Patricia Jouve intervient en provençal dans les écoles de La Seyne (83), anime le Cercle Occitan de La Seyne, et désormais écrit – toujours en occitan - et peint des livres pour enfants. L’Aeloc publie son premier ouvrage, sur le thème de la nuit et des peurs qu’elle engendre chez les enfants.
Patricia, avec tes pinceaux tu as entrepris d’apaiser les peurs enfantines. De quoi s’agit-il ?
Pour les enfants, quand ils sont laissés seuls la nuit, s’endormir est difficile, et la peur de la nuit, de l’abandon, les travaille. Leur imagination va son chemin et ils pensent la nuit pleine de monstres. Des auteurs ont déjà proposé un personnage confronté à ces monstres, et qu’un humain rassure. Ce que font les parents et qui apaise leurs enfants, c’est justement, en racontant ce type d’histoire, de leur demander : « et à toi qu’est-ce qui te fait peur ? » En parler désamorce.
Disons le, tu as une expérience de ces peurs, car tu as longtemps été psychologue scolaire.
Mais oui ! Et j’ai souvent eu affaire à ces peurs de l’endormissement, ces monstres qui peuplent la nuit. Il convient d’en faire parler l’enfant. C’est l’essentiel ; dire que cela n’existe pas ne suffira pas, mais si l’enfant en parle, cela ira mieux.
Bois touffu et nuit noire...
L’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc t’a sollicitée pour traiter ce sujet ?
C’est l’inverse, j’ai sollicité moi l’association, lui expliquant que je cherchais un média pour montrer ce travail. Eliana Tourtet (IEO, Librairie Occitane des Alpes) m’a conseillé de m’adresser à l’Aeloc. Nous nous connaissons avec l’Aeloc, car j’interviens en provençal dans les écoles... et j’y cherchais des livres qui parlent de ce sujet, en provençal, sans en trouver. Maintenant je pourrai y aller avec un support, et le livre sera comme une trace de mon passage, puisque je l’y laisserai.
Au niveau plastique, tu présentes un bois vert, qui emplit la page, la densité est de mise.
Comme enseignante j’ai recherché des supports artistiques à montrer sur ce sujet. Parfois c’était de l’aquarelle avec un motif traité avec des traits légers, parfois au contraire, avec une autre technique et une forte densité. J’ai choisi quant à moi de traiter ces peurs à l’aide de tons obscurs et j’ai voulu rendre l’inextricable de ces bois.
Car la forêt profonde est déjà un univers oppressant, et, contrairement à mes habitudes d’artiste peintre, j’ai essayé de faire le plus figuratif possible. Ce sera un bon support pour parler de ces peurs, et les apaiser.