Et le jeudi 3 octobre, au Restaurant de la Place, à Puyloubier à l'adret du Mont Venturi, le dernier en date des "Cafés Provençaux", ou "Cafés Occitans", comme on voudra, fera table ouverte à ceux qui parlent et à ceux qui apprennent.
Ce "Cafè de Larc ", du nom du petit fleuve côtier qui baigne Puyloubier, mettra en contact des gens qui parlent provençal et d'autres qui entendent profiter de la connaissance des premiers. Et pourtant ce ne sera surtout pas un cours : ici les convives parleront de ce qu'ils veulent, de la chasse, du beau temps ou de la vigne, qu'importe, l'essentiel sera de se réunir, passer un bon moment et progresser dans la langue du pays pour les uns, se faire plaisir à la parler pour les autres.
"Les gens qui parlent la langue de leur culture semblent plus heureux"
La culture partagée permettrait donc de maintenir la cohésion et la solidarité entre les membres d'un groupe humain ? A comparer avec les travailleurs néo-urbains, largués dans un environnement nouveau où tout le lien social reste à créer.
Rentrant au pays, Daniel tourne et retourne ses pensées : notre culture peut se maintenir grâce à son véhicule majeur, la langue, commence t-il à réfléchir. Et celle-ci nous met en connivence avec des gens spatialement éloignés, pourtant, comme les Gascons. « Au contraire, le lissage de la culture française, par l’éradication de sa diversité linguistique, aboutit en fait à une déculturation avancée. Vous voyez ces gens qui plantent un drapeau américain devant chez eux sans rien savoir de la société américaine ! c’est un signe…Rester avachi devant des émissions TV débilitantes en est un autre ».
"Une langue qui doit servir à échanger"
Voici donc Daniel en pleine immersion culturelle provençalisante. Il danse aux Farandoulaire Sestian à Aix-en-Provence, puis participe aux Rescòntres Occitans de Provença, durant l’été 2017 dans le Champsaur.
Parfaitement inconnu du milieu régionaliste, il décide de créer son propre réseau pour progresser. Avec lui, Facebook chauffe ! « J’avais un besoin d’immersion sonore, entendre une langue vive, qui serve vraiment à communiquer, échanger ». Ne nous mentons pas, nombre de régionalistes a-do-rent parler de la langue, en langue d’oc…Discuter du prix des carottes ou de la fabrication de la bière les passionne bien moins. Pourtant c’est en causant de ceci et de cela, au quotidien, que la langue sort du ghetto.
En lengo nostro...un peu aussi en français
Et sur la terrasse de ce dernier, mercredi dernier, on pouvait boire un verre en compagnie de Genevivo, une fringante octogénaire aux passions multiples, de deux habitants du Luberon pouvant enfin partager la langue qu'on n'entend plus dans la rue, de Domenge qui enseigne l'occitan, et d'autres curieux qui, comme Martin l'ouvrier agricole en voie d'installation, fréquenteront peut-être régulièrement ces lieux de convivialité, à vivre en lengo nostro !