L’épouvantail du communautarisme, aiguisé par les convulsions du terrorisme islamiste, est la grosse Bertha parmi l’arsenal d’amabilités que nous jettent régulièrement à la figure les ennemis des langues régionales.
Et ceux-là peuplent tout l’échiquier politique, avec une complicité très révélatrice de l’extrême droite à l’extrême gauche.
Et ceux-là peuplent tout l’échiquier politique, avec une complicité très révélatrice de l’extrême droite à l’extrême gauche.
Alain Barthélemy-Vigouroux
Promouvoir les langues de France serait donner des droits à des communautés au sein de la nation française.
Chose étrange, ces mêmes personnes proclament en même temps l’inexistence de ces mêmes communautés au sein de la république.
Cherchez l’erreur. Selon le mot célèbre de Madame du Deffand : Croyez-vous aux fantômes ? Non, mais j’en ai peur !
Le magazine Le Point, dans son numéro du 28 Novembre, donne la parole à l’un de nos grand amis, Monsieur Henri Guaino, ancien conseiller spécial du Président Sarkozy.
Rien en effet ne nous autorise à douter de sa sincérité quand, se proclamant Provençal, il nous dit qu’il souhaite préserver et même aider les langues régionales.
Mais ces bons sentiments se heurtent à ses angoisses sur le destin de la « pauvre langue française », attaquée « par le haut avec le globish » américain et « par le bas » avec les langues régionales.
Le bas, c’est nous, évidemment, merci. Et ce qui déclenche la polémique, c’est la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires.
Qu’est-ce qui chagrine Monsieur Guaino ? Qu’elle permette d’exiger la traduction des actes administratifs ou judiciaires en langue régionale. Qu’elle « accorde des droits particuliers à des groupes particuliers », en violation du principe qui fait de la France « une République une et indivisible ». Qu’elle permette cette horreur suprême : « autoriser l’enseignement bilingue dans les écoles de la République. Dans nos écoles, on enseigne en français, et seulement en français ».
Apparemment, pour ménager son cœur, son entourage avait réussi à lui cacher l’abominable vérité.
Il semble pourtant que des groupes particuliers dont certains sont minoritaires ont des droits spécifiques : les handicapés, les agriculteurs pour qui la SAFER préempte les terres, les bénéficiaires du minimum vieillesse, les fonctionnaires préservés du licenciement économique, les enfants qui sont les seuls à avoir droit à l’éducation gratuite, les mineurs qui sont jugés par des tribunaux spéciaux…
Quant au plaisir de recevoir une contravention en provençal ou de se défendre devant les tribunaux dans la langue de Victor Gélu, nous l’abandonnons volontiers pour le plus grand bonheur des Sages du Conseil Constitutionnel, si la chose peut leur procurer une quelconque jouissance.
En effet, la question n’est pas là. Elle est dans l’implicite parfaitement contradictoire qui habite la tête de nos adversaires.
Qui a dit que la pratique d’une langue régionale fabriquait des communautés ? Pas nous, certes, mais eux, qui en même temps nient leur existence.
Je ne me sens aucunement membre d’une communauté, qu’elle soit marseillaise, provençale, ou occitane, pas plus que d’une communauté des amateurs de fromage, de saucisson ou de chocolat qui font partie de mes faiblesses (ou de mes forces, comme on voudra).
Parmi les pratiquants de la langue qu’il m’arrive de parler, non sans bien des approximations par rapport aux paysans de mon village, il en est dont je me sens très proche intellectuellement et sentimentalement, et d’autres avec lesquels je n’ai vraiment pas grand chose de commun.
A l’inverse, je ne crois manquer à aucun devoir quand il m’arrive de ressentir une grande proximité envers des gens qui ne parlent pas un traître mot d’occitan.
Prenons au mot nos détracteurs. En plein accord avec Monsieur Guaino, je ne connais qu’une communauté, la communauté nationale.
Par ses représentants légaux, elle a fait inscrire dans la constitution nationale que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France, et non au patrimoine d'autres communautés que la nationale.
Si on prend au sérieux la constitution nationale, la promotion des langues régionales est un devoir qui s'impose à tous les citoyens français, et non pas seulement à des communautés inexistantes sur le plan juridique et à mon avis tout aussi inexistantes dans la réalité sociale.
Il me semble donc que nous devons contester avec beaucoup de détermination cette notion de communauté comme prétendue base ou finalité de notre action.
Je veux bien admettre que la notion fait partie du paysage politique des pays contaminés par l'idéologie anglo-américaine, et que l'esprit de la Charte peut prêter le flanc à cette critique.
Que nos législateurs trouvent donc les parades pour neutraliser ses effets pervers ; et de toute façon, la ratification de la Charte n'est qu'un aspect mineur de nos revendications.
Notre action vise à assurer la pérennité d'une langue de France, en vertu d'un article de la constitution française, et selon un idéal universellement proclamé auquel la France déclare adhérer pleinement, qui vise à maintenir la diversité des langues et des cultures de l'humanité.
Faire vivre une langue suppose de lui donner un espace d'usage, public comme privé, sans contraindre personne à la pratiquer par la force, car nous ne croyons pas à la loi du talion.
