Les élèves de la Calandreta participent aussi aux évènements festifs hors l'école, comme ici lors de la Dictada de 2010 (photo MN)
Il y a eu une fête monstre le 8 février à l’Espace Alphonse Daudet d’Orange. Le groupe Moussu T. e Lei Jovents ont mis le feu sur scène, puis les balètomanes ont dansé jusqu'à pas d'heure avec Per un Còp. Les vingt ans de la première Calandreta provençale ont été dignement célébrés.
On attendait plus de 500 personnes pour l’anniversaire de cette école provençale immersive. Bien des « anciens » d’au moins 20-22 ans étaient annoncés. La Calandreta (son nom) avait ouvert pour la première fois ses portes aux écoliers en septembre 1993.
« Le traiteur doit s’inquiéter, on ne devait pas être plus de 250, mais le bouche-à-oreille a tellement bien fonctionné, que les inscriptions continuent d’arriver » soulignait avant la fête Bernat Vaton, à la fois très heureux et un peu inquiet.
L’architecte orangeois est sur le pontin depuis l’origine du projet, qu’il a lancé avec une poignée d’autres alors qu’il était conseiller municipal dans une équipe de gauche, avant 1995.
« Disons-le clairement, le maire de l’époque n’aimait guère l’idée. En revanche nous avions trouvé le soutien du directeur du Lycée Agricole, José Gonzales, qui a bien voulu louer un local à l’association de préfiguration ».
On attendait plus de 500 personnes pour l’anniversaire de cette école provençale immersive. Bien des « anciens » d’au moins 20-22 ans étaient annoncés. La Calandreta (son nom) avait ouvert pour la première fois ses portes aux écoliers en septembre 1993.
« Le traiteur doit s’inquiéter, on ne devait pas être plus de 250, mais le bouche-à-oreille a tellement bien fonctionné, que les inscriptions continuent d’arriver » soulignait avant la fête Bernat Vaton, à la fois très heureux et un peu inquiet.
L’architecte orangeois est sur le pontin depuis l’origine du projet, qu’il a lancé avec une poignée d’autres alors qu’il était conseiller municipal dans une équipe de gauche, avant 1995.
« Disons-le clairement, le maire de l’époque n’aimait guère l’idée. En revanche nous avions trouvé le soutien du directeur du Lycée Agricole, José Gonzales, qui a bien voulu louer un local à l’association de préfiguration ».
En 1995 la Calandreta craint de disparaître mais une forte mobilisation retourne la situation
Première institutrice (Nadine Estournel) et premier calandron (Guilhem Vaton)
A l’époque, la Fédération des Calandretas ne comptait qu’une dizaine d’établissements, et en Provence il restait à créer le premier.
Rappelons que ces écoles immersives en occitan pratiquent les méthodes pédagogiques Freinet et sont réunies entre elles par une Fédération qui anime un centre de formation des maîtres à Béziers.
Le premier essuyage de plâtres passé, les choses se corsent ! En 1995 le Front National arrive aux affaires à Orange. Et si dans le choc médiatique que l’évènement provoque en France, la vie de la Calandreta ne compte pas, sa vie devient pourtant plus difficile.
« Le lycée agricole a déménagé et l’Etat a vendu ses locaux, donc les nôtres. On allait être expulsés. Mais c’était sans compter sur les parents d’élèves ! » se souvient Bernat Vaton.
En quelques semaines, un appel de fonds lancé par l’association permet de réunir une somme rondelette. " On pouvait aller à la vente aux enchères avec quelques biscuits ».
De partout de l’argent arrive, une cinquantaine de donateurs envoient des sommes, parfois pas du tout anecdotiques. « Le jour des enchères une personne que je ne connaissais pas, M. Surpas, vient me voir : « je vous prête la moitié de la somme nécessaire, vous pouvez surenchérir ! » m’a-t-il dit ».
Rappelons que ces écoles immersives en occitan pratiquent les méthodes pédagogiques Freinet et sont réunies entre elles par une Fédération qui anime un centre de formation des maîtres à Béziers.
Le premier essuyage de plâtres passé, les choses se corsent ! En 1995 le Front National arrive aux affaires à Orange. Et si dans le choc médiatique que l’évènement provoque en France, la vie de la Calandreta ne compte pas, sa vie devient pourtant plus difficile.
« Le lycée agricole a déménagé et l’Etat a vendu ses locaux, donc les nôtres. On allait être expulsés. Mais c’était sans compter sur les parents d’élèves ! » se souvient Bernat Vaton.
En quelques semaines, un appel de fonds lancé par l’association permet de réunir une somme rondelette. " On pouvait aller à la vente aux enchères avec quelques biscuits ».
De partout de l’argent arrive, une cinquantaine de donateurs envoient des sommes, parfois pas du tout anecdotiques. « Le jour des enchères une personne que je ne connaissais pas, M. Surpas, vient me voir : « je vous prête la moitié de la somme nécessaire, vous pouvez surenchérir ! » m’a-t-il dit ».
