En léger retrait, le guitariste Paulin Courtial parle peu, observe tout et tout le monde, occupe le même espace à sa façon, avec discrétion, il en saisit surement toutes les dimensions, sans y penser non plus.
Passé les séances de signatures et le moment avec la presse, à l’Espace Occitan dels Aups, qui l’invite, le duo se retrouve, trois-cents mètres plus haut et quatre heures plus tard, dans la cave voutée du Cabaret Pop de Gap.
Alidé abolit l'espace entre l'artiste et son public

Ce duo est fait pour jouer ensemble, et durablement. Ne demandez pas pourquoi, personne ne saura répondre, alors que tous le sentent. C’est ainsi, il y a des exemples : Montanaro père et fils, Tatou et Blu, Samba Diabaté et Vincent Zanetti…Une rencontre, l’entente, le respect, l’attention et l’intuition.
Alidé Sans compose, depuis qu’elle a quinze ans, ce qui ne fait jamais que depuis neuf ans. Ses textes appellent à la liberté, mais déplorent la séparation. Avec elle, cependant, le spectateur n’a pas le temps de se mettre en mode dépressif…Dans Soleta e complèta elle multiplie les onomatopées, dans une belle gamme de cris de douleur passionnelle, qu’elle détourne en rire franc. Vous venez de rompre ? Allez l’entendre et laissez tomber les kleenex.
Si la scène le permet, c’est-à-dire si les micros sont au même niveau que le public, elle abolit la scène. Aller, pieds nus, chanter à cinquante centimètres des gens, se déhanchant sous l’accordéon, ne lui fera jamais peur. Le public le lui rend bien, réceptif en diable aux histoires qu’elle développe avant de les chanter. Beaucoup, avec elle, en France, chantent leur premier bout de texte en occitan.
Faire en Aran même
Un CD est en préparation. La grande affaire, c’est de le produire sous label aranais, le leur. Première phase de la grosse envie du duo de partager. « Etape suivante, créer un festival en Aran. Il sera le pont de la musique occitane, de la France vers la Catalogne. » Les jeunes Aranais, occitanophones, vont prendre conscience de l’extraordinaire richesse de la musique occitane en France, l’émulation va jouer à fond ; et les Catalans, si généreux qui accordent le statut de langue officielle à l’idiome parlé par 4000 personnes sur six millions, recevront du bon son !
Mais attention ! les mains d’Alidé créent des courants d’air pour bien traduire l’évanescence du projet naissant. « Ce n’est encore qu’une idée ! »