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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 








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Cet occitan qu'ils veulent raviver en Provence Alpes Côte d'Azur

Claude Hagège et José Delofeu ont souligné l'intérêt de l'occitan pour toute la société


MARSEILLE. Le colloque d'Anem Òc a rassemblé 300 personnes, et de nombreux responsables associatifs ont confronté leurs analyses avec des élus et des socio-linguistes. L'avenir de la langue régionale de Paca, l'occitan, passe par une politique cohérente et globale, et dans le dialogue comme dans la solidarité avec les autres régions de langue d'Oc. Celles-ci créent un Office interrégional. Le tout est de savoir si Paca jouera cette carte interrégionale.



Plus de 300 personnes s'étaient inscrites et plus de cent n'ont pu entrer (photo MN)
Plus de 300 personnes s'étaient inscrites et plus de cent n'ont pu entrer (photo MN)
Adossé à une rembarde de pierre, le jeune homme dit dans un parfait provençal « Mai ieu siáu pas bilingue, que la lenga d’òc la teni pas dau breç ». Ils ont vingt ans et la caméra de Jean-Pierre Belmon s’intéresse à leur mode de pensée. Un autre dira : « de parlar es aver un biais de pensar l’epòca d’ara ».
 
Apprendre le provençal fait de nos écoliers et étudiants une génération qui cherche du sens à son époque.
 
Ce n’est pas nouveau, la génération précédente n’était pas mal non plus. Olivier Baussan, le patron des cosmétiques l’Occitane a lui, étudié les troubadours autrefois. Devant la même caméra il déclarera : « c’est cette culture qui m’a amené à choisir le nom de la société, ce n’est pas par souci de marketing, car l’authenticité n’est pas du marketing, elle prend racine dans une culture ».

Un office interrégional ?

David Grosclaude, délégué d'Aquitaine aux langues régionales (occitan et basque) venait dans l'espoir de favoriser l'adhésion de Paca à l'Office Interrégional qui sera créé en 2014 pour aider et financer les politiques régionales de promotion de la langue d'oc (photo MN)
David Grosclaude, délégué d'Aquitaine aux langues régionales (occitan et basque) venait dans l'espoir de favoriser l'adhésion de Paca à l'Office Interrégional qui sera créé en 2014 pour aider et financer les politiques régionales de promotion de la langue d'oc (photo MN)
Voilà ce qui pourrait nous arriver si l’occitan était enseigné, s’il était présent comme il le mérite dans l’audiovisuel, sur nos plaques de rues, dans nos journaux, sur les étiquettes de nos produits…Etre authentiques, plus complètement nous-mêmes.
 
C’est ce que de nombreux conférenciers ont dit, tout en cherchant les moyens de favoriser ce résultat, le 30 novembre 2013 dans l’hémicycle de Marseille Provence Métropole.
 
La Communauté urbaine de Marseille accueillait un colloque important, puisqu’on y a senti les prémices d’une politique cohérente de promotion de la langue régionale de Provence Alpes Côte d’Azur.
 
La coordination Anem Òc y avait invité des conseillers régionaux d’Aquitaine, de Midi Pyrénées, de Rhône Alpes, à faire état de leurs propres politiques en faveur de l’occitan.
 
Mais surtout Belkacem Lounes, délégué de Rhône Alpes aux langues régionales, son homologue d’Aquitaine David Grosclaude et de Midi Pyrénées Guilhem Latrubesse, ont pu disserter sur la création d’un Office Interrégional. 

Cet organisme actif doit en 2014 concerter des politiques en faveur de l’occitan dans la vie publique, lancer des projets interrégionaux, compenser les budgets, parfois trop restreints, par des financements d’Etat qui actuellement se négocient.
 
Ecoutons par exemple Belkacem Lounes poser les enjeux de cet office en construction : « les langues régionales de Rhône Alpes que sont l’occitan et l’arpitan ont un rendez-vous avec l’histoire, et comme ce train ne passe pas tous les jours, il ne faudrait pas le rater ». Un discours qu’aurait du pouvoir entendre les décideurs de Provence Alpes Côte d’Azur.
 
