
Et tout pareil au lycée de l’Arc, où les collégiens iront ensuite étudier pour la plupart, en traversant simplement la rue. Sur les murs de celui-ci les attendent déjà des maximes écrites en bleu, telles que « es sus la talvera qu’es la libertat », ou encore « quau ten la lengo ten la clau ».
Le trait d’union entre ces deux établissements, c’est la belle vivacité du cours d’occitan-provençal qu’y dispense Matthieu Poitavin. « 20 élèves en moyenne par classe, de la 6è à la 3è, mais ensuite deux fois moins au lycée, bien que les effectifs soient très différents d’une année sur l’autre ».
Le jeune professeur tient une même ligne de conduite dans les deux établissements où il enseigne. Il cherche à favoriser les coopérations entre profs de langue.
Théâtre en italien en provençal, initiation à l'espagnol...
Quand nous l’avons interrogé, alors qu’il préparait sa pré-rentrée, le prof de provençal était sur un nuage. « Je viens d’apprendre que nous aurons un budget pour lancer un projet commun italien-occitan et monter un spectacle ». Les élèves de 5è en feront leur miel.
Et quand il traverse la rue, au lycée, Matthieu Poitevin collabore cette fois avec sa collègue prof d’espagnol. « Depuis deux ans, nous invitons une classe d’un lycée du quartier de Belvitge, à Barcelone. Les élèves orangeois font une initiation au catalan et au castillan, pendant que les élèves catalans s’initient, eux, au français et au provençal ».
L'occitan passerelle entre langues romanes
Les « parcours romans » sont probablement des pistes d’avenir pour favoriser la connaissance partagée par les Méditerranéens de leurs langues, comme les échanges entre Palerme et Porto.
Et là, la qualité de « langue passerelle » de l’occitan joue un rôle crucial. Langue proche, plus facile à apprendre, il permet aux élèves « d’embrayer » tranquillement sur les autres.
On connait les travaux universitaires de Claire Blanche-Benveniste et José Delofeu sur l’intercompréhension entre langues romanes. Il serait intéressant de voir avec les pratiques de terrain orangeoises ce que cela donne et comment aller plus loin.
La diversité s'invite au cours de langue d'oc

Avec la création d’une école Calandreta qui vient de fêter ses 20 ans, l’enseignement de la langue régionale a pris son essor dans cette ville du Vaucluse, où de nombreux enfants de travailleurs immigrés choisissent d’apprendre l’occitan.
En 2008, à l’occasion d’une Semaine de la création occitane au lycée de l’Arc, notre journal avait pu se rendre compte des résultats. S’adresser en provençal à des élèves de terminale qui vous comprennent parfaitement et vous répondent correctement fut un grand moment. Quand vous apprenez que ces jeunes gens sont souvent issus d’une immigration récente, vous vous dites que l’occitan est, aussi, un bel outil d’intégration. Avec lui on se sent réellement du pays.
« Mes élèves sont d’origine diverses : des calandrons bien sûr, mais pas tant que ça, » souligne l’enseignant d’occitan. Des enfants de résidents turcs, souvent artisans du bâtiment, fréquentent aussi ce cours. "Et ils se montrent très intéressés ».
Soutiens bienvenus dans la cité
« Un loto est organisé par l’association, qui est doté par des entreprises locales. Le dynamisme de l’association fait beaucoup pour rendre attirant l’enseignement du provençal » soutient Matthieu Poitavin.
Il n’est pas inutile de préciser qu’Annie et Bernat Vaton, à l’origine du projet de Calandreta, sont aussi les piliers de l’association Ben Leu.