Guy Garnier
Régulièrement Guiu Garnier corrigeait les articles d’Aquò d’Aquí. Nous confiions à son expérience de locuteur naturel et de pédagogue la plupart des « papiers » que nous voulions publier en provençal rhodanien.
Il avait créé le système d'enseignement du provençal dans le premier degré des écoles des Bouches-du-Rhône
Voici ce que disaient ses courriers : « A Selon, l’ai entendut dire coma aquò ». Ou bien : « Guiu Martin m’aviá dich que se disiá coma aquò ». Ou encore : « l’escrivèm « am », maugrat la prononciacion que tira sovent sus “em”. Ou enfin : untel « ditz aquò, mai en generau aviáu totjorn ausit aquí que se disiá coma aquò… »
Il avait entendu la langue dite ainsi, se référait autant au paysans entendus un demi-siècle auparavant qu’à l’attestation écrite d’un saberut, et admettait que, d’un lieu à un autre, les manières de dire changeaient.
Guiu Garnier savait d’expérience que le monde est diversité, et qu’il fallait respecter celle-ci. Petit garçon, dans l’entre-deux guerres, il entendait son instituteur se servir du provençal pour mieux apprendre le français. Il dressait les oreilles quand les paysans et leur pratica échangeaient en langue régionale. Et il passait ses jeudis chez ses grands-parents, à Cornillon-Confoux, où il ne s’exprimait qu’en occitan.
Il en a tiré bien plus tard un court ouvrage d’initiation, à l’occitan, et aux épreuves symboliques de l’enfance, Un vilatjon quilhat sus son rocàs (ed. Aeloc, 2013).
Devenu enseignant, il verra du pays : la Drôme provençale, la Haute Corse, Marseille, et retour chez lui, dans ce pays salonais où l’attachaient les gens, leur langue, ses collègues, et l’arbre totem de sa vie, l’olivier.
Guiu Garnier, au début des années 1980, fut sollicité par des syndicalistes enseignants pour organiser un enseignement du provençal dans les écoles du premier degré, dans les Bouches-du-Rhône. Il s’entoura de gens qui, là encore, faisaient diversité : mistralien, classique…l’essentiel était que la langue, et les valeurs qu’elle transmet, passent dans le public scolaire.
Nous ne l’avons jamais connu autrement que comme une personnification de la gentillesse. Difficile d’imaginer homme moins agressif. Dans une société où beaucoup promènent leur ego devant eux en permanence, lui s’effaçait au profit de ses œuvres. Et celles-ci profitaient à beaucoup.
Il trouvait certainement bien plus de joie à faire et à partager qu’à faire savoir qu’il avait fait…Or, la modestie attire. Heureusement. Mais, dans le grand courant de la vie moderne, qui vous laisse si peu de temps pour couver d’essentielles amitiés, a-t-on vraiment pris le temps de s’intéresser à ce jeune vieil homme plein d’humour, respirant la joie de vivre, masquant toujours le courage qu’il mettait à marcher avec grande difficulté ?
Sur notre sollicitation, il avait accepté simplement de parler de son enfance, puis de son action d’enseignant et d’organisateur de l’enseignement de l’occitan. Mené en décembre dernier, cet entretien nous renseigne sur l’état du provençal dans la première moitié du XXè siècle. Mais aussi sur ce moment particulier du début des années 1980, où l’enseignement de la langue régionale devait prendre un certain essor.
Guiu Garnier en fut l’acteur. Pourquoi ? « parce que j’étais le seul inspecteur à parler la langue» nous avait-il dit.
Il oubliait de parler de sa faculté à entraîner son monde, avec bienveillance.
Laissons la parole à Christine, pour conclure ces quelques lignes. Cette institutrice a posté sur un réseau social internet qu’Aquò d’Aquí anime : « Il nous a beaucoup appris, pas seulement sur la langue d'oc, mais aussi par son dévouement, sa façon toute simple de partager, d'être lui.. »
Ceux qui le veulent, ou qui le peuvent, viendront au crématorium d’Aix-les-Milles ce mercredi 28 mai à 15h30, pour être avec ses proches, et avec lui par l’esprit.
Guiu avait demandé que soit chanté Se Canta. A cette occasion c’est ce qui sera fait. Le texte de ce chant emblématique (un chant d’amour qui fait office d’hymne national, c’était bien de Guiu !) sera disponible pour les présents.
