Vendredi l'association de préfiguration élira son bureau à Marseille (photo MN)
Jean-Louis Blenet a le vent en poupe ! Le président de la Fédération des Calandretas a cinquante écoles associatives au compteur….et bientôt trois en Provence ; c’est pourquoi il est souvent sur la route, ces temps-ci, à main gauche du Rhône.
« On se partage le travail d’animation avec le président de la fédération provençale, Bernard Vaton. Il était voici peu à une réunion préparatoire à Toulon, et me voici à Marseille » nous a-t-il déclaré avant que de s’asseoir autour de la table de l’Ostau dau País Marselhès avec une demi-douzaine de militants qui avaient bravé une température quasi négative pour parler projet.
Car, dans le grand vide provençal de la carte provençale des Calandretas, trois petits drapeaux rouge et jaune pourraient bientôt être plantés.
Jusqu’à présent c’est aux marges géographiques de la région que vivent les calandretas : à Orange où, créée en 1993, l’école fait le plein d’élèves ; et à Gap où elle fait partie du paysage scolaire depuis longtemps, mais ne débouche pas sur une école primaire.
A Nice en revanche, elle a été remplacée par un atelier de langue. Mais les régionalistes locaux de désarment pas, et régulièrement le projet ressort.
Le revival actuel est du à quelques personnes particulièrement motivées. C’est le cas autour de Jean-Louis Racouchot, à L’Isle-sur-Sorgues dans le Vaucluse.
L’illustrateur, créateur de Juli Omenàs, discute de l’attribution d’un local avec la municipalité, organise des réunions d’information, et attire de jeunes parents.
A Toulon, Pierre Costa, attaché du parlementaire européen François Alfonsi, est aussi un jeune papa. « Avec quelques autres parents de la rade de Toulon nous nous sommes réunis le 23 novembre. Le projet est en bonne voie, on recherche un local ».
« On se partage le travail d’animation avec le président de la fédération provençale, Bernard Vaton. Il était voici peu à une réunion préparatoire à Toulon, et me voici à Marseille » nous a-t-il déclaré avant que de s’asseoir autour de la table de l’Ostau dau País Marselhès avec une demi-douzaine de militants qui avaient bravé une température quasi négative pour parler projet.
Car, dans le grand vide provençal de la carte provençale des Calandretas, trois petits drapeaux rouge et jaune pourraient bientôt être plantés.
Jusqu’à présent c’est aux marges géographiques de la région que vivent les calandretas : à Orange où, créée en 1993, l’école fait le plein d’élèves ; et à Gap où elle fait partie du paysage scolaire depuis longtemps, mais ne débouche pas sur une école primaire.
A Nice en revanche, elle a été remplacée par un atelier de langue. Mais les régionalistes locaux de désarment pas, et régulièrement le projet ressort.
Le revival actuel est du à quelques personnes particulièrement motivées. C’est le cas autour de Jean-Louis Racouchot, à L’Isle-sur-Sorgues dans le Vaucluse.
L’illustrateur, créateur de Juli Omenàs, discute de l’attribution d’un local avec la municipalité, organise des réunions d’information, et attire de jeunes parents.
A Toulon, Pierre Costa, attaché du parlementaire européen François Alfonsi, est aussi un jeune papa. « Avec quelques autres parents de la rade de Toulon nous nous sommes réunis le 23 novembre. Le projet est en bonne voie, on recherche un local ».
Marseille, Toulon, L'Isle...bientôt trois écoles bilingues
Le même jour, donc d’autres militants culturels, y compris mistraliens, se réunissaient dans un local marseillais pour créer une association de préfiguration.
« C’est la première étape, celle de la constitution d’un groupe uni qui va faire tomber les premiers obstacles » souligne Jean-Louis Blénet.
Deux de ces obstacles doivent être rapidement levés : l’absence d’information des parents, et l’absence d’un local adapté pour la future école.
A Marseille des mairies de secteurs ont été contactées, des élus, et des candidats aux prochaines municipales ont fait part de leur intérêt.
« L’essentiel maintenant est à la fois d’accueillir des parents intéressés et de commencer à se préoccuper du personnel de la future école » estime Mathieu Castel, le président de l’Ostau dau País Marselhès, qui accueillait les premiers membres de l’association à laquelle lui-même adhère.
Le 13 décembre 2013 à 18h, une seconde réunion aura d’ailleurs lieu, qui formalisera la vie de l’association : élection du bureau, dépôt des statuts en Préfecture…et information très large des élus de tous bords à Marseille.
Autre décision, toute symbolique, l’école encore virtuelle prendra le nom de « Victor Gelu », le poète emblématique du Marseille occitanophone.
« C’est la première étape, celle de la constitution d’un groupe uni qui va faire tomber les premiers obstacles » souligne Jean-Louis Blénet.
Deux de ces obstacles doivent être rapidement levés : l’absence d’information des parents, et l’absence d’un local adapté pour la future école.
