Les défenseurs de l’enseignement en langue d’oc protestent à Aix le 4 avril


La coordination Pour Que Vivent Nos Langues relayée par plusieurs associations provençales et niçoises appelle à la manifestation devant le Rectorat. La protestation contre la réforme des lycées a pris plus de temps que prévu, mais gagne en unité.



Première manifestation contre la réforme Blanquer, déjà à Aix le 20 mars 2019 (photo MN)

Franc d’une aggravation de l’épidémie Covid 19 qui limiterait les rassemblements, les promoteurs et défenseurs de l’enseignement de la langue d’oc se retrouveront devant le Rectorat d’Aix-en-Provence le 4 avril prochain pour protester contre “la disparition programmée de l’enseignement de notre langue régionale Provençal-Niçois-Alpin” communique le Forum d’Oc.

 

L’Association des Professeurs de Langue Régionale, qui représente les enseignants de l’Académie de Nice, s’est en effet décidée hier 4 mars et rejoint l’initiative. Celle-ci sera proposée par la coordination Pour Que Vivent Nos Langues.

 

Le rassemblement de protestation concernant les deux Académies d’Aix-Marseille et de Nice, reçoit donc naturellement le soutien de l’Association pour l’Enseignement de Langue d’Oc (Aeloc) qui elle représente les acteurs du monde éducatif en langue régionale dans l’Académie d’Aix-Marseille, et du Forum d’Oc, qui coordonne le lobbying de la plupart des groupes de promotion de l’occitan en Provence-Alpes-Cote d’Azur, en particulier de l’Institut d’Estudis Occitans qui lui aussi appelle à ce rassemblement.

C’est donc une large unité du monde des mainteneurs qui demande à tous les publics de se rassembler le samedi 4 avril à 11 heures du matin devant le Rectorat à Aix-en-Provence.

 

La réforme des lycées, dite Blanquer, du nom du ministre de l’Education, produit ses effets négatifs depuis un an, et à la rentrée de septembre, les associations nous font part des effets.


Initiative lancée à Paris par les défenseurs des langues minoritaires

Le 30 novembre dernier, les défenseurs de l'enseignement de toutes les langues minoritaires de l'hexagone protestent unitairement à Paris (photo MN)

Disparitions de cours à Marseille, à Carpentras, à Manosque, à Nice, ailleurs, professeurs maintenus dans des tâches telle que documentaliste...Le coup est rude. La gestion comptable de l’Education Nationale produit ses effets, le mépris dans lequel sont tenus les enseignements de langues minoritaires, minorisées devrait-on dire, font du breton, de l’occitan, de l’alsacien ou du basque les cibles privilégiées du ministère.

 

Face à cette situation qui apparait scandaleuse deux élus, le député Paul Mollac et le député européen François Alfonsi ont proposé en septembre une action coordonnée et revendicative des représentants de l’enseignement des langues dites de France. Le 30 novembre dernier tous ont organisé un rassemblement de protestation à Paris. Et ce jour là aux groupes a été demandé de manifester devant leurs Rectorats en février. Il s’agissait, de manière décomplexée, d’attirer l’attention des candidats aux élections municipales et à les inciter à se positionner sur la question de l’enseignement de la langue historique de leur territoire.

 

Mais l’initiative a fait flop. Si des tenants de l’enseignement de langues minoritaires s’engagent directement dans les batailles électorales municipales, la coordination n’a pas vu appliquée dans les faits sa demande. Les acteurs que nous interrogeons à ce sujet évoquent la difficulté à mobiliser, et tout simplement la charge de travail qui échoit systématiquement à quelques individus.


Exigences : annuler les suppressions, mais aussi gagner en droits

Ecole bilingue publique à Maillane (13). le réseau d'écoles avec apprentissage du provençal a perdu la moitié de ses conseillers pédagogiques (photo MN)

C’est donc après le scrutin municipal que s’exprimera la revendication d’un retour à la sanctuarisation des enseignements de langues régionales.

 

La coordination PQVNL réclame en effet clairement une augmentation du nombre d’enseignants et d’écoles où est enseigné le provençal, l’alpin, le niçois. A minima il faut rétablir tous les postes supprimés par les deux Rectorats à l’occasion de la réforme Blanquer.

 

Mieux, c’est le rétablissement des postes de conseillers pédagogiques de langue d’oc qu’elle exige. Et la création de nouveaux, là où ils n’existent pas encore. La mesure répond à une attaque directe du Rectorat dans les Bouches-du-Rhône, où la Mission Académique Langue Régionale a été amputée de la moitié de ses effectifs, deux postes ayant été supprimés ; mais aussi à une situation famélique dans le Vaucluse où un demi poste est maintenu dans la précarité ; et dans les Alpes-de-Haute Provence où le Conseil Départemental déploie des efforts d’incitation à l’inscription aux cours de provençal et d’alpin des collèges...où le Rectorat supprime l’intégralité des postes d’enseignants d’occitan du département.

 

Au delà de la stricte défense d’acquis somme toute très modestes, la coordination réclame de manière plus offensive la “mise en place d’un plan de développement de l’enseignement de notre langue régionale par convention avec le Conseil Régional et les Conseils Départementaux conformément à la loi”

 

L’appel au rassemblement du 4 avril sera relayé, affirme le Forum d’Oc, par une pétition “contre la disparition programmée de notre langue”.

 

Car c’est ce qui émerge dans le discours des organisations appelant à ce rassemblement : pour elles la réforme Blanquer s’inscrit dans un plan de destruction des enseignements de langues, dites “de France”, en France. C’est le paradoxe auquel les locuteurs sont accoutumés depuis le rapport du conventionnel Abbé Grégoire, sur l’anéantissement des patois...a la fin du XVIIIè siècle !

Lire aussi : 20 mars au Rectorat d'Aix la communauté éducative proteste

Annonce Forum 320.doc  (124.5 Ko)


Jeudi 5 Mars 2020
Michel Neumuller