Les langues sont-elles condamnées à la hiérarchisation, voire à la domination ? Entendons nous, les langues elles même ne sont jamais qu’un moyen de communication qui en dit long sur l’imaginaire de leurs locuteurs. Le fait d’en parler plusieurs est très commun dans le monde. Quelle chance ont ceux qui peuvent ainsi croiser les imaginaires !
L'exclusion devrait être exclue du champ des droits linguistiques
« Au village, on en parle au moins trois, c’est souvent comme ça au Burkina. On se comprend bien, pourquoi en faire toute une histoire ? » me disait la présidente d’une association féminine de visite en France voici quelques années.
« On me parle catalan au café, je réponds en catalan ; de l’autre côté on me parle en castillan, je réponds en castillan. Où est le problème ? » Là c’est une trentenaire barcelonaise qui me parle.
Le plurilinguisme au quotidien ne fait peur qu’aux Français, aux Turcs et aux Grecs…qui, au moins sur ce plan, savent être en accord.
On pouvait penser raisonnablement qu’en Catalogne, demain peut-être indépendante, deux langues voisineraient sans souci. Avec le manifeste lancé fin mars par 250 linguistes, philologues, écrivains et traducteurs, sous la houlette de l’ancien directeur de l’Enseignement de Jordi Pujol, Joaquim Arenas Sampera, cette perspective s’éloigne.
Rappelons qu’en 2010 l’attitude restrictive du Tribunal Constitutionnel Espagnol avait mis le feu aux poudres en Catalogne. La cour suprême refusait sur nombre de points la co-officialité du catalan et du castillan.
En novembre 2014, interrogeant certains assesseurs du vote organisé pour ou contre l’indépendance, j’ai reçu d’un médecin barcelonais le discours suivant : « j’étais contre l’indépendance, j’ai changé d’avis quand le Tribunal Constitutionnel a décidé que je devais payer l’école privée en castillan des élèves qui refuseraient l’enseignement public en catalan ».
Le radicalisme idéologique fait souvent des ravages. Celui des Etats en particulier.
La co-officialité semblait donc la solution du vivre ensemble. Du respect. De l’intégration à une Catalogne indépendante de ceux qui sont venus y travailler au fil des décennies, au bas de l’échelle.
C’est cette perspective- là qui semble s’éloigner dans un pays où, rarement, le fait de parler l’une ou l’autre langue, vous met à l’index. C’est ne pas en parler l’une des deux qui vous empêcherait plutôt de grimper dans l’échelle sociale.
Cette évolution du débat catalan devrait faire réfléchir l’occitanisme. Non pas qu’on y décèle un grand désir de séparatisme. Mais parce que la frustration créée par la domination fortement exercée entraîne fatalement un mouvement inverse.
Or, C’est bien la possibilité du bilinguisme, enrichissant et gage de respect mutuel, qui devrait mobiliser les énergies de ceux qui, aujourd’hui comme hier, ici ou là-bas, veulent faire reconnaitre la langue qu’ils utilisent, ou qui joue le rôle de balise identitaire.
Car, si l’on quitte la Catalogne pour venir de ce côté-ci des Pyrénées, on doit se rendre compte qu’il devient difficile de trouver au quotidien des interlocuteurs, à qui parler occitan. En revanche, le fait de parler occitan vous attire moins de réactions négatives que par le passé.
Dans un monde aussi bouleversé que le nôtre par la mondialisation, entendre cette langue que vous comprenez mal mais faites votre, c’est lui reconnaitre à peu près le rôle que vous reconnaissez au drapeau bleu-blanc-rouge sur le fronton de la mairie. Vous ne vous arrêtez pas devant pour le saluer, mais vous l’acceptez comme signe commun d’appartenance à une nation. Qu’il voisine avec le sang et or du drapeau provençal, ou le bleu étoilé de l’européen, ne semble choquant à personne.
Parler l’occitan c’est, bien sûr, communiquer d’une certaine manière. C’est aussi agiter un drapeau sonore. Vous ne le saluez pas, mais il vous dit qui vous êtes, qui vous voulez être. On s’y reconnait.
Vous n’avez pas besoin de l’imposer à l’autre. Quelle idée! Mais vous avez le devoir de lui donner envie de communiquer avec vous, et de l’aider à en trouver le moyen. Mais pour exercer ce devoir, il faut qu’on vous reconnaisse des droits, à parler et diffuser, à écrire et publier, à apprendre et à enseigner.
