La première dynastie angevine en Provence fut marquée par une revendication qui épuisa les ressources du comté, la Provence réclamait Naples...plus d’un s’y cassa les dents. Ainsi de la Reine Jeanne ( 1326-82) qui, mariée enfant à André de Hongrie, vit une sorte de bourrin arriver et la prier de ne plus se préoccuper du pouvoir. Las ! Il n’avait pas que des amis à Naples, et y fut assassiné. Il était pratique d’accuser sa femme, qui avait la compétence pour gouverner : “le doigt d’une Reine, affable et généreuse,fait s’incliner plus de fronts qu’une épée furieuse” écrira Mistral.
Jeanne fuit donc, et se réfugier en Provence où elle plaide son innocence auprès du Pape, en Avignon. C’est cette histoire que Frederic Mistral met en exergue dans sa Reino Jano, publié en 1890, un drame poétique en cinq actes dans lequel il prend fait et cause pour la femme.
Alain Viau a traduit en 2021 l’ouvrage classique, à sa façon. Nous l’avions déjà salué l’an précédent à l’occasion de la publication des Olivado, de Mistral toujours. Le traducteur, qui ici remet l’œuvre dans son contexte historique et mental, a entrepris de proposer une traduction plus moderne et familière du provençal du grand Frederic. Un défi puisqu’il s’astreint à respecter sa prosodie !
C’est que Mistral, qui écrivait un provençal très abordable par beaucoup, le traduisait en français de manière bien plus relevée, espérant la reconnaissance des critiques parisiens.