La Talvera en 2010 (photo XDR)
La fin 2013 aura été la saison des belles aux bois dormants qui se réveillent ou ne tarderont plus à s’étirer devant le public ; ç’aura été celle des témoignages sonores de la culture occitane, qui passent nécessairement par la langue.
Nous attendons avec impatience les enregistrements de Rose Salle, réalisés par Jean-Luc Domenge. Ils donneront lieu à un livre + CD courant 2014, qu’éditera l’association Cantar lou païs.
Cette dame avait vécu l’essentiel du XXè siècle dans le Haut Var où, d’écoles en salles des fêtes, elle a diffusé pour un public de villageois contes et chansons, en « patois » ou en français.
Gilbert Combe vient, lui, d’éditer avec son association de St-Crépin les précieux témoignages enregistrés dans ce village vers 1980. Des vieux y racontent le temps d’avant, en occitan.
A trois cents kilomètres de là, voici le groupe La Talvera qui réveille le travail de collectage de Gabriel Soulages.
Ce notable mort en 1900 fut maire d’Albi dans les premiers temps de la troisième république. Critique littéraire à ses heures, et tout autant amateur d’archéologie, cet humaniste touche à tout intellectuel a laissé deux cahiers de « poésies populaires ».
Nous attendons avec impatience les enregistrements de Rose Salle, réalisés par Jean-Luc Domenge. Ils donneront lieu à un livre + CD courant 2014, qu’éditera l’association Cantar lou païs.
Cette dame avait vécu l’essentiel du XXè siècle dans le Haut Var où, d’écoles en salles des fêtes, elle a diffusé pour un public de villageois contes et chansons, en « patois » ou en français.
Gilbert Combe vient, lui, d’éditer avec son association de St-Crépin les précieux témoignages enregistrés dans ce village vers 1980. Des vieux y racontent le temps d’avant, en occitan.
A trois cents kilomètres de là, voici le groupe La Talvera qui réveille le travail de collectage de Gabriel Soulages.
Ce notable mort en 1900 fut maire d’Albi dans les premiers temps de la troisième république. Critique littéraire à ses heures, et tout autant amateur d’archéologie, cet humaniste touche à tout intellectuel a laissé deux cahiers de « poésies populaires ».
« Standards » panoccitans et parfum d’époque
C’est le terme employé alors pour les chansons populaires. Il semble que Soulages ait ressenti le besoin de conserver ce qu’il sentait disparaître. Il n’est pas le seul alors.
On connaît Damase Arbaud, autre maire, manosquin lui, et qui agit ainsi à peine un peu plus tôt.
Toujours est-il que rien n’échappe à Gabriel Soulages de ce qui se chante aux veillées et dans les fêtes en cette seconde moitié du XIXè siècle.
D’ailleurs, ce qu’il entend, peut souvent l’être fort loin dans l’espace occitan. C’est le cas d’un « standard » tel que Rencontrèri ma mia, qu’on pourra retrouver à main gauche du Rhône sous la forme : Ai rescontrat ma mia…La chanson de marche n’en conte pas différemment l’histoire de cette bonne amie qui va vendre chaque jour un article différent, mais que son amant prie de revenir à cause de la pluie (et pour faire quoi, hein ?).
A travers chansons à boire ou pamphlets chantés un pan d’époque ressurgit, porté par la voix si particulière de Céline Ricard : Fotètz-me lo camp, canalha, où il s’agit de chasser les profiteurs, ou le rare La femna batuda, qui aurait pu tout à fait pu illustrer une récente campagne de sensibilisation sur ce thème.
On connaît Damase Arbaud, autre maire, manosquin lui, et qui agit ainsi à peine un peu plus tôt.
Toujours est-il que rien n’échappe à Gabriel Soulages de ce qui se chante aux veillées et dans les fêtes en cette seconde moitié du XIXè siècle.
D’ailleurs, ce qu’il entend, peut souvent l’être fort loin dans l’espace occitan. C’est le cas d’un « standard » tel que Rencontrèri ma mia, qu’on pourra retrouver à main gauche du Rhône sous la forme : Ai rescontrat ma mia…La chanson de marche n’en conte pas différemment l’histoire de cette bonne amie qui va vendre chaque jour un article différent, mais que son amant prie de revenir à cause de la pluie (et pour faire quoi, hein ?).
A travers chansons à boire ou pamphlets chantés un pan d’époque ressurgit, porté par la voix si particulière de Céline Ricard : Fotètz-me lo camp, canalha, où il s’agit de chasser les profiteurs, ou le rare La femna batuda, qui aurait pu tout à fait pu illustrer une récente campagne de sensibilisation sur ce thème.
Un livre et un CD
Le livre fourmille d'information (photo XDR)
L’érotisme est loin d’être absent de cette œuvre. Hélas la musique de Quand ieu èri pichona ne figurait pas dans les cahiers de Gabriel Soulages.
On ne retrouve donc pas cette chansons dans le CD qui accompagne le livre de Cançons…sans quoi on aurait pu entendre ceci : Quand ieu èri pichona / fasiè l’amor pel sòl / ara que soi grandeta (ei !) / fau l’amor pel lençòl
Si l’ouvrage publié avec l’aide des collectivités locales reproduit et commente les textes recueillis par Soulages, le CD d’accompagnement vaut réellement le coup d’oreille.
La Talvera est égale à elle-même, elle effectue ses virages au bord du champ en toute liberté. Puisqu’il s’agit de textes qui pouvaient soutenir une fête, le groupe fait entendre l’écho musical de cette vivacité.
C’est tout le contraire d’une recréation confite dans la naphtaline cultureuse qu’il nous donne à écouter.
La panoplie impressionnante d’instruments mobilisés, du triangle, au pifre en passant par la guitare, le graile (un hautbois au son aigre et puissant) ou la rebuta (une sorte de guimbarde) n’y sont pour quelque chose que parce qu’ils sont joués avec l’envie d’être ces paysans qui, une fois la moisson rentrée, ont bien envie de s’éclater un peu, beaucoup, passionnément.
On ne retrouve donc pas cette chansons dans le CD qui accompagne le livre de Cançons…sans quoi on aurait pu entendre ceci : Quand ieu èri pichona / fasiè l’amor pel sòl / ara que soi grandeta (ei !) / fau l’amor pel lençòl
Si l’ouvrage publié avec l’aide des collectivités locales reproduit et commente les textes recueillis par Soulages, le CD d’accompagnement vaut réellement le coup d’oreille.
La Talvera est égale à elle-même, elle effectue ses virages au bord du champ en toute liberté. Puisqu’il s’agit de textes qui pouvaient soutenir une fête, le groupe fait entendre l’écho musical de cette vivacité.
C’est tout le contraire d’une recréation confite dans la naphtaline cultureuse qu’il nous donne à écouter.
La panoplie impressionnante d’instruments mobilisés, du triangle, au pifre en passant par la guitare, le graile (un hautbois au son aigre et puissant) ou la rebuta (une sorte de guimbarde) n’y sont pour quelque chose que parce qu’ils sont joués avec l’envie d’être ces paysans qui, une fois la moisson rentrée, ont bien envie de s’éclater un peu, beaucoup, passionnément.