Il me semble que ce couple droit-devoir a une portée universelle. Qu’il concerne autant la Catalogne de demain comme d’aujourd’hui, que la France présente et à venir.
« On me parle catalan au café, je réponds en catalan ; de l’autre côté on me parle en castillan, je réponds en castillan. Où est le problème ? » Là c’est une trentenaire barcelonaise qui me parle.
Le plurilinguisme au quotidien ne fait peur qu’aux Français, aux Turcs et aux Grecs…qui, au moins sur ce plan, savent être en accord.
On pouvait penser raisonnablement qu’en Catalogne, demain peut-être indépendante, deux langues voisineraient sans souci. Avec le manifeste lancé fin mars par 250 linguistes, philologues, écrivains et traducteurs, sous la houlette de l’ancien directeur de l’Enseignement de Jordi Pujol, Joaquim Arenas Sampera, cette perspective s’éloigne.
Rappelons qu’en 2010 l’attitude restrictive du Tribunal Constitutionnel Espagnol avait mis le feu aux poudres en Catalogne. La cour suprême refusait sur nombre de points la co-officialité du catalan et du castillan.
En novembre 2014, interrogeant certains assesseurs du vote organisé pour ou contre l’indépendance, j’ai reçu d’un médecin barcelonais le discours suivant : « j’étais contre l’indépendance, j’ai changé d’avis quand le Tribunal Constitutionnel a décidé que je devais payer l’école privée en castillan des élèves qui refuseraient l’enseignement public en catalan ».
Le radicalisme idéologique fait souvent des ravages. Celui des Etats en particulier.
La co-officialité semblait donc la solution du vivre ensemble. Du respect. De l’intégration à une Catalogne indépendante de ceux qui sont venus y travailler au fil des décennies, au bas de l’échelle.
C’est cette perspective- là qui semble s’éloigner dans un pays où, rarement, le fait de parler l’une ou l’autre langue, vous met à l’index. C’est ne pas en parler l’une des deux qui vous empêcherait plutôt de grimper dans l’échelle sociale.
Cette évolution du débat catalan devrait faire réfléchir l’occitanisme. Non pas qu’on y décèle un grand désir de séparatisme. Mais parce que la frustration créée par la domination fortement exercée entraîne fatalement un mouvement inverse.
Or, C’est bien la possibilité du bilinguisme, enrichissant et gage de respect mutuel, qui devrait mobiliser les énergies de ceux qui, aujourd’hui comme hier, ici ou là-bas, veulent faire reconnaitre la langue qu’ils utilisent, ou qui joue le rôle de balise identitaire.
Car, si l’on quitte la Catalogne pour venir de ce côté-ci des Pyrénées, on doit se rendre compte qu’il devient difficile de trouver au quotidien des interlocuteurs, à qui parler occitan. En revanche, le fait de parler occitan vous attire moins de réactions négatives que par le passé.
Dans un monde aussi bouleversé que le nôtre par la mondialisation, entendre cette langue que vous comprenez mal mais faites votre, c’est lui reconnaitre à peu près le rôle que vous reconnaissez au drapeau bleu-blanc-rouge sur le fronton de la mairie. Vous ne vous arrêtez pas devant pour le saluer, mais vous l’acceptez comme signe commun d’appartenance à une nation. Qu’il voisine avec le sang et or du drapeau provençal, ou le bleu étoilé de l’européen, ne semble choquant à personne.
Parler l’occitan c’est, bien sûr, communiquer d’une certaine manière. C’est aussi agiter un drapeau sonore. Vous ne le saluez pas, mais il vous dit qui vous êtes, qui vous voulez être. On s’y reconnait.
Vous n’avez pas besoin de l’imposer à l’autre. Quelle idée! Mais vous avez le devoir de lui donner envie de communiquer avec vous, et de l’aider à en trouver le moyen. Mais pour exercer ce devoir, il faut qu’on vous reconnaisse des droits, à parler et diffuser, à écrire et publier, à apprendre et à enseigner.
Il me semble que ce couple droit-devoir a une portée universelle. Qu’il concerne autant la Catalogne de demain comme d’aujourd’hui, que la France présente et à venir.