A Marseille des mairies de secteurs ont été contactées, des élus, et des candidats aux prochaines municipales ont fait part de leur intérêt.
« L’essentiel maintenant est à la fois d’accueillir des parents intéressés et de commencer à se préoccuper du personnel de la future école » estime Mathieu Castel, le président de l’Ostau dau País Marselhès, qui accueillait les premiers membres de l’association à laquelle lui-même adhère.
Le 13 décembre 2013 à 18h, une seconde réunion aura d’ailleurs lieu, qui formalisera la vie de l’association : élection du bureau, dépôt des statuts en Préfecture…et information très large des élus de tous bords à Marseille.
Autre décision, toute symbolique, l’école encore virtuelle prendra le nom de « Victor Gelu », le poète emblématique du Marseille occitanophone.
Un grand vide en Provence, qui pourrait être moins évident dans six mois.
Les Calandretas (le nom occitan d’une variété d’alouette qui, dans les vignes, annonce le printemps) sont nées en 1983 avec la première école, à Béziers, toujours en activité.
Mais dès 1978-79, de jeunes militants autour du poète Yves Rouquette, font connaître leur projet dans toutes les manifestations, réunions et spectacles en occitan, ou dont l’occitan est l’objet.
Les Iskatolas basques et Diwan bretonnes font alors des émules en Occitanie.
Déjà les méthodes pédagogiques de Célestin Freinet font partie des choix fondamentaux ; l’immersion linguistique en est un autre, car le but des Calandretas et de former au bilinguisme les jeunes élèves, ou « calandrons ».
Nous en rencontrons désormais régulièrement, devenus jeunes adultes : Guilhem Latrubesse par exemple, aujourd’hui conseiller régional de Midi Pyrénées délégué à la Langue Occitane ; et Maelle Dupon, l’un des grands espoirs de la littérature occitane.
Toutefois le statut privé de cet enseignement heurte, voire horripile, une partie des occitanistes, étroitement attachés à la notion de service public.
« On doit se poser la question de savoir qui nous voulons toucher », intervient ainsi ces jours ci sur internet Marie-Jeanne Verny.
L’animatrice de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc, précise bien qu’elle donne un avis personnel : « Voulons-nous que les enfants de militants ou de parents intéressés par la pédagogie Freinet mais qui se moquent de la langue d’oc soit le public visé…ou bien tous les enfants de ce pays qui ont tous droits aux bénéfices du bilinguisme ? »
Mais dès 1978-79, de jeunes militants autour du poète Yves Rouquette, font connaître leur projet dans toutes les manifestations, réunions et spectacles en occitan, ou dont l’occitan est l’objet.
Les Iskatolas basques et Diwan bretonnes font alors des émules en Occitanie.
Déjà les méthodes pédagogiques de Célestin Freinet font partie des choix fondamentaux ; l’immersion linguistique en est un autre, car le but des Calandretas et de former au bilinguisme les jeunes élèves, ou « calandrons ».
Nous en rencontrons désormais régulièrement, devenus jeunes adultes : Guilhem Latrubesse par exemple, aujourd’hui conseiller régional de Midi Pyrénées délégué à la Langue Occitane ; et Maelle Dupon, l’un des grands espoirs de la littérature occitane.
Toutefois le statut privé de cet enseignement heurte, voire horripile, une partie des occitanistes, étroitement attachés à la notion de service public.
« On doit se poser la question de savoir qui nous voulons toucher », intervient ainsi ces jours ci sur internet Marie-Jeanne Verny.
L’animatrice de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc, précise bien qu’elle donne un avis personnel : « Voulons-nous que les enfants de militants ou de parents intéressés par la pédagogie Freinet mais qui se moquent de la langue d’oc soit le public visé…ou bien tous les enfants de ce pays qui ont tous droits aux bénéfices du bilinguisme ? »
Privée ou associative?..."c'est très différent!"
Jean-Louis Blénet fête les trente ans de la fédération des Calandretas, qui édite un énorme bouquin pour rendre compte de l'escomessa (photo MN)
Evoquer cette critique fait réagir Jean-Louis Blénet avec lassitude : « évitez de dire que les Calandretas sont des écoles privées, elles le sont par force et ont développé leur histoire parce que les autorités pédagogiques ne voulaient pas entendre parler de l’occitan. Nous sommes en réalité des écoles associatives, et dans l’esprit c’est très différent ».
Ecoles sous contrat avec l’Education Nationale, les Calandretas voient donc leur personnel rémunéré par l’Etat. Et, comme dans les autres écoles, un conseil d’école permet d’impliquer les parents dans la vie de l’association, et de la défendre si besoin est.
Jusqu’à très récemment l’enseignement bilingue public était une utopie, et les Calendretas ont donc créé leur propre centre de formation pédagogique.