Dans cet espace public se trouve le service public d'éducation.
Les pouvoirs publics français y ont introduit depuis plus de vingt ans la pratique du bilinguisme, et il n'a pas pu échapper à Monsieur Guaino que la France ne s'est pas écroulée pour autant.
Chose étrange, ces mêmes personnes proclament en même temps l’inexistence de ces mêmes communautés au sein de la république.
Cherchez l’erreur. Selon le mot célèbre de Madame du Deffand : Croyez-vous aux fantômes ? Non, mais j’en ai peur !
Le magazine Le Point, dans son numéro du 28 Novembre, donne la parole à l’un de nos grand amis, Monsieur Henri Guaino, ancien conseiller spécial du Président Sarkozy.
Rien en effet ne nous autorise à douter de sa sincérité quand, se proclamant Provençal, il nous dit qu’il souhaite préserver et même aider les langues régionales.
Mais ces bons sentiments se heurtent à ses angoisses sur le destin de la « pauvre langue française », attaquée « par le haut avec le globish » américain et « par le bas » avec les langues régionales.
Le bas, c’est nous, évidemment, merci. Et ce qui déclenche la polémique, c’est la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires.
Qu’est-ce qui chagrine Monsieur Guaino ? Qu’elle permette d’exiger la traduction des actes administratifs ou judiciaires en langue régionale. Qu’elle « accorde des droits particuliers à des groupes particuliers », en violation du principe qui fait de la France « une République une et indivisible ». Qu’elle permette cette horreur suprême : « autoriser l’enseignement bilingue dans les écoles de la République. Dans nos écoles, on enseigne en français, et seulement en français ».
Apparemment, pour ménager son cœur, son entourage avait réussi à lui cacher l’abominable vérité.
Il semble pourtant que des groupes particuliers dont certains sont minoritaires ont des droits spécifiques : les handicapés, les agriculteurs pour qui la SAFER préempte les terres, les bénéficiaires du minimum vieillesse, les fonctionnaires préservés du licenciement économique, les enfants qui sont les seuls à avoir droit à l’éducation gratuite, les mineurs qui sont jugés par des tribunaux spéciaux…
Quant au plaisir de recevoir une contravention en provençal ou de se défendre devant les tribunaux dans la langue de Victor Gélu, nous l’abandonnons volontiers pour le plus grand bonheur des Sages du Conseil Constitutionnel, si la chose peut leur procurer une quelconque jouissance.
En effet, la question n’est pas là. Elle est dans l’implicite parfaitement contradictoire qui habite la tête de nos adversaires.
Qui a dit que la pratique d’une langue régionale fabriquait des communautés ? Pas nous, certes, mais eux, qui en même temps nient leur existence.
Je ne me sens aucunement membre d’une communauté, qu’elle soit marseillaise, provençale, ou occitane, pas plus que d’une communauté des amateurs de fromage, de saucisson ou de chocolat qui font partie de mes faiblesses (ou de mes forces, comme on voudra).
Parmi les pratiquants de la langue qu’il m’arrive de parler, non sans bien des approximations par rapport aux paysans de mon village, il en est dont je me sens très proche intellectuellement et sentimentalement, et d’autres avec lesquels je n’ai vraiment pas grand chose de commun.
A l’inverse, je ne crois manquer à aucun devoir quand il m’arrive de ressentir une grande proximité envers des gens qui ne parlent pas un traître mot d’occitan.
Prenons au mot nos détracteurs. En plein accord avec Monsieur Guaino, je ne connais qu’une communauté, la communauté nationale.
Par ses représentants légaux, elle a fait inscrire dans la constitution nationale que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France, et non au patrimoine d'autres communautés que la nationale.
Si on prend au sérieux la constitution nationale, la promotion des langues régionales est un devoir qui s'impose à tous les citoyens français, et non pas seulement à des communautés inexistantes sur le plan juridique et à mon avis tout aussi inexistantes dans la réalité sociale.
Il me semble donc que nous devons contester avec beaucoup de détermination cette notion de communauté comme prétendue base ou finalité de notre action.
Je veux bien admettre que la notion fait partie du paysage politique des pays contaminés par l'idéologie anglo-américaine, et que l'esprit de la Charte peut prêter le flanc à cette critique.
Que nos législateurs trouvent donc les parades pour neutraliser ses effets pervers ; et de toute façon, la ratification de la Charte n'est qu'un aspect mineur de nos revendications.
Notre action vise à assurer la pérennité d'une langue de France, en vertu d'un article de la constitution française, et selon un idéal universellement proclamé auquel la France déclare adhérer pleinement, qui vise à maintenir la diversité des langues et des cultures de l'humanité.
Faire vivre une langue suppose de lui donner un espace d'usage, public comme privé, sans contraindre personne à la pratiquer par la force, car nous ne croyons pas à la loi du talion.
Dans cet espace public se trouve le service public d'éducation.
Les pouvoirs publics français y ont introduit depuis plus de vingt ans la pratique du bilinguisme, et il n'a pas pu échapper à Monsieur Guaino que la France ne s'est pas écroulée pour autant.