L'Office pour la langue nourrit les occitanistes d'espoirs


MARSEILLE. L'Office de la langue occitane devrait lancer des actions pour socialiser l'occitan, mais sa création est suspendue au bon vouloir de l'Etat. A Bordeaux David Grosclaude a entamé une grève de la faim pour débloquer la situation. En Provence plusieurs actions de soutien ont été lancées.



Rassemblement à Marseille à l'appui du jeûne d'Anne-Marie Hautant et d'Hervé Guerrera pour l'Office de la langue occitane (photo MN)
"J'entame ce jour, 27 mai, une grève de la faim à l'Hôtel de Région à Bordeaux". C’est par cette petite phrase que David Grosclaude, conseiller régional d’Aquitaine, mettait sur la place publique une évidence jusqu’alors cachée. L’Etat, qui balaie sous le tapis toute initiative efficace pour partager la langue occitane, y repoussait depuis des mois un projet abouti, et surtout transrégional, pour organiser ce partage.
 
Il s'agit de la création de l'Office Public de la Langue Occitane (OPLO) sous la forme d'un Groupement d'Intérêt Public (GIP). Cet organisme, chargé de proposer et de mettre en oeuvre une politique linguistique publique en faveur de l'occitan, est le fruit d’une large concertation régionale
 
L'Office Public de la Langue Occitane (OPLO) réunirait dans un premier temps Aquitaine et Midi Pyrénées.

Par le jeu des regroupements régionaux, il inclurait bientôt Languedoc Roussillon. Auvergne et Rhône Alpes réfléchissent à leur adhésion.

Il n’y a guère que Provence Alpes Cote d’Azur qui, aujourd’hui, résiste à cette idée dans une sorte d’isolationnisme préjudiciable à l’avenir de sa langue régionale.

Un Office tel qu'en ont langues basque, corse et bretonne

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L’OPLO interviendrait dans les domaines de la transmission et de l'usage de l'occitan. En matière d’enseignement de l’occitan, les Régions renforcerait ainsi la concertation et la coopération avec le Ministère de l’Education nationale.
 
L’Etat aurait choisi de répondre par le silence à la promesse d’efficacité que porte cet Office. Une méthode sans doute plus douce que la promulgation de l’édit de Villers-Coterret en 1539, mais tout autant idiomicide.
 
La réponse du milieu occitaniste est à la hauteur. A l’absence de discours, répond l’absence de nourriture.

Gandhi contre Big Brother.
 
A Marseille ainsi, Anne-Marie Hautant et Hervé Guerrera, les deux conseillers régionaux du Partit Occitan, observaient un jeûne ce mercredi 03 juin.

A Toulon, la réponse est associative ; les Amis de la Calandreta, Brulat Chorma, et le Centre Dramatique Occitan d’Andrieu Neyton appelaient à un rassemblement devant la Préfecture du Var à 18h le même soir.

Plusieurs rassemblements, jeûnes et actions de solidarités de Bordeaux à Toulon

David Grosclaude a entamé une grève de la faim le 27 mai pour obtenir la publication au JO du décret portant création de l'Office de la langue occitane, pour lequel deux Conseils Régionaux ont délibéré voici plus d'un an (photo XDR)
L’initiative reçoit de multiples soutiens, tel celui de l’Espaci Occitan deis Aups, qui rassemble les Instituts d’Etudes Occitans des deux départements alpins de Provence.

De même avec l’Association des Elus Occitans, logiquement, puisque celle-ci est présidée par David Grosclaude.
 
A Narbonne, un rassemblement aura eu lieu en fin de matinée, ce trois juin, devant la Préfecture, idem à Tarbes, et devant le Conseil Régional Midi Pyrénées à Toulouse, tout comme devant celui d’Auvergne à Clermont. A Auch, Pau, Albi et dans d’autres villes des initiatives similaires auront lieu.
 
Le président de Midi Pyrénées, Martin Malvy, qui avait interpellé le premier ministre, croyait savoir, le 1er juin, que la signature du décret portant création de l’Office « était imminente ». Deux jours après on sait qu’il n’en était rien.

Soutiens de Martin Malvy et de Paul Molac

Cette mobilisation dépasse d’ailleurs les pays de langue d’oc, puisque le député Breton (apparenté UDB) Paul Molac a adressé un courrier au premier ministre Manuel Valls, pour lui demander de publier au Journal Officiel de la République, au plus vite, le décret portant création du fameux Office pour la langue occitane.
 
Et, fait intéressant, il en profite pour rappeler que ce type d’office existe déjà pour l’alsacien, le breton, le corse et le basque.

Pourquoi l’occitan en serait-il privé, sinon parce qu’il existe une peur irraisonnée de l’Etat vis-à-vis d’une langue qui est parlée et comprise sur un territoire aussi vaste que le tiers de l’hexagone ?
 
Seule voix un tantinet discordante, celle de la Felco qui, tout en regrettant le mépris étatique pour la décision des Conseils Régionaux d’Aquitaine et Midi Pyrénées, et tout en « manifestant sa solidarité avec le combat courageux de David Grosclaude », se demande quel sera l’avenir d’un tel Office quand la réforme territoriale aura regroupé des Régions actuelles. 
 
Anne-Marie Poggio (IEO Paca) en soutien aux "junistas" à Marseille (photo MN)

Mercredi 3 Juin 2015
Michel Neumuller