Le premier album de Cylsée, L’ombra messatgièra, avait été bien accueilli en 2017. Ce groupe de musique trad de création s’était alors créé autour de Cécile Collardey, globe trotter polyglotte et formée au chant grégorien par Marcel Pérès, de l’ensemble Organum. Et, si son second disque, comme le premier, fait la plus large place à l’occitan tout en proposant des chants en italien et français, un autre trait permanent en sera l’intérêt évident de l’artiste pour l’œuvre poétique de Max Rouquette.
Le mieux, pour se rendre compte de sa belle maîtrise des codes de la musique folk comme du chant médiéval, est de se rendre à La Marbrerie (Montreuil – 93) le 8 février prochain dès 19h (restauration ouverte) ou après 20h (récital). Avec Cécile Collardey et ses habituels musiciens et choristes Goran Jurésic, Rachid Belgacem, Marine Danet, Guillaume Ruelland, vous aurez l’heureuse surprise de voir et d’entendre Miquèu Montanaro déployer la panoplie des flûtes qu’on lui connaît.
Cylsée ce sont des chants dans un languedocien impeccablement prononcé par cette soprano vivant en région parisienne, qui cheminent à rythme lent, avant de s’élancer, puis de jouer la pause musicale, la rupture de rythme, avant de repartir vers la nuée. Cette technique héritée du chant médiéval comme de l’écoute attentive de grands parrains tel Alan Stivell, se fait évidente avec le titre qui donne celui de l’album, Los Savis. Elle se confirme brillamment avec Ainà, poème adapté d’Aurélia Lassaque, découverte dans une librairie de Montpellier alors que Cécile Collardey recherchait les œuvres de Max Rouquette. Là, les parties instrumentales vous permettront d’apprécier comme jamais, en creux, le texte d’Aurélia, qui associe la découverte de la mer à celle de l’amour.
Mis a part les textes occitans – le poignant Aqueles, qui rappelle le chemin de croix des réfugiés de la Retirada républicaine espagnole – vous trouverez là un poème du vénitien Zanzotto, consacré à cette rareté, l’eau.
Une mention spéciale pour les textes en français, compositions de Cécile Collardey, dans lesquels la rythmique se fait électrique et les paroles espiègles.
Pour ce qui est du concert de lancement de l’album vous verrez bien ce qu’il en est, mais sachez que l’album Los Savis bénéficie d’une prise de son attachée à garder l’individualité de chaque instrument, et à mêler à l’ensemble juste ce qu’il faut de sons additionnels pour la mise en situation du chant : ainsi l’eau vive d’Acqua di Dolle.
Voici un an que l’artiste mène ce projet, autoproduit, c’est à dire épuisant. L’opération de financement participatif que nous avions déjà annoncée en son temps, a permis sa sortie, et dès à présent les contributeurs peuvent s’attendre à recevoir cette belle œuvre, réellement pensée comme un album, avec son parcours sonore et poétique. Ils ne s’ennuieront pas à l’écoute.
Pour les autres, vous pourrez attendre la seconde quinzaine de février, un délai nécessaire au conditionnement et à l’expédition, qui seront aussi réalisés par les artistes. Ils auront donc avec la musique, la sueur de ceux qui l’ont élégamment forgée.
Vous pourrez aussi, en Région Parisienne, le 8 février, goûter sur scène ce que vous apprécierez ensuite dans votre lecteur de salon, ou d’auto.