Les trois Régions (bientôt cinq car Auvergne va signer la charte, et Limousin s’y apprête) ont construit cet office sur la base de celui que leurs collègues bretons ont eux-mêmes bâti et qui donne des résultats dans l’enseignement et dans les médias. 

Citoyenneté politique, citoyenneté linguistique

Claude Hagège recommande de rechercher une solidarité entre langues minoritaires d'un territoire; "celle qui se porte le mieux entraîne le renouveau de l'autre (photo MN)
Claude Hagège recommande de rechercher une solidarité entre langues minoritaires d'un territoire; "celle qui se porte le mieux entraîne le renouveau de l'autre (photo MN)
Le député breton Paul Mollac, invité mais empêché, avait d’ailleurs envoyé un texte qui posait partiellement l’enjeu : « il y a en France une citoyenneté politique, mais la France peine à reconnaître une citoyenneté linguistique ».
 
Les langues régionales sont en effet dans l’univers de la tolérance, et non du droit, en France. On le voit même quand le droit, justement, s’en mêle.
 
La Loi de rénovation de l’enseignement, adoptée au printemps 2013, fait obligation aux recteurs d’informer activement les publics scolaires de la possibilité d’apprendre la langue de leur région. Mais ceux-là même qui doivent l’appliquer résistent.
 
Les 300 personnes qui avaient pu s’inscrire à cette après-midi de débats y ont aussi entendu un cénacle de linguistes. Un moment bien utile pour se rendre compte que le meilleur partage de la langue d’oc en Provence Alpes Côte d’Azur répond à des enjeux divers et importants.

L'occitan à la jonction des langues romanes favoriserait le multilinguisme

Le conseiller général délégué à la langue et culture régionale dans les Bouches du Rhône, André Guinde, hospitalisé, était représenté. D'autres, attendus, n'ont pas répondu favorablement (photo MN)
Le conseiller général délégué à la langue et culture régionale dans les Bouches du Rhône, André Guinde, hospitalisé, était représenté. D'autres, attendus, n'ont pas répondu favorablement (photo MN)
Sa présence plus forte dans le système éducatif est une condition du multilinguisme que chacun appelle de ses vœux. Et en particulier José Delofeu. « Le multilinguisme est l’état normal d’une nation et apprendre simultanément les langues romanes permet de s’y former ».
 
Les recherches de ce linguiste ont abouti à Eurom, un système actif d’apprentissage des langues. Leur enseignement simultané joue sur les correspondances entre langue romanes. Par exemple l’italien scopa est proche de l’occitan escoba (balai).
 
« Si le castillan, l’italien, le portugais ou le français y sont enseignés simultanément en mettant en valeur leur logique, le catalan a fait son entrée dans sa cinquième version. J’espère que l’occitan sera dans la version suivante ».
 
Claude Hagège, professeur honoraire du Collège de France et auteur de nombreux ouvrages rappellera que, selon lui, la langue satisfait à trois critères, qui la distinguent du dialecte : c’est la langue de l’autorité publique, elle est écrite, et normée. « L’occitan ne satisfait qu’au second critère, avec une littérature très riche » a-t-il dit, à l’étonnement de beaucoup et suscitant la contestation de quelques-uns.

Capitaliser?

Pour lui, une langue minorisée profite de ses voisines mieux loties. Un clin d’œil au catalan, il est vrai proche de l’occitan, sur le dynamisme duquel ce dernier pourrait s’appuyer.
 
A l’évidence il manquait quelque chose à ce très riche moment de connaissance et de débat, ou plutôt quelqu’un, enfin quelques-uns…Les élus décideurs que sont les présidents de collectivités locales importantes de Paca ne sont pas venus à Marseille.
 
