Quand une génération entière passe par la case « chômage & précarité », on se dit que, bien entendu, la défense des langues régionales en France ne peut pas être l’alpha et l’oméga des politiques gouvernementales.
Aussi on concevra que la signature de la Charte européenne des langues minoritaires par la France ou la formation des maîtres bilingues n’aura obsédé ni François Hollande ni Manuel Valls, à l’heure de nommer le second gouvernement de ce dernier.
Aussi on concevra que la signature de la Charte européenne des langues minoritaires par la France ou la formation des maîtres bilingues n’aura obsédé ni François Hollande ni Manuel Valls, à l’heure de nommer le second gouvernement de ce dernier.
Aurélie Philippetti et Vincent Peillon ont laissé un souvenir plutôt positif. Mais après eux ?
En revanche, nous savons d’expérience qu'avec ce nœud de tension dans une France qui hésite entre gommer ses identités et les valoriser à l’extrême, la transmission du breton, de l’occitan ou de l’alsacien permettent au pays de mieux savoir ce qu’il est, d’assumer ses diversités, et d’en faire un ferment d’unité, contre l’uniformisation de la société.
C’est pourquoi il est important de savoir dans quelles dispositions pourrait être le nouveau gouvernement vis-à-vis des langues de France.
En Aurélie Philippetti, les défenseurs des langues régionales perdent une ministre qui avait abordé la question avec tranquillité. Elle avait surtout su communiquer sur les langues de France, mesurant publiquement à quel point elles n’étaient en rien un danger pour l’unité du pays.
Avec Vincent Peillon, et la loi Refondation de l’enseignement qui a pris son nom voici une bonne année, les promoteurs des langues de France avaient déjà perdu en avril 2014 un ministre qui avait appris ,de son côté, que cet enseignement était dynamique, et posait des passerelles vers l’apprentissage d’autres langues.
Ceci-dit, avec Benoît Hamon à la tête du ministère, les mêmes promoteurs pouvaient raisonnablement se faire du souci. Bien que Breton, le ministre, plutôt mesuré, avait toutefois déjà établi une ligne, supposée par lui logique, entre le droit de parler une langue régionale et la possibilité d’indépendance des lieux où celle-ci est parlée.
Au site web bretonnant Aï Ta, qui l’interrogeait en avril 2013, il avait été clair : « les pays sur lesquels vous prenez exemple (Ecosse et Catalogne, ndlr) mettent en danger l’Etat espagnol et britannique, et la France n’est pas prête à s’engager sur cette voie » avait-il dit.
Et pourtant, le même jour, il promettait au maire de Carhaix, Christian Troadec, de faire relais avec le président de la République, en lui remettant une lettre des associations de défense du breton, demandant que soit signée la Charte européenne des langues minoritaires.
En tant que ministre de l’Education, une seule fois il se sera exprimé sur le sujet. Le 10 juin dernier, à l’Assemblée Nationale, sur une question du député Paul Mollac, le ministre faisait le compte des recrutements de professeurs des écoles bilingues, formés à l’enseignement des langues régionales, et se félicitait de leur croissance.
On pouvait avec lui, surtout attendre de l’ambiguïté ; pas un soutien, pas non plus une opposition frontale. Avec Benoît Hamon, il aurait simplement été difficile d’avancer sur la voie d’un progrès de l’enseignement des langues régionales, nous le sentons bien.
Avec le nouveau gouvernement, voici aux manettes Fleur Pellerin à la Culture et Najat Vallaud-Belkacem à l’Enseignement.
A priori, leur profil pourrait rassurer. L’une est née au Maroc, et doit avoir au moins une idée de ce qu’est la diversité. L’autre est une ancienne enfant adoptée en Corée, qui souligne que, culturellement, cette origine ne l’a en rien construite, certes.
On ne leur connaît pas de prise de position sur la question qui nous occupe. Ce qui laisse, au fond, des perspectives aux défenseurs des langues de France. Pour peu que les collaborateurs de ces ministères, rompus à la question, restent pour partie en place et permettent à leurs ministres de se faire assez rapidement une opinion.
Car le temps presse. Malgré les signes, timides, de bonne volonté des précédents gouvernements, nous n’avons quasiment rien vu de l’obligation d’informer les parents d’élèves des possibilités d’enseignement des langues régionales. Une obligation qui est pourtant contenue dans la loi Peillon, mais absente des circulaires d’application. Les recteurs d’Académie peuvent donc regarder ailleurs…
Une brochure, fort bien tournée, du ministère de l’Education Nationale, répond certes à cette obligation. Mais elle est générale, et rien n’indique qu’elle sera distribuée au public qu’elle prétend toucher. Le destin des brochures officielles est de rester enfermé dans les cartons qui ont servi à les expédier ! Ce qu’il faut c’est bien entendu une information ciblée et pratique par établissement.