Enfin, l'Etat conventionne en 1996, les Calandretas sortent de l'ombre
Ça ne sera pas nécessaire, car personne n’ira plus loin que l’association de soutien à la Calandreta. La Ville ne préemptera pas non plus le domaine. Les soutiens de la Calandreta respirent. « En fait nous étions locataires d’un terrain de 3000 m2 et d’un local de 500 m2, pour dix ans encore. Ça a du refroidir les candidats… »
Au passage, la Calandreta propriétaire de ses locaux pourra enfin s’en servir sans entraves. « La municipalité y affectait toutes sortes d’entités avec qui nous devions partager le petit immeuble. Une rentrée scolaire, nous y avons trouvé l’Ordre de Malte et avons du expliquer que l’accueil scolaire ne pouvait pas se faire dans ces conditions »…
Si la première photo de classe montre quelques élèves, ensuite l’effectif grossira vite. « Chaque année nous avons ajouté une classe jusqu’à avoir toute la Maternelle et tout l’Elémentaire ».
Et puis, en 1996, à l’occasion d’un ministre de l’Education moins frileux que les autres, l’Etat conventionnera avec les calandreta. François Bayrou parle occitan couramment et quotidiennement, l’enseignement immersif ne lui fait pas peur.
L’enseignement privé non plus. Au temps de son ministère sera aussi conventionné avec l’Etat le centre de formation des maîtres Aprene, à Béziers. Un système complet d’enseignement basé sur les méthodes de Célestin Freinet, sort de l’ombre.
Au passage, la Calandreta propriétaire de ses locaux pourra enfin s’en servir sans entraves. « La municipalité y affectait toutes sortes d’entités avec qui nous devions partager le petit immeuble. Une rentrée scolaire, nous y avons trouvé l’Ordre de Malte et avons du expliquer que l’accueil scolaire ne pouvait pas se faire dans ces conditions »…
Si la première photo de classe montre quelques élèves, ensuite l’effectif grossira vite. « Chaque année nous avons ajouté une classe jusqu’à avoir toute la Maternelle et tout l’Elémentaire ».
Et puis, en 1996, à l’occasion d’un ministre de l’Education moins frileux que les autres, l’Etat conventionnera avec les calandreta. François Bayrou parle occitan couramment et quotidiennement, l’enseignement immersif ne lui fait pas peur.
L’enseignement privé non plus. Au temps de son ministère sera aussi conventionné avec l’Etat le centre de formation des maîtres Aprene, à Béziers. Un système complet d’enseignement basé sur les méthodes de Célestin Freinet, sort de l’ombre.
Des centaines de jeunes bilingues bien dans leur culture
Vingt ans après les modestes débuts de la Calandreta d’Orange, l’école compte 84 enfants, cinq enseignants y travaillent dont un pour l’enseignement du français, qui intervient à l’issue de la maternelle.
Quatre Atsem, les « tatas », indispensables assistantes d’école, très proches des enfants, se sont aussi mises à l’occitan. « Un cours est ouvert depuis longtemps pour les adultes dans les locaux de la Calandreta » précise Bernat Vaton, et les Atsem le fréquentent, tout comme plusieurs parents.
Aujourd’hui la Calandreta mène les élèves au collège Barbara Hendricks, qui lui-même fournit le proche lycée de l’Arc, où la continuité de l’enseignement est assurée jusqu’au baccalauréat.
Et à l’occasion d’une « semaine occitane » au cours de laquelle Aquò d’Aquí sera invité à animer un atelier journalisme en 2008, son journaliste pourra s’en rendre compte avec émotion, au lycée les élèves du cours d’occitan sont bilingues.
L’histoire est loin de s’arrêter ici. « Maintenant, face au succès, on va devoir pousser les murs » précise Bernat Vaton, dont on se souviendra qu’il est architecte. Dans un an ou deux les préfabriqués auront vécu. « Et nous ouvrons aussi un appel à dons pour reconstruire en dur ». Avec, l’espère le fondateur, le même bonheur qu’au moment de la vente aux enchères.
Quatre Atsem, les « tatas », indispensables assistantes d’école, très proches des enfants, se sont aussi mises à l’occitan. « Un cours est ouvert depuis longtemps pour les adultes dans les locaux de la Calandreta » précise Bernat Vaton, et les Atsem le fréquentent, tout comme plusieurs parents.
Aujourd’hui la Calandreta mène les élèves au collège Barbara Hendricks, qui lui-même fournit le proche lycée de l’Arc, où la continuité de l’enseignement est assurée jusqu’au baccalauréat.
Et à l’occasion d’une « semaine occitane » au cours de laquelle Aquò d’Aquí sera invité à animer un atelier journalisme en 2008, son journaliste pourra s’en rendre compte avec émotion, au lycée les élèves du cours d’occitan sont bilingues.
L’histoire est loin de s’arrêter ici. « Maintenant, face au succès, on va devoir pousser les murs » précise Bernat Vaton, dont on se souviendra qu’il est architecte. Dans un an ou deux les préfabriqués auront vécu. « Et nous ouvrons aussi un appel à dons pour reconstruire en dur ». Avec, l’espère le fondateur, le même bonheur qu’au moment de la vente aux enchères.