Un million et demi de Catalans dans les rues de Barcelone pour l’indépendance


Le succès de la manifestation doit beaucoup au refus du « pacte fiscal » espagnol.



C’est sûrement la plus grande manifestation qu’ai vue Barcelone. Un million et demi de personnes ont défilé dans la capitale catalane le 11 septembre 2012, pour réclamer l’indépendance de ce qui s’appelait depuis les années 1980 « une nation sans Etat ». Aujourd’hui elle en veut un. Quand les responsables politiques engagés disaient, hier, à la tribune : "volem l'independencia del nostre pais", la foule répondait : "avui! avui!" ("dès aujourd'hui!").
 
En 1977, durant le processus démocratique déjà, un million de Catalans avaient manifesté pour l’autonomie, qu’ils avaient obtenue à travers la Constitution espagnole de 1980.
 
Les prévisions des organisateurs, l’Assemblée Nationale de Catalogne, ont été dépassées, voire débordées. Cette plate-forme organisatrice misait sur 600 000 manifestants.
 
Bien que le sentiment indépendantiste soit fort en Catalogne, le succès sans précédent de cette manifestation doit beaucoup à la situation de crise économique en Espagne.
 
Un million et demi de Catalans ont manifesté (photo MN)

L’Etat cherche à imposer à ses provinces un pacte fiscal, qui lui permettrait de remplir les caisses du Trésor, au détriment, estiment les autorités catalanes, de leurs propres politiques face à la crise. La Catalogne représente 20% du PIB espagnol, mais ne recueillerait en reversements qu' une petite partie des impôts que les Catalans versent à l’Etat.
 
Autre raison, les juges de la Cour Suprême espagnole avaient, en 2010, annulé certaines dispositions du statut d’autonomie de la Catalogne, limitant le désir des Catalans d’exprimer leur langue dans l’espace public. Déjà, en réaction, le 10 juillet 2010, une manifestation mettait à Barcelone un million de personnes dans les rues.
 
Le succès de cette manifestation du 11 septembre 2012, calée pour la « diada de catalunya », la fête nationale, doit beaucoup également au moment politique qu’elle précède. Le président de la Généralité, le gouvernement autonome, Artur Mas, devait le 20 septembre négocier avec l'Etat des aménagements au Pacte Fiscal espagnol. La rue semble lui avoir clairement signifié que cette étape était inutile, que la revendication devait être un référendum pour l’indépendance.

Mercredi 12 Septembre 2012
Michel Neumuller