Quant au texte parlementaire permettant au gouvernement français de ratifier, enfin, la Charte européenne des langues régionales, s’il a été adopté en janvier à l’Assemblée Nationale, il s’est depuis perdu sur le chemin du Sénat.
Or, depuis les élections municipales du printemps, désastreuses pour la gauche, nous savons que la majorité du Sénat, a priori favorable à cette signature, ne sera pas reconduite à l’issue des élections sénatoriales de l’automne.
Alors, vite, mesdames les ministres !
C’est pourquoi il est important de savoir dans quelles dispositions pourrait être le nouveau gouvernement vis-à-vis des langues de France.
En Aurélie Philippetti, les défenseurs des langues régionales perdent une ministre qui avait abordé la question avec tranquillité. Elle avait surtout su communiquer sur les langues de France, mesurant publiquement à quel point elles n’étaient en rien un danger pour l’unité du pays.
Avec Vincent Peillon, et la loi Refondation de l’enseignement qui a pris son nom voici une bonne année, les promoteurs des langues de France avaient déjà perdu en avril 2014 un ministre qui avait appris ,de son côté, que cet enseignement était dynamique, et posait des passerelles vers l’apprentissage d’autres langues.
Ceci-dit, avec Benoît Hamon à la tête du ministère, les mêmes promoteurs pouvaient raisonnablement se faire du souci. Bien que Breton, le ministre, plutôt mesuré, avait toutefois déjà établi une ligne, supposée par lui logique, entre le droit de parler une langue régionale et la possibilité d’indépendance des lieux où celle-ci est parlée.
Au site web bretonnant Aï Ta, qui l’interrogeait en avril 2013, il avait été clair : « les pays sur lesquels vous prenez exemple (Ecosse et Catalogne, ndlr) mettent en danger l’Etat espagnol et britannique, et la France n’est pas prête à s’engager sur cette voie » avait-il dit.
Et pourtant, le même jour, il promettait au maire de Carhaix, Christian Troadec, de faire relais avec le président de la République, en lui remettant une lettre des associations de défense du breton, demandant que soit signée la Charte européenne des langues minoritaires.
En tant que ministre de l’Education, une seule fois il se sera exprimé sur le sujet. Le 10 juin dernier, à l’Assemblée Nationale, sur une question du député Paul Mollac, le ministre faisait le compte des recrutements de professeurs des écoles bilingues, formés à l’enseignement des langues régionales, et se félicitait de leur croissance.
On pouvait avec lui, surtout attendre de l’ambiguïté ; pas un soutien, pas non plus une opposition frontale. Avec Benoît Hamon, il aurait simplement été difficile d’avancer sur la voie d’un progrès de l’enseignement des langues régionales, nous le sentons bien.
Avec le nouveau gouvernement, voici aux manettes Fleur Pellerin à la Culture et Najat Vallaud-Belkacem à l’Enseignement.
A priori, leur profil pourrait rassurer. L’une est née au Maroc, et doit avoir au moins une idée de ce qu’est la diversité. L’autre est une ancienne enfant adoptée en Corée, qui souligne que, culturellement, cette origine ne l’a en rien construite, certes.
On ne leur connaît pas de prise de position sur la question qui nous occupe. Ce qui laisse, au fond, des perspectives aux défenseurs des langues de France. Pour peu que les collaborateurs de ces ministères, rompus à la question, restent pour partie en place et permettent à leurs ministres de se faire assez rapidement une opinion.
Car le temps presse. Malgré les signes, timides, de bonne volonté des précédents gouvernements, nous n’avons quasiment rien vu de l’obligation d’informer les parents d’élèves des possibilités d’enseignement des langues régionales. Une obligation qui est pourtant contenue dans la loi Peillon, mais absente des circulaires d’application. Les recteurs d’Académie peuvent donc regarder ailleurs…
Une brochure, fort bien tournée, du ministère de l’Education Nationale, répond certes à cette obligation. Mais elle est générale, et rien n’indique qu’elle sera distribuée au public qu’elle prétend toucher. Le destin des brochures officielles est de rester enfermé dans les cartons qui ont servi à les expédier ! Ce qu’il faut c’est bien entendu une information ciblée et pratique par établissement.
Quant au texte parlementaire permettant au gouvernement français de ratifier, enfin, la Charte européenne des langues régionales, s’il a été adopté en janvier à l’Assemblée Nationale, il s’est depuis perdu sur le chemin du Sénat.
Or, depuis les élections municipales du printemps, désastreuses pour la gauche, nous savons que la majorité du Sénat, a priori favorable à cette signature, ne sera pas reconduite à l’issue des élections sénatoriales de l’automne.
Alors, vite, mesdames les ministres !