Anna Gèli au Parlement Catalan : "Nous avançons vers la République par trois voies : la parole libre du gouvernement en exil, le travail parlementaire que nous confient les citoyens, et l'action des citoyens eux-mêmes". La députée débat à Toulon le 8 juin à 19 h (photo MN)
Elue en décembre dernier, vous avez vu emprisonner vos collègues, neuf à ce jour. Et il existe un projet de criminalisation de l’opinion indépendantiste. Avez-vous le sentiment de pouvoir exercer votre mandat sereinement ?
Nous subissons le pernicieux article 155 de la Constitution espagnole, qui suspend l’autonomie catalane. Et à partir du moment où la Catalogne sera dotée d’un gouvernement, cette disposition devrait être annulée. Alors il sera temps de recomposer notre pays malmené par l’application de cet article 155, malmené aussi, émotionnellement, par les coups de matraque reçus lors du référendum du premier octobre, qui ont blessé mille personnes. Bien entendu ce ne sera pas un mandat tranquille (il dure quatre ans, Ndlr), Les blessures ne cicatriseront pas.
Sachez que nous ne renonçons pas à construire la République catalane ! Nous pouvons le faire de plus d’une manière : notamment en remettant sur l’établi nos lois d’Urgence sur le logement et la précarité énergétique, qui avaient été annulées par le Tribunal Constitutionnel Espagnol (une quinzaine de lois catalanes ont été ainsi annulées en sept ans, provoquant le ressentiment des citoyens, Ndlr)
L’article 155 ravalé, il pourrait néanmoins produire ses effets ; les politiques espagnols y réfléchissent. Déjà trois propositions de potentiel président catalan ont été refusés par la Justice espagnole.
Le Parlement est une des plus hautes institutions du pays. Les groupes parlementaires qui y débattent sont le reflet du vote des citoyens. Pour ce qui est de ma formation, Junts X Catalunya, notre mot d’ordre c’est le rétablissement de notre président légitime, Carles Puigdemont. Son gouvernement est aussi légitime. Pour cela nous avons lutté et luttons.
Il a été évident dès les élections du 21 décembre dernier, que les autorités espagnoles, politico-judiciaires, répondraient avec mauvaise foi à nos décisions. L’ultime signe en est le refus gouvernemental d'enregistrer au Journal Officiel, nommément, les conseillers nommés par le nouveau président, Quim Torra : Josep Rull, Jordi Turull, Toni Comin et Lluís Puig (ils sont emprisonnés, Ndlr).
Vous savez, de fait toutes ces mauvaises actions gouvernementales nous font République, car émotionnellement nous avons déconnecté de l'Espagne ; nous n’attendons que des circonstances politiques plus favorables. Cette République nous la faisons de trois manières, dont aucune ne doit être rejetée pour que les deux autres soient efficaces : via l’espace politique libre qui s’est ouvert aux Catalans à Bruxelles (refuge du gouvernement en exil, Ndlr), avec notre Parlement élu, et par l’action des citoyens impliqués.
Nous subissons le pernicieux article 155 de la Constitution espagnole, qui suspend l’autonomie catalane. Et à partir du moment où la Catalogne sera dotée d’un gouvernement, cette disposition devrait être annulée. Alors il sera temps de recomposer notre pays malmené par l’application de cet article 155, malmené aussi, émotionnellement, par les coups de matraque reçus lors du référendum du premier octobre, qui ont blessé mille personnes. Bien entendu ce ne sera pas un mandat tranquille (il dure quatre ans, Ndlr), Les blessures ne cicatriseront pas.
Sachez que nous ne renonçons pas à construire la République catalane ! Nous pouvons le faire de plus d’une manière : notamment en remettant sur l’établi nos lois d’Urgence sur le logement et la précarité énergétique, qui avaient été annulées par le Tribunal Constitutionnel Espagnol (une quinzaine de lois catalanes ont été ainsi annulées en sept ans, provoquant le ressentiment des citoyens, Ndlr)
L’article 155 ravalé, il pourrait néanmoins produire ses effets ; les politiques espagnols y réfléchissent. Déjà trois propositions de potentiel président catalan ont été refusés par la Justice espagnole.
