En janvier le ministre de l’Education Nationale a réintroduit les épreuves de langue dans le concours de recrutement des professeurs des écoles … Problème, cette réintroduction ne concerne que les langues étrangères, pas les langues dites régionales.
La Fédération des Enseignants de Langue et Culture d'Oc (Felco) vient de recommander à ses membres de demander à leur député de le revendiquer directement auprès du ministre, ou de lui demander quand il les réintroduira. “Votre soutien nous serait extrêment précieux” précisent les signataires de la demande. Ils soulignent aussi la grande rareté des postes “flêchés” auxquels ouvrent les concours, eux spéciaux, de langue régionale, qui sont proposés dans certaines Académies, aux enseignants désireux d’enseigner l’occitan dans les écoles du premier degré.
Pour ce qui nous est connu l’Académie de Montpellier ouvre cinq de ces postes, celle de Nice trois.
Le concours ordinaire, lui rassemble tous les professeurs des écoles formés dans les Inspé (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education) de chaque Académie. Le retour d'une épreuve de langue régionale dans ce concours permettrait à un plus grand nombre de candidats de la choisir.
Encore, donc, faudrait-il qu’ils soient formés pour cela. Or, depuis la disparition des épreuves de langue régionale du concours ordinaire de professeur des écoles, ces formations ne tiennent souvent qu’au militantisme d’associations dédiées. Les Inspé ont cessé de former les maîtres désireux d’enseigner la langue d’oc dans les écoles qui le proposent. La formation, elle, cependant n’a pas cessé, mais l’Education Nationale se refuse à la financer.
Ce sont donc, selon les cas, les universités, qui dans le cadre d’une licence d’occitan, assument ce que l’Inspé ne fait pas : à Bordeaux, Montpellier et Toulouse, mais pas à Aix-en-Provence ni à Nice. Exception notable, l’Inspé de Carcassonne. Ailleurs, il arrive que des associations d’éducateurs financent les formateurs, grâce aux subventions de collectivités locales. C’est le cas dans l’Académie d’Aix-Marseille, où l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc prend en charge le coût des formations au provençal des maîtres et futurs maîtres.
Apprendre l'occitan ou manger ?
Là, 36 heures annuelles de formation permettent de décrocher une habilitation à enseigner le provençal, en tout cas dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Problème, les Inspé ignorant officiellement ces formations, ils ne les intègrent pas dans leur emploi du temps.
Ainsi, les apprenants doivent-ils, comme demain leurs futurs élèves, choisir entre manger et apprendre l’occitan ! Les cours sont dispensés à 13h ou en début de soirée, ce qui est dissuasif. Selon nos sources, à Avignon, cette année 30 étudiants ont participé au premier cours, dès le second, une fois leurs emplois du temps connus, ils n’étaient plus que sept.
Le retour de l’épreuve d’occitan au sein du concours “ordinaire”, à côté de l’anglais, du russe ou d’autres langues étrangères, signerait évidemment l’obligation de formation que l’Education Nationale devrait alors assumer et, fatalement, budgeter. Les Inspé devraient aussi alors intégrer cette formation, comme celle de l’anglais et d’autres langues étrangères, dans leur emploi du temps.
Ainsi, les futurs maîtres, motivés tant qu’on ne multiplie pas les boulets qu’ils doivent trainer, pourraient choisir une matière qui d’évidence suscite leur intérêt. L’amorce d’un mouvement ascendant d’enseignement du provençal dans les classes maternelles et élémentaires ? Ne brûlons pas les étapes, voyons d’abord si les enseignants écrivent à leur député.