
Ces mots c’est le sociologue Bernard Picon qui les prononçait lors d’un colloque arlésien consacré à la notion de « vivre au pays », en 2005.
On n’imaginait pas alors le Printemps Arabe, qui certes devait ouvrir des espoirs de liberté et de développement, mais qui déboucha sur une période d’instabilité majeure au Proche Orient, jetant des centaines de milliers de réfugiés au milieu de la Méditerranée, pour leur malheur.
Comment réfléchir l’inéluctable, l’arrivée continue de populations aux modes de pensée différents, aux cultures diverses, dans une Europe qui se rêvait stable, progressiste, toute à la fois égalitaire et libérale ?
Les « musiques du monde » nous préparent-elles à ces changements ? Ont-t-elles un rôle à jouer, à force de fusions, dans une Europe où le dialogue interculturel aura besoin de progresser ?
En filigrane, entre concerts et rencontres, c’est ce que le public pourra chercher dans la 18è édition des Joutes Musicales de Correns. Ce sont des préoccupations qui ont, semble t-il, été celles de la programmatrice de la manifestation, Françoise Dastrevigne.
Entrer dans la musique des autres

L’ensemble Chet Nuneta, avec son travail (gravé sur CD) sur les « chants migratoires », Agora, dès le vendredi essaie ainsi de transgresser frontières et genres, pour « créer une musique inclassable » nous dit Michael Fernandez.
Le percussionniste de ce groupe marseillais, où chantent Anne Roy et Fouad Achkir avec Béatriz Salméron, prépare depuis des mois un spectacle « très mis en scène », qui fait entendre des chants trads du monde. « Nous avons voulu entrer dans la musique des autres et la refaire à notre goût » explique Miachel Fernandez.
Quatre classes d’écoles du Pays de la Provence Verte s’approprieront aussi ce parcours culturel et musical. Chet Nuna les aura accompagnés durant plusieurs mois avec l’aide des animateurs musicaux scolaires. Ce travail sera restitué lors des Joutes.
Avec « Dernier des Mohicans, avant dernier des Occitans », Daniel Biga et Alex Grillo, en 2012, déjà à Correns, nous avaient fait découvrir un voyage dans le temps de l’enfance restituée au Fort Gibbon, en français et en occitan.
Voici à nouveau Alex Grillo, cette fois avec l’artiste italienne Francesca Breschi, dans un projet de restitution-création à propos de l’œuvre poétique de Paolo Pasolini.
Blessures sublimées sur scène

Du programme de ces Joutes, émerge aussi la création des Blessures, qui nous vaudra, dimanche, la rencontre intéressante du chanteur basque Benat Achiary (Souvenez-vous de son projet de 2012, Béatiho, avec La chanteuse Guylaine Renaud, dont le résultat au disque avait été primé par l’Académie Charles Cros) avec la poétesse d’expression occitane Aurélia Lassaque et le globe-artiste Miqueu Montanaro. De concert avec le percussionniste marocain Anouar Dekkaki, les voici portant le dialogue des poésies française, occitane et arabe.
Les Joutes proposeront cinq scènes pour une vingtaine de concerts, pendant que 120 bénévoles pourvoiront au service de restauration, comme à l’hébergement des artistes et techniciens.