Le Parlement est une des plus hautes institutions du pays. Les groupes parlementaires qui y débattent sont le reflet du vote des citoyens. Pour ce qui est de ma formation, Junts X Catalunya, notre mot d’ordre c’est le rétablissement de notre président légitime, Carles Puigdemont. Son gouvernement est aussi légitime. Pour cela nous avons lutté et luttons.
Il a été évident dès les élections du 21 décembre dernier, que les autorités espagnoles, politico-judiciaires, répondraient avec mauvaise foi à nos décisions. L’ultime signe en est le refus gouvernemental d'enregistrer au Journal Officiel, nommément, les conseillers nommés par le nouveau président, Quim Torra : Josep Rull, Jordi Turull, Toni Comin et Lluís Puig (ils sont emprisonnés, Ndlr).
Vous savez, de fait toutes ces mauvaises actions gouvernementales nous font République, car émotionnellement nous avons déconnecté de l'Espagne ; nous n’attendons que des circonstances politiques plus favorables. Cette République nous la faisons de trois manières, dont aucune ne doit être rejetée pour que les deux autres soient efficaces : via l’espace politique libre qui s’est ouvert aux Catalans à Bruxelles (refuge du gouvernement en exil, Ndlr), avec notre Parlement élu, et par l’action des citoyens impliqués.
"Les médias français informent de manière biaisée sur la situation catalane"
Aucun des exilés catalans n’a choisi la France. Ils n’ont pas confiance dans l’attitude des autorités françaises ?
Nos représentants légitimes ont choisi Bruxelles, point névralgique car centre de décision de l’Union Européenne, et donc lieu idéal pour dénoncer le rognage des droits civils et politiques de la Catalogne par l’Etat Espagnol. Depuis, d’autres ont choisi l’Ecosse et la Suisse.
Je sais que les grands médias français sont proches du pouvoir, ne donnent que peu d’information, en général biaisées, sur la situation en Catalogne. Pire ! Ils peuvent mentir. L’opinion publique s’imprègne donc chez vous de faux arguments. En même temps nous nous sentons accompagnés, dans les épreuves, par les mouvements civiques de soutien à la Catalogne. Aux médias, je dirais : « nous parlons de quelque chose de très sérieux, d’attaques de l’Espagne contre les droits humains et civils. »
Qu’attendent les Républicains Catalans de leurs soutiens en France ?
Eh ! bien il s’agit de mettre en évidence comment agit le gouvernement répressif espagnol. La régression de la liberté d’expression concerne tous les citoyens d’Europe. La fragilisation des droits humains et civils tout autant. C’est grave que cela puisse se dérouler en 2018 ; il convient de le dénoncer, de le faire savoir à tous. Omnium Cultural, la grande association de défense de la culture catalane dit clairement que : « aujourd’hui cela nous arrive, mais demain cela peut vous arriver ».
Nos représentants légitimes ont choisi Bruxelles, point névralgique car centre de décision de l’Union Européenne, et donc lieu idéal pour dénoncer le rognage des droits civils et politiques de la Catalogne par l’Etat Espagnol. Depuis, d’autres ont choisi l’Ecosse et la Suisse.
Je sais que les grands médias français sont proches du pouvoir, ne donnent que peu d’information, en général biaisées, sur la situation en Catalogne. Pire ! Ils peuvent mentir. L’opinion publique s’imprègne donc chez vous de faux arguments. En même temps nous nous sentons accompagnés, dans les épreuves, par les mouvements civiques de soutien à la Catalogne. Aux médias, je dirais : « nous parlons de quelque chose de très sérieux, d’attaques de l’Espagne contre les droits humains et civils. »
Qu’attendent les Républicains Catalans de leurs soutiens en France ?
Eh ! bien il s’agit de mettre en évidence comment agit le gouvernement répressif espagnol. La régression de la liberté d’expression concerne tous les citoyens d’Europe. La fragilisation des droits humains et civils tout autant. C’est grave que cela puisse se dérouler en 2018 ; il convient de le dénoncer, de le faire savoir à tous. Omnium Cultural, la grande association de défense de la culture catalane dit clairement que : « aujourd’hui cela nous arrive, mais demain cela peut vous arriver ».