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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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Les Dames de la Joliette, cinq voix pour des cultures en dialogue


MARSEILLE. Le groupe vocal marseillais chante la femme contestataire, travailleuse ou amoureuse, dans plusieurs langues de la Méditerranée. Rencontre.



Avec l'équipe technique masculine,les chanteuses Sylvie Paz, Kalliroi Raouzeou, Annie Maltinti, Maura Guerrera et Nadia Thighidet (Photo MN)
Avec l'équipe technique masculine,les chanteuses Sylvie Paz, Kalliroi Raouzeou, Annie Maltinti, Maura Guerrera et Nadia Thighidet (Photo MN)
Une guitare sèche donne le rythme, puis se tait, et cinq voix s’élèvent pendant que les mains rythment le chant sur une simple table.
 
Si les harmonies peuvent sembler sophistiquées sur les compositions de Gil Aniorte-Paz, le chant reste franc, propre à entrainer le public à frapper dans les mains. Les Dames de la Joliette chantent la femme, et elle est plutôt gaie en général.
 
« Mais c’est une contestataire !  Les poétesses que nous chantons sont à contre-courant de leur époque » insiste Sylvie Paz. Avec Annie Maltinti, Corse de  Marseille, Kalliroï Raouzeou venue de Grèce, Maura Guerrera de Sicile, et Nadia Thighidet, Kabyle de Marseille, elle forme les Dames de la Joliette qui « apportent chacune sa culture musicale, en dialogue avec celle des autres », souligne Annie Maltinti, qui chante en occitan, et le partage parmi ces Dames de la Joliette.
 
La Joliette, parce que c’est dans le quartier portuaire laborieux, point d'arrivée de toutes les immigrations, qu’elles se rencontrent pour répéter ; mais aussi les Dames, en hommage à celles qui défendirent la ville contre le Connétable de Bourbon, au XVI è siècle, et qui donnent aujourd’hui son nom à un boulevard marseillais.
 
Elles ont fait sensation à Correns, pour les Joutes Musicales à mi-mai. Grâce à un entrain, un rythme, des mélodies profondes, mais aussi des fusions musicales dues aux compositions de Gil Aniorte, qui a pensé le projet de ce groupe vocal féminin.
 
« Pour nous il s’agit de faire connaitre les chants de travail de femmes, et de chanter les textes de femmes libres, qui parfois paient chèrement cette liberté » explique Annie Maltinti. « Ainsi de cette Bela Marinièra, un texte marseillais, qui relate le procès fait à une femme accusée d’avoir noyé son nourrisson. Probable qu’on lui ait collé ce crime pour faire un exemple, à cause de ses mœurs trop libres. » 

"Jamais eu autant l'occasion d'un tel dialogue des cultures !"

Elles chantent aussi la Chilienne Gabriela Mistral, ou d’autres auteures, telle la Française Louise Labbé, traduite en italien ici. Ou encore elles interprètent des textes de la tradition sicilienne, grecque ou kabyle. Sur lesquels, toujours, a composé Gil Aniorte, par ailleurs créateur du Radio Babel Marseille.
 
A l’heure où la France comme l’Europe semblent se refermer sur des conceptions excluantes des traditions, les Dames de la Joliette affirment au contraire que « le dialogue des cultures est enrichissant. A Marseille, paradoxalement, on n’a peut-être jamais autant eu l’occasion de ce dialogue ». Propositions musicales ou même restaurants de cuisine ethnique le font apprécier à tout coin de rue ou chaque soir. Maura Guerrera se fait l’interprète de ses collègues pour affirmer que  «  les cultures en dialogue dans un même territoire, n’ont rien à voir avec un copier-coller des traditions ; elles savent s’influencer. »
 
Pour le bonheur du public. Une conception qu’elles défendront sur scène à la Cité de la Musique vendredi soir à 20h, mais déjà demain jeudi à la Bibliothèque l’Alcazar.
 
 

Mercredi 12 Octobre 2016
Michel Neumuller




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