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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 








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Sénat : les langues régionales redeviennent légales dans l’enseignement

Dans le texte le "recours aux langues régionales" est désormais encouragé dans l'enseignement


A l’issue du débat sénatorial un article clef de la Loi Refondation de l’Ecole rétablit une situation rendue impossible par la première lecture du Parlement : les enseignants sont autorisés à introduire les langues régionales dans l’enseignement pour raison pédagogique, les langues sont favorisées dans leur région d’origine. Reste à passer l’obstacle du retour à l’Assemblée Nationale…



En mars 2012 le président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, manifestait à Toulouse pour l'occitan dans la vie publique aux côtés d'Eva Joly (photo MN)
En mars 2012 le président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, manifestait à Toulouse pour l'occitan dans la vie publique aux côtés d'Eva Joly (photo MN)
Courant mars, les députés n’avaient pas eu l’occasion de discuter un seul amendement concernant les langues régionales dans le projet de loi « Refondation de l’Ecole ». Evacués malgré l’aval du Bureau des Lois de l’Assemblée Nationale, ils avaient été victimes d’un lobbying uniformisateur qui peine à s’exprimer à visage découvert.
 
La réaction associative a semble-t-il permis de retourner la situation lors du débat sénatorial à propos de la même Loi. Dans le courant de la nuit du 24 au 25 mai 2013 les sénateurs ont adopté la Loi Peillon avec un article 27 bis qui modifie ainsi un article clef du Code de l’Education.
 
Article 27 bis
I (nouveau). – L’article L. 312-10 du code de l’éducation est ainsi rédigé :
« Art. L. 312-10. – Les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé prioritairement dans les régions où elles sont en usage.
 
Suivent dans cet article un ensemble de dispositions qui devront régir l’application de ce principe :
 
« Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention entre l’État et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage.

« Le Conseil supérieur de l’éducation est consulté, conformément aux attributions qui lui sont conférées à l’article L. 231-1, sur les moyens de favoriser l’étude des langues et cultures régionales dans les régions où ces langues sont en usage.

« L’enseignement facultatif de langue et culture régionales est proposé dans l’une des deux formes suivantes :
« 1° Un enseignement de la langue et de la culture régionales ;
« 2° Un enseignement bilingue en langue française et en langue régionale.
« Les familles sont informées des différentes offres d’apprentissage des langues et cultures régionales. »


...Pour "favoriser un socle commun de connaissances"...

La secrétaire de la commission à l'Education Maryvonne Blondin, a soutenu l'introduction d'un article 27 bis favorable à l'enseignement des langues de France (photo Sénat)
La secrétaire de la commission à l'Education Maryvonne Blondin, a soutenu l'introduction d'un article 27 bis favorable à l'enseignement des langues de France (photo Sénat)
En outre la modification de l’article suivant du même code établit le droit des enseignants à recourir à loisir aux langues régionales dès qu’ils estiment que des raisons pédagogiques les y incitent.
 
II. – L'article L. 312-11 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 312-11. – Sans préjudice des dispositions de l'article L. 121-3, les enseignants des premier et second degrés sont autorisés à recourir aux langues régionales, dès lors qu'ils en tirent profit pour leur enseignement. Ils peuvent également s’appuyer sur des éléments de la culture régionale pour favoriser l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes scolaires. »
 
Rappelons que lors du débat parlementaire de mars 2013 le principe posé dans la Loi était que l’apprentissage des langues régionales était soumis à la volonté exprimée des acteurs. Qu’un parent s’y oppose, et en principe, l’enseignement ne pouvait être dispensé.

Il s'agissait d'un recul par rapport à la vieille Loi Deixonne,  qui s'appliquait depuis 1951, et était pourtant considérée par les défenseurs des langues régionales comme apportant peu de droits.
 
