A-t-on le droit d’être scientifique et engagé ? Pourquoi refuserait-on à l’homme de sciences ce qu’on reconnaît au journaliste ? Aurait-on reproché à Albert Londres sa charge contre les bagnes français d’outre-mer ? Il les avait décrits tels qu’ils étaient, affreux, et le reste n’était qu’affaire de morale.
Le professeur Gilles-Eric Seralini vient de décrire les troubles graves touchant un nombre significatif de rats de laboratoire soumis à l’ingestion de maïs génétiquement modifiés. Et le jour même nous entendons l’expert maison d’une chaîne de télévision publique, doigt en l’air, prévenir : « attention ! il s’agit d’un chercheur engagé ».
Engagé sur quelle voie ? celle de la recherche d’une vérité qui peut nous sauver la vie ? la belle affaire, qu’on nous en serve d’autres, des savants comme lui, nous nous sentirons plus en confiance avec la science.
L’essentiel au fond réside dans le fait que des protocoles scientifiques aient été ou pas respectés, que l’argumentaire du savant « engagé » soit solide, voilà qui nous importe. Si le point de départ de son enquête doit beaucoup à une intuition, quel mal y a-t-il à cela?
Bien sûr, il faut garder en mémoire l’affirmation de l’éthologiste Boris Cyrulnik selon laquelle « une observation sans méthode ne constitue qu’une croyance fondée sur les désirs de l’observateur ». Mais voilà, après deux ans d’observation d’un nombre significatif de rats, les effets de deux produits, un pesticide et un organisme génétiquement modifié, ont été mis en évidence. 200 rats répartis en quatre groupes ont été soumis ou pas aux produits en questions ; chez ceux qui y ont été soumis un taux élevé de cancers a été observé.
L’étude avait été menée dans le plus grand secret, depuis 2007 pour éviter les pressions des groupes agro-alimentaires. Elle n’a pas du, par ces conditions particulières, être facile. De nombreux chercheurs sont plus ou moins experts officieux de ces mêmes groupes, qui financent régulièrement leurs propres expériences. Bref, le climat n’est pas favorable aux recherches indépendantes. Le paradoxe est que, dans ce contexte général, ce soit justement le chercheur « engagé », qui soit soupçonné de subjectivité.
Nous avons même entendu un de ses confrères belge, sur la radio RTBF, accuser M. Seralini d’avoir « commis une erreur, pis, une faute ! » parce qu’il avait omis d’avertir de ses conclusions la communauté scientifique avant les journalistes. La revue internationale Food and Chemical Toxicology qui a publié ces travaux obéit pourtant aux règles scientifiques dans ce domaine, avec un comité de lecture scientifique, et elle avait publié en 2011 une étude concluant à l’innocuité d’OGM…Mais s’adresser aussi directement que possible aux principaux intéressés, nous, a semblé une « faute ». On appréciera.
D’autres études vont, à la suite de celle de Seralini, pouvoir être lancées. Les résultats connus, et bien le reste, là aussi, ne sera qu’affaire de morale. Laissera-t-on un groupe multinational dicter sa loi aux paysans et aux consommateurs, au risque de leur santé ?
Engagé sur quelle voie ? celle de la recherche d’une vérité qui peut nous sauver la vie ? la belle affaire, qu’on nous en serve d’autres, des savants comme lui, nous nous sentirons plus en confiance avec la science.
L’essentiel au fond réside dans le fait que des protocoles scientifiques aient été ou pas respectés, que l’argumentaire du savant « engagé » soit solide, voilà qui nous importe. Si le point de départ de son enquête doit beaucoup à une intuition, quel mal y a-t-il à cela?
Bien sûr, il faut garder en mémoire l’affirmation de l’éthologiste Boris Cyrulnik selon laquelle « une observation sans méthode ne constitue qu’une croyance fondée sur les désirs de l’observateur ». Mais voilà, après deux ans d’observation d’un nombre significatif de rats, les effets de deux produits, un pesticide et un organisme génétiquement modifié, ont été mis en évidence. 200 rats répartis en quatre groupes ont été soumis ou pas aux produits en questions ; chez ceux qui y ont été soumis un taux élevé de cancers a été observé.
L’étude avait été menée dans le plus grand secret, depuis 2007 pour éviter les pressions des groupes agro-alimentaires. Elle n’a pas du, par ces conditions particulières, être facile. De nombreux chercheurs sont plus ou moins experts officieux de ces mêmes groupes, qui financent régulièrement leurs propres expériences. Bref, le climat n’est pas favorable aux recherches indépendantes. Le paradoxe est que, dans ce contexte général, ce soit justement le chercheur « engagé », qui soit soupçonné de subjectivité.
Nous avons même entendu un de ses confrères belge, sur la radio RTBF, accuser M. Seralini d’avoir « commis une erreur, pis, une faute ! » parce qu’il avait omis d’avertir de ses conclusions la communauté scientifique avant les journalistes. La revue internationale Food and Chemical Toxicology qui a publié ces travaux obéit pourtant aux règles scientifiques dans ce domaine, avec un comité de lecture scientifique, et elle avait publié en 2011 une étude concluant à l’innocuité d’OGM…Mais s’adresser aussi directement que possible aux principaux intéressés, nous, a semblé une « faute ». On appréciera.
D’autres études vont, à la suite de celle de Seralini, pouvoir être lancées. Les résultats connus, et bien le reste, là aussi, ne sera qu’affaire de morale. Laissera-t-on un groupe multinational dicter sa loi aux paysans et aux consommateurs, au risque de leur santé ?