La bataille de Lagarde, ou est engagé le XVè corps, par Zimmer, coll. part. est proposé à l'exposition des Archives Départementales du 13 (XDR)
Les soldats du Midi n’ont pas fourni le plus gros contingent de fusillés pour l’exemple de la première guerre mondiale. « Ce sont les soldats originaires du Bassin Parisien qui l’ont d’abord été » souligne l’historien Jean-Yves Le Naour, auteur de « La légende noire des soldats du Midi ».
En revanche, quand on fusille les Provencaux, c’est bien moins pour leur tenue au feu que pour mater ces râleurs, hâbleurs, et couards, qui, pour l'intelligentsia chauvine, ont le désavantage de ne pas être réellement Français.
Une exposition, simple, documentée et bien mise en scène évoque cette façon de voir, à Aix-en-Provence, jusqu’au 5 juillet prochain. « La faute au Midi – soldats héroïques et diffamés », relate avec son contexte l’affaire du XVè corps, et le calvaire du malheureux Auguste Odde, fusillé car Varois.
Les soldats provençaux et corses du XVè corps sont envoyés prendre un village allemand dès le début des hostilités, en août 1914. Mais à Lagarde, en Lorraine, avec 500 tués, ils doivent reculer. Le général Lescot, qui les a envoyés à la boucherie avec légèreté, sera révoqué. Mais la réputation des Méridionaux est faite. Ils reculent !
En revanche, quand on fusille les Provencaux, c’est bien moins pour leur tenue au feu que pour mater ces râleurs, hâbleurs, et couards, qui, pour l'intelligentsia chauvine, ont le désavantage de ne pas être réellement Français.
Une exposition, simple, documentée et bien mise en scène évoque cette façon de voir, à Aix-en-Provence, jusqu’au 5 juillet prochain. « La faute au Midi – soldats héroïques et diffamés », relate avec son contexte l’affaire du XVè corps, et le calvaire du malheureux Auguste Odde, fusillé car Varois.
Les soldats provençaux et corses du XVè corps sont envoyés prendre un village allemand dès le début des hostilités, en août 1914. Mais à Lagarde, en Lorraine, avec 500 tués, ils doivent reculer. Le général Lescot, qui les a envoyés à la boucherie avec légèreté, sera révoqué. Mais la réputation des Méridionaux est faite. Ils reculent !
La faute au Midi, forcément
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Quelques jours après, voilà le XVè corps confronté à la puissante artillerie germanique, qui les hache menu, sans que l’Etat-Major n’ait pris la mesure de l’absence de soutien à ses soldats.
Pourtant c’est la déroute du 20è corps, lui composé d’excellents soldats lorrains, qui va mettre le feu aux poudres. Il faut un bouc émissaire. Ce ne peut être l’élite de l’Armée. Ce sera donc le Méridional, cet à-peine français à qui on ne peut décidément pas faire confiance.
Le conseil de guerre se réunit, on prend le plus râleur du régiment. Auguste Odde est venu de Six-Fours, cela suffit à le mettre en accusation. Sa conduite au combat pour défendre Nancy est passée par pertes et profits. Avec lui, on choisit un Corse qui ne parle pas le français, Joseph Tomasini, blessé au combat.
Le ministre de la Guerre, Messimy, veut faire un exemple, il téléguide une campagne de presse contre les soldats du Sud. On fusillera pour l’exemple les deux malheureux. Leur tort, être Méridionaux !
Cinquante ans de dénigrement et d’incompréhensions françaises face à ce Midi occitan qui parle croquant, affiche une attitude méditerranéenne et se montre rétif à l’autorité, voilà le contexte de l’affaire.
Il faut revoir le sobre documentaire de Christian Philibert, « Le complexe du santon » pour comprendre la peur qu’inspire au Nord l’homme du Sud ; peur de « la race sensuelle, colérique et dure » (Taine) qui sera transformée en dénigrement, avec l’aide d’écrivains en mal de publicité. Tartarin de Tarascon est-il au fond le témoin à charge que le Conseil de Guerre oppose à Odde ?
Pourtant c’est la déroute du 20è corps, lui composé d’excellents soldats lorrains, qui va mettre le feu aux poudres. Il faut un bouc émissaire. Ce ne peut être l’élite de l’Armée. Ce sera donc le Méridional, cet à-peine français à qui on ne peut décidément pas faire confiance.
Le conseil de guerre se réunit, on prend le plus râleur du régiment. Auguste Odde est venu de Six-Fours, cela suffit à le mettre en accusation. Sa conduite au combat pour défendre Nancy est passée par pertes et profits. Avec lui, on choisit un Corse qui ne parle pas le français, Joseph Tomasini, blessé au combat.
Le ministre de la Guerre, Messimy, veut faire un exemple, il téléguide une campagne de presse contre les soldats du Sud. On fusillera pour l’exemple les deux malheureux. Leur tort, être Méridionaux !
Cinquante ans de dénigrement et d’incompréhensions françaises face à ce Midi occitan qui parle croquant, affiche une attitude méditerranéenne et se montre rétif à l’autorité, voilà le contexte de l’affaire.
Il faut revoir le sobre documentaire de Christian Philibert, « Le complexe du santon » pour comprendre la peur qu’inspire au Nord l’homme du Sud ; peur de « la race sensuelle, colérique et dure » (Taine) qui sera transformée en dénigrement, avec l’aide d’écrivains en mal de publicité. Tartarin de Tarascon est-il au fond le témoin à charge que le Conseil de Guerre oppose à Odde ?
Racisme ordinaire en temps de guerre
S’ajoute à cette réputation de velléitaire le sentiment, chez nombre d’intellectuels chauvinistes, que l’homme méridional a pris le pouvoir en France, abâtardissant la Nation. Le cerveau des races dolichocéphales, tel celui des Francs, n’est-il pas « plus volumineux que celui des races brachycéphales, telles que les Latins et les Celtes », nous a appris le Dt Répin, de l’Institut Pasteur, vers 1910.
Occitans et Bretons seront donc à surveiller. A fusiller. Le volume de leur crâne est déjà un début de preuve à charge.
Pour bien des auteurs alors, il faut reprendre l’Alsace et la Lorraine afin de rééquilibrer un pays bien trop influencé par son Midi et ses « êtres au brou de noix et aux yeux vernis » que dénonce Joris-Karl Huysmans.
Avec leur plume, bien des écrivains et éditorialistes ont commandé le feu contre Auguste Odde et Joseph Tomasini, comme le montre sur scène André Neyton avec « La légende noire du soldat O. », la pièce qu’il faut voir, cette année ou jamais.
Lire La légende noire des soldats du Midi
Occitans et Bretons seront donc à surveiller. A fusiller. Le volume de leur crâne est déjà un début de preuve à charge.
Pour bien des auteurs alors, il faut reprendre l’Alsace et la Lorraine afin de rééquilibrer un pays bien trop influencé par son Midi et ses « êtres au brou de noix et aux yeux vernis » que dénonce Joris-Karl Huysmans.
Avec leur plume, bien des écrivains et éditorialistes ont commandé le feu contre Auguste Odde et Joseph Tomasini, comme le montre sur scène André Neyton avec « La légende noire du soldat O. », la pièce qu’il faut voir, cette année ou jamais.
Lire La légende noire des soldats du Midi
Compte rendu de la conversation du ministre de la Guerre Messiny, qui va entraîner les procès d'Odde et Tomasini (photo XDR)