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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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L'Union Européenne à l'épreuve de la Catalogne


Ni les Etats Européens ni l'Union Européenne ne disent fermement à l'Espagne qu'elle criminalise l'opinion démocratique. Que l'UE donne de la voix et défende ses valeurs face à un de ses membres, ou qu'elle admette qu'elle a perdu tout crédit politique.



Les lourdes peines que les juges espagnols ont infligé aux élus du Parlement Catalan et aux présidents d’Omnium Cultural et de l’Assemblée Nationale Catalane ne correspondent à aucun crime. Organiser un référendum pour l’autodétermination, poussé par la population elle-même et auquel se rendent près de trois millions de citoyens, soit une majorité d’électeurs, ne peut être un délit, mais une action qui honore les démocrates qui l’ont permise.

Les prisonniers politique catalans (photo XDR)
Les prisonniers politique catalans (photo XDR)

Si elle ne défend pas les valeurs démocratiques qu'elle a fait siennes, l'Union Européenne n'a plus aucune légitimité aux yeux des citoyens Européens.

Les peines qui vont de 9 à 13 ans obéissent à une double motivation : punir les démocrates dans un Etat qui n’avait pas renoncé au Franquisme, et dissuader le corps politique catalan de tenter à nouveau d’aller vers l’indépendance.

 

Peine perdue, pour des millions de citoyens, le fait d’être Espagnol relève désormais du mariage forcé. Ils ne pensent qu’à vivre leur vie, collectivement, séparés de l’opresseur.

 

Les manifestations de masse qui, partout, ont répondu à ce verdict honteux, le disent assez. Le fait est que, mis à part le Principat – la Catalogne administrative et historique – les manifestations de protestations ont aussi été importantes en de nombreuses régions : à València et Alacant, en Andalousie, mais aussi à Madrid, où une opération routière “escargot” de 1200 véhicules, a considérablement gêné le trafic de l’aéroport de la capitale d’Espagne.

 

L’affaire n’est pas terminée, et malgré les discours irréalistes des leaders Espagnols, de l’authentique extrême droite à la fausse gauche, ce verdict ne permettra pas de sortir de la crise institutionnelle et territoriale espagnole. Pour cela il faudrait que les mêmes politiques aient la maturité nécessaire pour ...faire de la politique, et non s’adonner à une surenchère chauviniste destinée à gratter quelques pourcents à leurs adversaires lors des élections de novembre.

 

Mais laissons aux Espagnols le soin de régler leur problème avec les Catalans, s’ils le peuvent. Ce qui nous intéresse ici et aujourd’hui, c’est l’attitude des Etats de l’Union Européenne, et celle-ci en tant qu’entité représentant au moins les valeurs démocratiques communes.

 

La France, qui par la voix de son chef d’Etat, donne des leçons aux dirigeants Chinois à Hong-Kong, admoneste de la voix uniquement un Erdogan fondant brutalement sur les Kurdes, n’a pas un mot pour déplorer le déni de démocratie, porté par les institutions de notre plus immédiat voisin.

 

L’Italie fait de même, et on n’entend pas une voix officielle en Europe pour dénoncer que des élus du peuple, pour leurs opinions politiques et pour avoir respecté leur mandat démocratique, soient privés de liberté pour de longues années.

 

Quant à l’Union Européenne elle-même, la voici profondément muette. Son fondement, au delà des raisons économiques qui ont présidé à sa naissance, restait d’assurer le bon niveau de nos démocraties parlementaires. Si les économies des Etats de l’Est, anciennement sous l’influence soviétique, devaient être rendues compatibles, c’est bien l’entrée dans la vie démocratique telle que nous la connaissions, qui les a faits accepter en Europe politique. L’Espagne de Juan Carlos n’y est elle-même entrée, en 1986, qu’a l’unique condition que la démocratie parlementaire y soit la norme.

 

Nous avons vu, depuis deux ans, à quel point la “défranquisation” avait manqué à l’origine de ce processus. Les pratiques, les hommes eux mêmes, sont ceux de la dictature, simplement les premières avançaient de manière souterraine, les seconds profitaient de la corruption que leurs pères avaient permise.

 

Aujourd’hui l’Ibex 35 comme le CAC 40 sont les véritables maitres de l’Union Européenne, et nos mouvements citoyens, cet appel d’air des démocraties, sont partout réprimés avec violence, par des gouvernements mis en place avec au mieux un quart des électorats.

 

En Espagne c’est encore pire, puisque la majorité d’une population qui se vit comme homogène, originale et à part, souhaite tout simplement le divorce d’avec un Etat profiteur, violent et intraitable.

 

Car il s’agit pour les Catalans ni plus ni moins que d’obtenir le divorce.

 

Un droit fondamental !

 

Et puisque les règles démocratiques sont bafouées là-bas, au nom d’une sacro-sainte unité aux aspects de garde-chiourme, l’Union Européenne s’honorerait de dire fermement aux tenants de cette tyrannie, qu’il est temps de libérer ceux qui ne sont pas autre chose que des prisonniers politiques, puis de régler le différent avec les outils de la négociation politique.

 

Il ne nous appartient pas de prendre formellement parti dans le débat sur l’indépendance catalane. Vous informer honnêtement, si, cela est de notre responsabilité.

 

Mais dire que le droit à l'autodétermination est fondamental, si. Affirmer qu'on ne peut enfermer les élus du peuple pour satisfaire à leur mandat, si également. Et énoncer un franc “stop” à la tyrannie, tout autant. Il ne faut admettre une Espagne dans l’Union Européenne qu’a la condition que celle-ci se comporte comme une démocratie. Et le dire clairement, cela c’est bien le rôle et la responsabilité de l’Union Européenne.

 

Qu’elle ne l'assume pas, et tous les citoyens de la dite Union, seront en droit de s’en éloigner.


Lundi 14 Octobre 2019
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