La Fédération de l’Enseignement de la Langue et Culture d’Oc (Felco) a fait suivre le débat et relève que quatre sénateurs se sont exprimés en faveur de cet article 27 bis : Annie David (Communistes et Républicains), Maryvonne Blondin (Socialistes et apparentés, secrétaire de la Commission du Sénat de la Culture, de l’Education et de la Communication, c'est une enseignante bretonne), André Gattolin (écologistes), et Françoise Férat (Union démocrates et Indépendants).
 
En revanche des réserves importantes ont été exprimées par le sénateur UMP Jacques Legendre, toujours selon la Felco.
 
« Il reste à confirmer (cette victoire, ndlr) lors des débats en deuxième lecture à l'Assemblée Nationale début juin. La FELCO s'adressera à l'ensemble des députés pour qu'ils confirment l'amélioration du texte initial » a déclaré la présidente du Creo Languedoc,  Marie-Jeanne Verny, à l’issue de cette nuit sénatoriale.

Samedi 25 Mai 2013
Michel Neumuller





1.Posté par Reinat TOSCANO le 29/05/2013 11:37
Segur qu'es una bòna nòva!
Es ja çò practicam, per exemple per explicar ais escolans italianistas qu'en italian se ditz "la gazza", "la scopa", onte lo provençau ditz "l'agaça", "l'escoba" ò encara per abordar lo Piemont (curiosament absent dei manuaus qu'emplegam au Liceu...).
Pasmens, fau pas oblidar que çò que lo Senat a apondut à la lèi es precisament çò que lei deputats avién suprimit en promiera lectura. Moralitat: en segonda lectura, podrién ben tornar levar çò que lo Senat a apondut...

2.Posté par TAUTIL Gerard le 29/05/2013 11:37
Certes, une avancée, mais :
- Il manque le vote du Parlement
- et en dernier ressort un possible recours en Conseil d'Etat.

Le parcours du combattant continue.

3.Posté par TAUTIL Gerard le 29/05/2013 14:53
Adieu Reinat, adieu en totei,
Lo metode per comparason es pas que logica au remouc de la lenga oficiala. La revendicacion d'una lenga LV2/LV3 e facultativa passa davans una acquisicion pedagogica en marge e au servicidau sistèma dominant. Per parlar pas que d'ensenhament...
Siam totjorn contents dei brigas obtengudas per avançar o volèm una revendicacion d'egalitat?. Delà la diglossia, nos fau èstre clars ambé lei manobras de l'Estat e de sei sota-ministres...
E de mai, ren es ganhat, esperam la seguida...
Gerard Tautil

4.Posté par Lise Gros le 30/05/2013 07:26
Vaquí una avançada . Nos fau èstre optimistas dins aquelei temps d'escuresina. Fau esperar l'acòrd de l'Assemblada.
De tot biais contunharem d'avançar e de luchar. Leis occitans lo faguèron de lònga, dempuèi de sègles, non ?

5.Posté par Reinat TOSCANO le 30/05/2013 14:43
Siam en plen d'acòrdi, Gerard!
Çò que vòli dire es que, se la lèi es adoptada, apòrta pas ren, vist qu'aquò lo practicam ja!
Naturalament, çò que volèm es la LV2, la LV3 e l'ensenhament d'exploracion en classa de 2a, sensa oblidar l'ensenhament EN occitan.

6.Posté par Michel Beaume le 01/06/2013 08:38
L'arbre qui cache la forêt !

Bravo au capitalisme néolibéral, il y travaille depuis longtemps (se rappeler un certain discours d'Ernest-Antoine Seillière...), il vient de franchir un grand pas pour tuer les cultures nationales (et donc les cultures régionales) : L'anglais prend pied dans les facultés françaises, elles donneront désormais, officiellement, des cours en anglais.

C'était indispensable pour conforter la culture d'Adam Smith et du capitalisme néolibéral qu'il a engendré !
Peu lui importe le breton, le provençal ou le basque, il ne risque pas de prendre pied dans l'univers qu'il se construit (à son seul profit), celui de ce qu'on appelle la "mondialisation".

Amitiés à Aquo d'Aqui,

Michel Beaume

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