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La Cour d'Appel d'Aix-en-Provence jugeait Cédric Herrou, cet agriculteur du pays niçois de 37 ans, accusé d'aide aux réfugiés qui, depuis des mois et le rétablissement de contrôles à la frontière italienne, affluent en suivant la voie de chemin de fer. S'il avait été condamné à des peines avec sursis par le Tribunal de Nice en première instance, ce dernier lui avait toutefois reconnu sa motivation humanitaire. Mais à Aix, tout change.
La société ne doit pas faire payer à un juste sa propre absence d'implication face aux malheurs qui expliquent la vague des réfugiés
Dans cette vallée de la Roya, qui permet de passer d'Italie à France, des centaines et des milliers de réfugiés, souvent Erythréens ou Somaliens, souvent aussi très jeunes, passent la frontière à pied, et même à pieds nus, en suivant la voie de chemin de fer.
Cédric Herrou les voit arriver, pieds en sang, apeurés, affaiblis. Il s'émeut, les conduit dans sa camionnette, soit dans une colonie de vacances de la Sncf, désaffectée, soit directement chez lui.
C'est ce qui lui est reproché par la Justice Française, l'aide qu'il apporte aux malheureux, fuyant misère et situation de guerre, passés par les mains de passeurs libyens, survivants de périples terrifiants.
Cédric Herrou a pu loger chez lui jusqu'à 130 réfugiés en même temps. Ce n'est pas un clandestin. Il assume.
Au moins le Tribunal Correctionnel niçois, le 10 février dernier, lui avait-il reconnu pleinement sa qualité d'homme humain, si l'on peut dire, sensible au malheur d'autrui, et soucieux d'aider ses frères humains en grande détresse.
La Cour d'Appel, saisie par le ministère public, n'a pas eu cette reconnaissance, le 19 juin à Aix-en-Provence. Elle ne peut lui reprocher d'héberger des migrants, la Loi le lui permet désormais, car l'aide au séjour est reconnue depuis 2012.
Mais pas celle au transport. Cédric Herrou a fait monter dans sa camionnette les réfugiés aux pieds sanglants, il peut donc être poursuivi comme un vulgaire passeur.
A Aix, l'accusation cherche à démontrer que le prévenu aurait touché des enveloppes, qu'il aurait insulté le préfet des Alpes-Maritimes par texto. Ayant effacé ceux-ci, la cause serait entendue, il a agi pour effacer les traces, comme un malfaiteur...
La société tout entière sait qu'un homme s'est dressé dans son humanité contre les lois qui font obligation de laisser nos frères humains dans la détresse la plus profonde. Néanmoins la Justice passe. Et ce qui fait l'honneur de ce jeune agriculteur est traité comme une honte.
Le comportement de Cédric Herrou, vous le trouverez partout, toujours, en tout temps. Des gens font preuve d'empathie pour leurs semblables, refusent de les voir souffrir sans réagir.
Victor Balaguer, les réfugiés catalans de 1939, n'allaient pas pieds nus. Mais ils risquaient gros. Frédéric Mistral et les Félibres accueillirent le premier fraternellement, Jorgi Reboul et Pèire Rouquette firent de même avec ses successeurs dans l'acte de l'exil.
Disons bien que Cédric Herrou, à sa manière, dictée par les malheurs de notre siècle débutant, agit également par un ressort similaire, comprenons ses motivations, et admettons que le manque de traitement politique de la source du fleuve humain qui déferle en Europe, notre société ne peut pas, ne doit pas le faire payer à un juste.
Cédric Herrou les voit arriver, pieds en sang, apeurés, affaiblis. Il s'émeut, les conduit dans sa camionnette, soit dans une colonie de vacances de la Sncf, désaffectée, soit directement chez lui.
C'est ce qui lui est reproché par la Justice Française, l'aide qu'il apporte aux malheureux, fuyant misère et situation de guerre, passés par les mains de passeurs libyens, survivants de périples terrifiants.
Cédric Herrou a pu loger chez lui jusqu'à 130 réfugiés en même temps. Ce n'est pas un clandestin. Il assume.
Au moins le Tribunal Correctionnel niçois, le 10 février dernier, lui avait-il reconnu pleinement sa qualité d'homme humain, si l'on peut dire, sensible au malheur d'autrui, et soucieux d'aider ses frères humains en grande détresse.
La Cour d'Appel, saisie par le ministère public, n'a pas eu cette reconnaissance, le 19 juin à Aix-en-Provence. Elle ne peut lui reprocher d'héberger des migrants, la Loi le lui permet désormais, car l'aide au séjour est reconnue depuis 2012.
Mais pas celle au transport. Cédric Herrou a fait monter dans sa camionnette les réfugiés aux pieds sanglants, il peut donc être poursuivi comme un vulgaire passeur.
A Aix, l'accusation cherche à démontrer que le prévenu aurait touché des enveloppes, qu'il aurait insulté le préfet des Alpes-Maritimes par texto. Ayant effacé ceux-ci, la cause serait entendue, il a agi pour effacer les traces, comme un malfaiteur...
La société tout entière sait qu'un homme s'est dressé dans son humanité contre les lois qui font obligation de laisser nos frères humains dans la détresse la plus profonde. Néanmoins la Justice passe. Et ce qui fait l'honneur de ce jeune agriculteur est traité comme une honte.
Le comportement de Cédric Herrou, vous le trouverez partout, toujours, en tout temps. Des gens font preuve d'empathie pour leurs semblables, refusent de les voir souffrir sans réagir.
Victor Balaguer, les réfugiés catalans de 1939, n'allaient pas pieds nus. Mais ils risquaient gros. Frédéric Mistral et les Félibres accueillirent le premier fraternellement, Jorgi Reboul et Pèire Rouquette firent de même avec ses successeurs dans l'acte de l'exil.
Disons bien que Cédric Herrou, à sa manière, dictée par les malheurs de notre siècle débutant, agit également par un ressort similaire, comprenons ses motivations, et admettons que le manque de traitement politique de la source du fleuve humain qui déferle en Europe, notre société ne peut pas, ne doit pas le faire payer à un juste.