Les espoirs déçus des comtes toulousains mettront tout le Midi en situation de faire alliance contre les barons du Nord. Une civilisation et ses valeurs cherchent à se perpétuer, face aux barbares violents, qui ont mis à sac Béziers et passé sa population au fil de l’épée.
A Beaucaire leur sort se jouera…C’est ce que raconte la pièce d’Hutchinson, en nous situant l’enjeu : civilisation contre barbarie. Ça ne vous rappelle rien d’actuel ?
Or, c’est ici Jo Corbeau qui slame ce texte au sens profond. L’artiste qui a beaucoup inventé, mais ne s’en ait jamais vanté, celui qui a inspiré le Massilia Sound System, qui a conseillé à son fondateur de chanter dans cet occitan, alors cantonné dans le jardin secret de Tatou ; le créateur aussi d’un hymne dédié à l’OM...Bref Jo Corbeau apparaît possédé par le texte, et néanmoins il le maîtrise. On se régale à l’avance de le voir sur scène le 17 septembre prochain à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence.
Durant un laps de temps l'Occitanie libérale au sein d'une Europe féodale devient crédible

C’est là que le siège de Beaucaire, ville importante pour les échanges entre la Méditerranée et le reste de l’Europe, laissera penser un temps que l’Occitanie pourrait exister, constituer un futur pour l’Europe.
« Après la possibilité manquée d’une paix et d’un retour des comtes de Toulouse dans leurs droits, les voici cherchant à refonder leur pouvoir sur les droits des cités, une idée pas très partagée en France, mais très en avance sur le plan politique et économique dans ce temps » souligne Patrick Hutchinson.
« Elle a trouvé l’oreille des bourgeois marseillais, et l’aide apportée aux comtes de Toulourse leur a permis d’envisager la victoire ». Celle des armes, mais par derrière celle d’une société libérale au cœur de l’Europe féodale.
Hip-hop, slam et histoire feront bon ménage sur scène

« Ces évènements, avec leur lot de massacres, d’avancées démocratiques contrariées, de valeurs bafouées, ou émergentes, nous parlent forcément, car c’est ce qui se joue actuellement dans nos sociétés » explique encore l’auteur.
Les textes en français, souvent ponctués en occitan, le slam qui déclame à la façon des troubadours, le rap qui ponctue ce texte vieux de sept siècles…tout est fait pour souligner la proximité de la grande Histoire et de notre période contemporaine.
Les répétitions viennent de commencer dans la région aixoise. Le 10 septembre à Aix, une série de conférences sur le thème de la croisade sera proposée par l’Institut d’Estudis Occitans, et le 17 à la Cité du Livre d’Aix, encore, la Crozada d’Uei sera proposée au public.
D’ici là nous en aurons demandé plus à Patrick Hutchinson.