Rentrée modeste pour l’occitan


Le recteur de l’Académie d’Aix-Marseille, Bernard Beignier, n’a pas beaucoup de temps à consacrer à l’enseignement des langues régionales en cette rentrée des classes.



Comprenons-le. D’un côté, il doit appliquer une réforme des Collèges toujours aussi difficile à faire ingurgiter à un corps professoral qui demande quels sont les moyens de l’ambition.

Et d’un autre, il doit limiter le phénomène de décrochage scolaire, aux causes complexes, qu’il préfère positiver en valorisant ceux qui font preuve de « persévérance scolaire .
 
 

Dans le secondaire, de Nice à Tarascon et de Briançon à Toulon, à peine 4000 élèves apprennent la langue régionale. Peut largement mieux faire !

Le recteur d'Aix-Marseille, Bernard Beignier, est aussi désormais recteur de Région, les contrats Région-Académies passent désormais par lui, y compris pour Nice (photo MN)
On imagine qu'il n'a pas identifié l'enseignement du provençal, du niçois et de l'alpin d'oc comme une priorité.
 
Pour ce qu'on sait actuellement, cet enseignement, quasi confidentiel, maintient toutefois ses positions.
 
Environ 25 enseignants dotés d'un Capes d'Occitan Langue d'Oc continueront d'enseigner, en moyenne dans deux à trois établissements chacun de cette Académie, collège ou lycée, où moins de deux mille élèves apprennent la langue régionale.
 
On craignait un peu les sièges vacants, à la suite de mutations par exemple. Selon nos informations, l'unique poste de professeur d'occitan de la région de Digne (04) sera pourvu, pourtant, à la suite du départ de Sandre Arnaud, qui aura marqué de son volontarisme tranquille la discipline.
 
Rajoutons encore deux mille élèves dans le secondaire au sein de l'Académie de Nice, et nous saurons que le chemin (de croix !) est encore long pour que notre langue régionale touche au moins en initiation les 238 607 collégiens et lycéens d'Aix-Marseille (en fait de Briançon jusqu'à La Ciotat, Fos et Orange), soit 729 de plus que l'an passé.
 
En l'absence d'avancées significatives on comptera donc les positions acquises et non remises en cause.
 
Le poste d'animateur pédagogique du Vaucluse, un mi-temps à l'histoire chaotique – son sort dépend de la capacité des associations à se mobiliser – devrait être maintenu, nous indique un responsable académique. Mais il faut attendre quelques jours pour en avoir l'assurance.
 
La création d'un poste de «  Recteur Régional » (celui d'Aix-Marseille jouera ce rôle) induit par la Réforme Territoriale en cours, ne devrait pas affecter les politiques de chacun des recteurs de Provence Alpes Côte d'Azur.
 
En effet, notre région garde ses deux Académies. Le Recteur de Région limitera son rôle à la relation unique qu'il aura avec le président de Région et le préfet de Région. Mais en ce qui concerne les accords Région-Académies, possible canal de financement d'activités autour de la langue d'oc, on sait que cette évolution ne sera pas neutre.
 
L'Académie de Nice, qui ces dernières années avait profité d'un vent plus favorable à l'enseignement de l'occitan, va vivre une transition dont on espère qu'elle n'affectera pas les conditions de cet enseignement.
 
Le recteur vient en effet de changer à Nice. Claire Lovisi, elle-même enseignante d'une matière considérée comme marginale (histoire du droit romain), disait comprendre le spleen des profs d'occitan. Elle est remplacée, depuis le 31 juillet, par Emmanuel Ethis. Ce sociologue, fin observateur du monde du spectacle en région, était aussi responsable de la prospective au Conseil Economique et Social Régional. Il était jusqu'alors président de l'Université d'Avignon.
 
A Aix et à Nice, le maintien des deux Rectorats, en tout cas, devrait entraîner celui des deux Conseils Académiques de la Langue Régionale. Les acteurs associatifs, syndicaux et académiques y discutent des conditions d'exercice de l'enseignement de l'occitan.
 
Pour celui d'Aix-Marseille, ses membres espèrent, modestement, que le Recteur se mettra enfin dans les clous réglementaires de son administration, en le réunissant deux fois par an : une pour lancer des propositions et des études, l'autre pour évaluer le travail accompli depuis la première réunion.
 
Aujourd'hui, elle ne se réunit qu'une fois par an, et le recteur n'y a plus assisté en personne depuis deux ans.
 
Cet organisme consultatif cesserait alors enfin d'être la chambre d'écho de l'autosatisfaction de l'administration scolaire « les bonnes années ». Ou le bureau des pleurs de cette même administration, les « mauvaises années » quand elle conseille la modestie des demandes pour ne pas avoir à demander des moyens ambitieux.
 
Car il en va de l'enseignement du provençal comme il en va de l'agriculture. La sécheresse budgétaire ou le mildiou du manque de poste fait sourire ou pleurer l'enseignant laboureur d'apprentissages. On pourrait espérer plus de sécurité pour un enseignement qui fédère les élèves de différentes origines et leur donne confiance dans leur scolarité. Cela tous les témoignages concordent pour l'affirmer au sein des écoles.
 
 
 
 
 

Mardi 1 Septembre 2015
Aquò d'Aquí