Tous les autres, parce qu’on ne peut pas toujours se libérer et qu’il l’aurait compris, peuvent aussi nous écrire quelques mots à son sujet. Nous les publierons.
Ils peuvent aussi utiliser plus simplement l'espace dédié aux commentaires ci-après.
Il avait entendu la langue dite ainsi, se référait autant au paysans entendus un demi-siècle auparavant qu’à l’attestation écrite d’un saberut, et admettait que, d’un lieu à un autre, les manières de dire changeaient.
Guiu Garnier savait d’expérience que le monde est diversité, et qu’il fallait respecter celle-ci. Petit garçon, dans l’entre-deux guerres, il entendait son instituteur se servir du provençal pour mieux apprendre le français. Il dressait les oreilles quand les paysans et leur pratica échangeaient en langue régionale. Et il passait ses jeudis chez ses grands-parents, à Cornillon-Confoux, où il ne s’exprimait qu’en occitan.
Il en a tiré bien plus tard un court ouvrage d’initiation, à l’occitan, et aux épreuves symboliques de l’enfance, Un vilatjon quilhat sus son rocàs (ed. Aeloc, 2013).
Devenu enseignant, il verra du pays : la Drôme provençale, la Haute Corse, Marseille, et retour chez lui, dans ce pays salonais où l’attachaient les gens, leur langue, ses collègues, et l’arbre totem de sa vie, l’olivier.
Guiu Garnier, au début des années 1980, fut sollicité par des syndicalistes enseignants pour organiser un enseignement du provençal dans les écoles du premier degré, dans les Bouches-du-Rhône. Il s’entoura de gens qui, là encore, faisaient diversité : mistralien, classique…l’essentiel était que la langue, et les valeurs qu’elle transmet, passent dans le public scolaire.
Nous ne l’avons jamais connu autrement que comme une personnification de la gentillesse. Difficile d’imaginer homme moins agressif. Dans une société où beaucoup promènent leur ego devant eux en permanence, lui s’effaçait au profit de ses œuvres. Et celles-ci profitaient à beaucoup.
Il trouvait certainement bien plus de joie à faire et à partager qu’à faire savoir qu’il avait fait…Or, la modestie attire. Heureusement. Mais, dans le grand courant de la vie moderne, qui vous laisse si peu de temps pour couver d’essentielles amitiés, a-t-on vraiment pris le temps de s’intéresser à ce jeune vieil homme plein d’humour, respirant la joie de vivre, masquant toujours le courage qu’il mettait à marcher avec grande difficulté ?
Sur notre sollicitation, il avait accepté simplement de parler de son enfance, puis de son action d’enseignant et d’organisateur de l’enseignement de l’occitan. Mené en décembre dernier, cet entretien nous renseigne sur l’état du provençal dans la première moitié du XXè siècle. Mais aussi sur ce moment particulier du début des années 1980, où l’enseignement de la langue régionale devait prendre un certain essor.
Guiu Garnier en fut l’acteur. Pourquoi ? « parce que j’étais le seul inspecteur à parler la langue» nous avait-il dit.
Il oubliait de parler de sa faculté à entraîner son monde, avec bienveillance.
Laissons la parole à Christine, pour conclure ces quelques lignes. Cette institutrice a posté sur un réseau social internet qu’Aquò d’Aquí anime : « Il nous a beaucoup appris, pas seulement sur la langue d'oc, mais aussi par son dévouement, sa façon toute simple de partager, d'être lui.. »
Ceux qui le veulent, ou qui le peuvent, viendront au crématorium d’Aix-les-Milles ce mercredi 28 mai à 15h30, pour être avec ses proches, et avec lui par l’esprit.
Guiu avait demandé que soit chanté Se Canta. A cette occasion c’est ce qui sera fait. Le texte de ce chant emblématique (un chant d’amour qui fait office d’hymne national, c’était bien de Guiu !) sera disponible pour les présents.
Tous les autres, parce qu’on ne peut pas toujours se libérer et qu’il l’aurait compris, peuvent aussi nous écrire quelques mots à son sujet. Nous les publierons.
Ils peuvent aussi utiliser plus simplement l'espace dédié aux commentaires ci-après.