Les maîtres sont ainsi formés avec des outils pédagogiques créés par le centre Aprene, à Béziers. Créé à la fin du siècle dernier il accueille les instituteurs qu’il forme à l’enseignement immersif.
De ce point de vue l’enseignement associatif peut se targuer d’avoir une belle longueur d’avance.
Mais il n’est plus seul. A partir des années 1990, dans les Bouches-du-Rhône, l’Inspection d’Académie a lentement construit un réseau d’écoles à forte présence du provençal.
Les Centres d’Enseignement Continu de la Langue Régionale (CECLR) sont aujourd’hui 27 dans ce département. On y fait, avec des enseignants formés trois heures d’occitan par semaine, et trois heures en occitan.
Ecoles sous contrat avec l’Education Nationale, les Calandretas voient donc leur personnel rémunéré par l’Etat. Et, comme dans les autres écoles, un conseil d’école permet d’impliquer les parents dans la vie de l’association, et de la défendre si besoin est.
Jusqu’à très récemment l’enseignement bilingue public était une utopie, et les Calendretas ont donc créé leur propre centre de formation pédagogique.
Les maîtres sont ainsi formés avec des outils pédagogiques créés par le centre Aprene, à Béziers. Créé à la fin du siècle dernier il accueille les instituteurs qu’il forme à l’enseignement immersif.
De ce point de vue l’enseignement associatif peut se targuer d’avoir une belle longueur d’avance.
Mais il n’est plus seul. A partir des années 1990, dans les Bouches-du-Rhône, l’Inspection d’Académie a lentement construit un réseau d’écoles à forte présence du provençal.
Les Centres d’Enseignement Continu de la Langue Régionale (CECLR) sont aujourd’hui 27 dans ce département. On y fait, avec des enseignants formés trois heures d’occitan par semaine, et trois heures en occitan.
Des projets durables
Là aussi des outils pédagogiques particuliers ont été créés par une Mission Académique, située actuellement à Gardanne.
Sur cette base, à partir de 2010, à Maillane, où a vécu Frédéric Mistral, l’école qui porte son nom est progressivement passée à l’enseignement bilingue à parité avec le français. Une école à Martigues a suivi l’année d'après, et à la rentrée 2013 l’école maternelle Elsa Triolet de Gardanne. Un collège à St-Rémy, a ouvert une section bilingue en 2012, afin d’accueillir les élèves issus des CECLR locaux.
Cependant l’enseignement de l’occitan n’y est pas un droit gravé dans le marbre. Régulièrement certaines équipes pédagogiques sont tentées par l’abandon du projet.
Une école au sud d’Aix-en-Provence a abandonné son statut de CECLR vers 2006, sans que celui-ci ne trouve de ferme défenseur au sein de l’establishment académique.
Aussi les Calandretas, appuyées sur un fort réseau, une idée militante et des parents concernés gardent-elles pour leurs partisans l’attrait du droit acquis dans un univers francophone où la langue occitane est encore toujours perçue comme juste tolérable.
Ont-ils raison ? La Calandreta varoise de Cuers a dû sortir du réseau au début des années 2000, confrontée à des problèmes financiers que ne pouvaient assumer sa fédération.
Elle est cependant toujours bilingue. Reprise par l’Education Nationale, c’est désormais une école publique dont la graphie classique, élément fondamental du projet, a disparu, les nouveaux maîtres pratiquant, eux, la mistralienne.
Sur cette base, à partir de 2010, à Maillane, où a vécu Frédéric Mistral, l’école qui porte son nom est progressivement passée à l’enseignement bilingue à parité avec le français. Une école à Martigues a suivi l’année d'après, et à la rentrée 2013 l’école maternelle Elsa Triolet de Gardanne. Un collège à St-Rémy, a ouvert une section bilingue en 2012, afin d’accueillir les élèves issus des CECLR locaux.
Cependant l’enseignement de l’occitan n’y est pas un droit gravé dans le marbre. Régulièrement certaines équipes pédagogiques sont tentées par l’abandon du projet.
Une école au sud d’Aix-en-Provence a abandonné son statut de CECLR vers 2006, sans que celui-ci ne trouve de ferme défenseur au sein de l’establishment académique.
Aussi les Calandretas, appuyées sur un fort réseau, une idée militante et des parents concernés gardent-elles pour leurs partisans l’attrait du droit acquis dans un univers francophone où la langue occitane est encore toujours perçue comme juste tolérable.
Ont-ils raison ? La Calandreta varoise de Cuers a dû sortir du réseau au début des années 2000, confrontée à des problèmes financiers que ne pouvaient assumer sa fédération.
Elle est cependant toujours bilingue. Reprise par l’Education Nationale, c’est désormais une école publique dont la graphie classique, élément fondamental du projet, a disparu, les nouveaux maîtres pratiquant, eux, la mistralienne.
La Calandreta d'Orange en 2008 (photo MN)