Mon père avait fui l’Allemagne nazie où, Jeune alsacien, on l’avait affecté à une usine de composants électriques avant qu’il n’ait l’âge d’endosser l’uniforme vert de gris et d’aller massacrer des Russes qui ne lui avaient rien fait. De fil en aiguille son vieux vélo le conduisit dans la montagne de Lure où il fit le maquis avant de se marier dans le pays.
Mon grand-père maternel, lui, quitta la misère d’une bicoque andalouse à pièce unique dans un univers sableux où une fratrie de neuf enfants vivait mal de quelques chèvres broutant des buissons secs à quelques kms de la Sierra del Gato. Surtout il fuit la conscription et la guerre coloniale meurtrière que menait l’Espagne dans le massif marocain du Rif, tout comme s’il avait écouté les suppliques de la veuse Megi
.
A cause de ces événements tragiques propres au vingtième siècle – guerres, idéologies raciales destructrices, pauvreté endémique – les miens m’ont faits Provençal. Combien d’entre vous êtes issus d’une lignée de travailleurs italiens trop nombreux pour une terre trop sèche ? Combien ont quitté l’Algérie sans l’avoir voulu ? Combien portent un nom polonais parce que les mines proposaient en Provence un travail harassant, mais qui nourrissait ?
Il y a de nombreuses et étranges histoires familiales provençales qui ne commencent pas sur les bords de la Durance ni sur les pentes du Garlaban. Elles sont écrites avec les baluchons portés par des va-nu-pieds venus des bas-fonds de l’Europe et d’ailleurs, qui nous ont fait « véritables Provençaux ».
Certains, parmi ceux qui parlent la langue d’oc en Provence, expriment leur fierté en exhibant un arbre généalogique bien de chez nous. Et puis il y a tous les autres, si nombreux, dont les rèires ont du s’intégrer, et portent haut l’occitan, qui au travail ou dans le quartier, les ont fait Provençaux, Niçois, Gavots.
C’est une partie de ces histoires que raconte le DVD que vient d’éditer le CEP d’OC, l’association qui fait du collectage de mémoire un tapis rouge pour tous ceux qui estiment être d’ici, d’où qu’ils viennent, et pourraient citer Cioran : « On n’habite pas un pays, on habite une langue ».
Dans la série « Ces provençaux et ces Niçois venus d’ailleurs » qui consacre son premier opus aux Italiens, les témoins qui racontent leur histoire en occitan disent tous que la peine commune, au travail et dans l’épreuve, comme la joie partagée, dans la fête et l’union mixte, font la Provence et ses Provençaux d’aujourd’hui. Nous.
La langue occitane nous a bâti Provençaux, prêts à continuer l’histoire de cette région, où de tous temps l’étranger fut accueilli, souvent très mal, avant qu’il ne soit amené à accueillir autrui…parfois tout aussi mal. Et puis, l’esprit de convivència a pris le dessus. Heureusement.
Nous savons donc d’expérience intime que cadenasser la porte d’entrée de la Provence, et à l’intérieur considérer l’autre comme un étranger, n’est au fond qu’une regrettable perte de temps. Nous savons que faciliter amicalement son intégration est une occasion de richesse.
Soyons riches !
A cause de ces événements tragiques propres au vingtième siècle – guerres, idéologies raciales destructrices, pauvreté endémique – les miens m’ont faits Provençal. Combien d’entre vous êtes issus d’une lignée de travailleurs italiens trop nombreux pour une terre trop sèche ? Combien ont quitté l’Algérie sans l’avoir voulu ? Combien portent un nom polonais parce que les mines proposaient en Provence un travail harassant, mais qui nourrissait ?
Il y a de nombreuses et étranges histoires familiales provençales qui ne commencent pas sur les bords de la Durance ni sur les pentes du Garlaban. Elles sont écrites avec les baluchons portés par des va-nu-pieds venus des bas-fonds de l’Europe et d’ailleurs, qui nous ont fait « véritables Provençaux ».
Certains, parmi ceux qui parlent la langue d’oc en Provence, expriment leur fierté en exhibant un arbre généalogique bien de chez nous. Et puis il y a tous les autres, si nombreux, dont les rèires ont du s’intégrer, et portent haut l’occitan, qui au travail ou dans le quartier, les ont fait Provençaux, Niçois, Gavots.
C’est une partie de ces histoires que raconte le DVD que vient d’éditer le CEP d’OC, l’association qui fait du collectage de mémoire un tapis rouge pour tous ceux qui estiment être d’ici, d’où qu’ils viennent, et pourraient citer Cioran : « On n’habite pas un pays, on habite une langue ».
Dans la série « Ces provençaux et ces Niçois venus d’ailleurs » qui consacre son premier opus aux Italiens, les témoins qui racontent leur histoire en occitan disent tous que la peine commune, au travail et dans l’épreuve, comme la joie partagée, dans la fête et l’union mixte, font la Provence et ses Provençaux d’aujourd’hui. Nous.
La langue occitane nous a bâti Provençaux, prêts à continuer l’histoire de cette région, où de tous temps l’étranger fut accueilli, souvent très mal, avant qu’il ne soit amené à accueillir autrui…parfois tout aussi mal. Et puis, l’esprit de convivència a pris le dessus. Heureusement.
Nous savons donc d’expérience intime que cadenasser la porte d’entrée de la Provence, et à l’intérieur considérer l’autre comme un étranger, n’est au fond qu’une regrettable perte de temps. Nous savons que faciliter amicalement son intégration est une occasion de richesse.
Soyons riches !