Si à Guingamp, Cotes d’Armor, le 29 mai l’arrivée de la Course pour la langue bretonne sera l’occasion de manifester pour la promulgation de la Loi Molac de Protection des langues régionales, peu d’autres lieux sont encore connus pour cet ensemble de rassemblements régionalistes, qui doivent couvrir tout l’hexagone.
“Honnêtement ce n’est pas très grave, car avant le 10 octobre 2020 nous étions dans la même situation, et vous avez vu comment ça a d’un coup évolué”. L’attachée parlementaire du député européen François Alfonsi, Claire Gago-Chidaine, faisait référence, au cours d’un point de presse, mardi, à la grosse centaine de rassemblements qui partout en France ont crédibilisé le projet de loi du député (Libertés et Territoires) Paul Molac. Il y eut autant d’articles de presse, un peu d’affolement dans les médias parisiens, et les élus locaux se mirent à voir d’un autre œil ces hurluberlus qui voulait favoriser l’enseignement des langues dites de France.
Pour Que Vivent Nos Langues, le collectif d’associations né à l’automne 2019, avec l’ensemble des promoteurs des langues régionales, avait réussi une mobilisation sans précédent, parce que justement couvrant l’ensemble du territoire.
La Loi Molac a eu le succès qu’on sait le 8 avril dernier, recueillant après un an et plus de cheminement législatif, une large majorité à l’Assemblée Nationale, transgressant les familles politiques, au grand dam du ministre de l’Enseignement, Jean-Michel Blanquer. C’est toutefois du cabinet de ce dernier qu’a été alors rédigée une saisine du Conseil Constitutionnel. Elle doit donner lieu ces jours-ci à un avis.
Or, instruits par une longue histoire linguicide de l’Etat en France, PQVNL a pris les devants en demandant à tous de réserver le samedi 29 mai pour des manifestations. C’est que le Conseil Constitutionnel doit rendre son avis en constitutionnalité pour, au plus tard, le 22 mai.
Et si cet avis était d’aventure favorable à la loi, la promulgation de celle-ci ne serait encore pourtant qu’une étape parmi d’autres, pour Jean-Paul Couché, le président de l’ANVT flamande (Akademie voor Nuuze Vlaemsche Taele) : “nous voulons être assurés que les rectorats admettrons les projets d’enseignement bilingue qui n’attendent plus que la légalité pour naître la prochaine rentrée scolaire ; celle-ci exige de la préparation, nous ne voulons pas qu’elle soit un désastre”.
Aussi le monde des défenseurs des langues minoritaires de France, en premier lieu dans l’enseignement, font-ils de ce 29 mai, une date importante de mobilisation. Martine Ralu (Òc-bi, parents d’élèves de l’enseignement bilingue occitan-français dans le public) peut déjà annoncer une dizaine de rassemblements, devant autant d’écoles, dont deux calandretas, en Nouvelle Aquitaine. A Nice et Albi des rassemblements sont prévus ajoute Marie-Jeanne Verny, la secrétaire de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc.
Les journaux seront là ... les candidats aux Régionales aussi
Ailleurs ? Eh! Bien, les premières initiatives connues entraineront les autres, tout comme en septembre et octobre 2020, quand malgré la pandémie, les préfectures et rectorats du pays s’étaient égayés de banderoles annonçant “Pour que vivent nos langues”.
D’autant, ont souligné divers participants au point de presse, que la période électorale pour les Régionales mettra sur le qui vive, certes les militants, mais aussi bien des candidats.
C’est une des surprises liées à la loi Molac et aux péripéties de son adoption, l’ensemble de la presse française, tant nationale comme régionale, a affiché le thème du droit à sa langue comme jamais.