur dans ce cas.
 
Encore faudrait-il que l’Académie organise pour cela l’information nécessaire.
 
Comme on le pressent après cette conférence de presse, le recteur d’académie ne semble pas prêt à organiser cette information. « C’est aux familles de se faire connaître », nous assure-t-il.
 
Si le recteur Jean-Paul De Gaudemar (2002-2012) était plutôt bien au fait des conditions de l’enseignement de la langue régionale, son éphémère successeur Bernard Dubreuil (2012-2013) avait beaucoup à apprendre en la matière, mais avait montré de la bonne volonté. 

Les priorités ne manquent pas

La vitalité de l'enseignement de provençal dans le premier degré est particulier aux Bouches-du-Rhône et en second lieu au Vaucluse (photo MN)
La vitalité de l'enseignement de provençal dans le premier degré est particulier aux Bouches-du-Rhône et en second lieu au Vaucluse (photo MN)
Bien entendu les défis ne manquent pas pour le nouveau recteur. Il doit organiser la franche montée des effectifs de professeurs, qu’amène la volonté gouvernementale. Pour cela il doit mettre en œuvre leur formation au sein des nouvelles Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education. Il doit négocier la délicate réforme des rythmes scolaires. Et peu avant sa première conférence de presse, il apprenait le suicide d’un enseignant marseillais, qui évoque dans une lettre ses conditions de travail. Il ne classe surement pas l’enseignement de la langue régionale parmi ses priorités.
 
Les associations sauront dans quelques mois quelles sont les réelles dispositions d’esprit de M. Ali Saïb à ce sujet. En effet, la convocation du Conseil Académique de la Langue Régionale par celui-ci montrerait sa volonté d’apprendre et d’améliorer les conditions d’enseignement du provençal et de l’alpin d’oc.
 
Ce dispositif chargé d’aider le recteur à y voir plus clair et à échanger avec le public concerné avait été mis en place dans l’Académie par Jean-Paul de Gaudemar, son prédecesseur. On devait à ce dernier, quand il était en poste au ministère de l’Education Nationale, la circulaire organisant ce CALR.

Décrochages...raccrochages

En attendant, et commentant la décrue des effectifs des cours de provençal entre collège et lycée, mise en relief par ses services, le recteur comparait celle-ci à un « décrochage ».
 
Le décrochage scolaire est une de ses priorités affichées. On le comprend. Plus de dix mille élèves quittent le système scolaire sans diplôme ni formation chaque année dans l’académie.
 
Et cette dernière veut mettre en place les conditions du « raccrochage » de ces élèves, en comptant sur les moyens propres à l’Education Nationale, mais aussi sur ses partenaires, telles les associations oeuvrant dans le  même domaine.
 
A voir si le « décrochage » des élèves des cours de langue d’oc aura également droit à une action de l’académie ? 

Lundi 2 Septembre 2013
Michel Neumuller





1.Posté par Mat le 02/09/2013 22:48
Demande non satisfaite puisque les dérogations pour apprendre cette langue sont refusées. Et tout est fait pour décourager les familles.

2.Posté par TAUTIL Gerard le 04/09/2013 14:56
Très bon résumé de la situation : c' est un refus rectoral de prendre en compte cet enseignement.
Une démarche commune s'impose avec demande de recevoir une délegation du CREO et de responsables des calandretas, hisoire de montrer que ce dernier niveau est une réponse à la carence de l'administration (rappel art. 27 en entier)...!

Non à l'autoritarisme de ce nouveau recteur qui ne connaît pas les chiffres exacts de la demande sociale...et qui acepte la faiblesses deseffectifs propres à la langue de notre région provençale!
Quen pensez-vous?
Amistat
GT

3.Posté par catherin le 04/09/2013 16:50
Déperditions entre le collège et le lycée!!!! Le recteur s'est-il demandé pourquoi?
Certes "la continuité territoriale et sectorielle entre écoles primaires, collèges et lycées n’est pas la règle", mais s'est-il posé la question de la place horaire du cours de la langue régionale au collège (de 13hà 14h pour l'exemple de mon fils) et au lycée (de 17h à 19h00 toujours pour l'exemple de mon fils) .

4.Posté par André FAURE le 05/09/2013 04:54
Pour ce qui est des Hautes-Alpes, s'il n'y avait pas la Calandreta Gapiana, il n'y aurait pas grand 'chose. L'an dernier, la professeure d'occitan dans les collèges de Gap, qui arrivait de Bordeaux, à dû aller la pêche aux élèves pour en trouver quelques-uns et ses cours se déroulaient souvent entre midi et 14h.. Rien n'avait été fait en amont pour préparer son accueil. Je ne sais pas comment cela va se passer cette année, mais je suis fortement pessimiste.

5.Posté par Mat le 05/09/2013 18:41
J'ai la demande sociale dans mon collège!! Les classes seraient pleines! mais... on empêche les jeunes de venir en cours! On empêche leurs demandes de dérogations pour étudier la langue! C'est une honte! Du coup, on peut parler de la désaffection des parents.

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