
Parmi le public, accueilli au Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, certains tiquent au discours du fonctionnaire qui, à l'invitation des élus, rend compte des choix de la collectivité et de la direction du musée d’ethnographie voulu par Frédéric Mistral.
Des murmures glissent dans la salle. Il poursuit son discours : « La langue est le fil accompagnateur d'une projection dans le temps de Mistral ».
La volonté du Département, qui gère ce musée créé par lou Mèstre, est donc d'ôter toute « ambiguïté entre le provençal comme objet d'étude et comme langue de visite ».
Comprenant les interrogations d'un public qui s'étonne, le chargé de mission se veut rassurant : « Vous ne serez pas déçus de la place qu'aura la langue ».
La langue d’oc n’indiquera pas le chemin, ni ne s’ajoutera à l’anglais et à l’espagnol des cartels. Mais, parlée, elle descendra en puits sonores vers les visiteurs.
Le chargé de mission précisera, par ailleurs, que la structure, aujourd’hui en chantier de réhabilitation, « sera tournée vers le partage des connaissances, vers les jeunes ».
Les élus s'engagent à maintenir les subventions associatives

Ainsi, la question financière est au coeur des propos du délégué à la Langue d’Oc et aux Traditions Provençales, Bruno Genzana. « Nous ne toucherons pas le budget des associations comme les vôtres, on maintient la vie associative au centime près » promet l'élu, dont la délégation pourrait disposer, en 2016 selon nos sources, d’un budget d’environ 450 000€.
Chez le vice-président du Conseil Départemental Lucien Limousin, délégué aux Territoires Hors Métropole Marseillaise, la volonté est la même. Il évoque le rallongement du budget alloué au Museon Arlaten. Jusqu’au mois de septembre 2015, celui-ci était en suspens.
Lucien Limousin souligne que « ce qui compte c'est l'analyse, puis le dialogue et enfin le rapprochement de gens de bonne volonté ». Rappel d'une condition nécessaire pour faire avancer la langue, ce rapprochement doit permettre à tous, selon l’élu, d’aller au-delà des divisions entre militants associatifs. Car celles-ci sont préjudiciables à la transmission de la langue d’oc en Provence.
Des idées en mouvement
Ces derniers visent à « constituer un réseau structuré de ressources », démarcher auprès des élus, et « favoriser l’interaction ». Cette dernière mission consiste à lancer « une action thématique annuelle » adressée aux adhérents du Forum.
De son côté, le directeur des Gîtes de France des Hautes-Alpes, Thierry Hours, recommande d'« utiliser le web de manière différente pour être vu et reconnu ». Invité par le Forum à partager son expérience, il brosse l’avenir possible de la langue régionale, si l'économie locale l’intègre mieux.
Ainsi, faire « une place pour les langues régionales dans la valorisation des produits » pourrait donner un nouveau souffle à une langue d’oc en perte de vitesse.
La langue régionale pourrait aussi valoriser le rapport entre savoir-faire régional et langue d'oc, pour un public qui recherche l’authentique.
Conçu en 2013-2014, par le Félibrige, l’Institut d’Estudis Occitans, la Fédération des Calandretas, l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc et l’Association des Professeurs de Langue Régionale, le Forum d'Oc est désormais le rendez-vous annuel provençal de la réflexion stratégique. Les acteurs du régionalisme y pointent ce qui est dit et ce qui est fait pour promouvoir leur langue dans l’espace public.
Dès lors, il permet d'évaluer le suivi des actions et de mettre en relation collectivités et acteurs de la langue, autour d'un même enjeu.