Ignorance de l’importance de ce moment fondateur ? Panique à l’idée de mécontenter la part sectaire et agressive du régionalisme étroit ? Ou agendas compliqués par la (relative) proximité d’élections municipales ? Toujours est-il que ce fut une absence remarquée par le public, et par des organisateurs qui se demandent comment capitaliser maintenant le bel intérêt porté à l’initiative par les promoteurs de la langue d’oc en Provence dans leur diversité.
De nombreux responsables associatifs ou pédagogiques se sont rendus au colloque d'Anem Òc (photo MN)
De nombreux responsables associatifs ou pédagogiques se sont rendus au colloque d'Anem Òc (photo MN)

Mercredi 4 Décembre 2013
Michel Neumuller





1.Posté par Patrick MEYER le 04/12/2013 21:27
Un colloque riche, intéressant et bien organisé.
Une initiative à poursuivre.
Patrick Meyer
Association Cantar lou païs

2.Posté par Findal le 04/12/2013 21:54
Ainsi donc les langues qui, de par le monde, ne sont ni écrites ni " normées" , ou ne sont pas celles du pouvoir en place, n'ont pas droit au titre de langue et au respect .
Pas étonnant Mr Hagège, qu'elles disparaissent aussi vite, achevées par les linguistes.

3.Posté par tautil gérard le 04/12/2013 22:37
On peut regretter l'absence d' élus régionaux de toutes tendances (à l'exception des présents souvent venus de loin!) et de M. Vauzelle,; ce qui était prévisible, car on n'opère pas un retour critique quand on continue.à défendre la langue et le moule uniques, au nom de la diversité...
- Anem Oc doit jouer la carte de la communication : en forçant les rédactions "régionales" et nationales.
- Ne pas le faire serait perdre le capital intellectuel et militant qui s'est exprimé dans l'unité constructive au Pharo. L'Office Public de la langue est la pièce maîtresse de cette communication.
GT

4.Posté par Carlòta RUBINI le 04/12/2013 23:05
Colloque captivant ! De bons orateurs ! Accord parfait sur le peu de moyens pour défendre notre (re)belle langue d'oc ! Travail de fourmis de chacun qui s'investit, louable certes! mais est-ce suffisant ? Peu ou pas de présence de nos chers représentants élus: ce sont eux qui peuvent décider de la grande place que devraient avoir notre culture et notre langue. A nous de bien voter et nous faire entendre! Carlòta de Niça

5.Posté par Inocent 3 le 05/12/2013 14:33
#2 "n'ont pas droit au respect" ça c'est sans aucun doute la situation actuelle de l'occitan en France...

6.Posté par Bertrand de Gòt le 05/12/2013 14:36
L'absença dels politics màgers de la region es ben inquietanta.
M'anatz pas dire qu'avián "piscina" o "d'anar al perruquier" totes aquel jorn...

7.Posté par MELLET Gerard le 05/12/2013 22:47
LO MERITI D'EXISTIR....
J'aurais tout de même aimé entendre le Président de l'IEO et le Capoulié du Félibrige. Les interventions linguistiques étaient intéressantes quoique un peu longues étant donné la durée du colloque.
E ara que fasèm ?
Bravo & merci aux organisateurs....

Au còp que ven

8.Posté par Solin le 14/05/2014 18:25
Avec mes excuses si je m'éloigne un peu du débat :
1 La carte des régions.
• De Menton à Bordeaux, (et dans l'imagination "en pointillés européens" jusqu'à Barcelone) , n'est-ce pas top grand donc indéfendable ?
• La Provence + la Corse ?...
• La Provence + le Dauphiné + la région lyonnaise ?
Finalement, je ne vois que la Provence seule unie aux hautes-Alpes par un lien naturel, la Durance (beaucoup plus qu'avec le Dauphiné par le Galibier, le Lautaret ou le col Bayard).
2 Sur le plan linguistique et culturel, bien sûr, l'Arc méditerranéen (semblable à un TGV Gênes- Barcelone!!!...) se comprend mieux. Et l'occitan n'est pas le corse ni le lyonnais.
Donc, à mon humble avis, celui de quelqu'un qui cherche à comprendre:
- sur le plan économique, je ne vois que la PACA telle qu'elle est.
- sur le plan culturel, je la vois unie avec ce qu'on appelle "l'Occitanie". Mais où placer Mistral ?
Corneille !!!....

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