En marseillais de l’an pèbre


Et bien voilà, exceptionnellement, le linguiste et homme de radio nous prête sa chronique de France Bleu Provence...Car on lui avait soufflé le thème. Mais nos abonnés au mensuel, eux, le retrouvent tous les mois. Et on le remercie deux fois plutôt qu'une.



Vous nous faites une revue de presse spéciale aujourd’hui Médéric ?

Les voici en ligne les journaux de l'an pèbre en provençal

Oui, et c’est Michel Neumuller, le rédac’ chef du mensuel Aquò d’Aquí qui m’a passé l’info, avec ses mots à lui : « as-tu vu que la BNF te donne les références des journaux en marseillais de l’an pèbre ». Traduction : le site de la BNF (la Bibliothèque Nationale de France) propose en effet d’avoir accès à la presse locale ancienne, plus précisément aux « journaux d’intérêt local parus en France des origines à 1944".

C’est ainsi qu’en cherchant bien, on tombe sur une liste de 24 journaux parus en Provence entre 1841 et 1943, des journaux et revues… en provençal !

Rien que les titres, c’est tout un poème , surtout qu’à l’époque, ils aimaient bien les titres à rallonge : Lou Bouil-abaïsso : journaou populari en vers prouvençous ; Lou Rabaïaire de peços provençalos choousidos : tallos que contes, cansouns, cansounettos et romanços / par un escaboué de gais rimaires ; Lou Cassaïre : eis bouèneis pèços prouvençalos et à tout escrit francès sur la Prouvençou (ces deux derniers journaux étant dirigés par Marius Feraud) ; Lou Brus : journaù poupulari de literaturo, d'istori e de scienci ; La Reneissènço ; L'Idèio prouvençalo ; Li Cant de Prouvenço e li declamacioun ; L'Estello ; L'Araire : organe mensuel de la Fédération de la jeunesse occitane [qui deviendra par la suite : Journau poupulari dei bastido e dei cabanoun] ; Lou Calen : buletin mesadié (c'est-à-dire « mensuel »), La Vihado : journau marsihes. Il faut bien sûr mentionner Lou Felibrige : revisto mesadiero, la revue mensuelle du Félibrige qui paraît encore, sous d’autres formes.

Dans le genre « titre bien long », il y a Lou Galoi prouvençau : recuei trimestrau. Pichoun conte, cant, galejado e pas mau d'autrei cauvo [puis Recuei mesadié, ilustra, charrarié, cansoun, conte, galejado e tout plein d'autrei cauvo] ou encore, accrochez-vous bien : Lou Descaladaire : journaou satiri-coumique deis carrieros, deis proumenados et deis cabanouns : mescla de marrits vers français et prouvençaous, dedia eis ouvriers / redigea per un sapur de la Gardo natiounalo de Mimet.

Et puis il y a ces journaux populaires marseillais que j’ai déjà eu l’occasion de citer ici : Lou Tron de l'er : Journal satirique, littéraire et financier ; Lou San-Janen : jornalet marsihès pareissent lou dijoou (le jeudi) ; La Sartan : journaou populari su lou fué cade dissato (littéralement « sur le feu tous les samedis) qui a duré longtemps, de 1891 à 1965, avec notamment les contributions du comique marseillais Louis Foucard, et bien sûr L'Esque : journal des pêcheurs de Marseille [puis journal de la pêche et des bains de mer].

Une prochaine fois, nous ouvrirons ensemble ces journaux provençaux et marseillais à l’époque où la presse n’était ni gratuite, ni en ligne !

A écouter en ligne sur France Bleu Provence

Mercredi 20 Avril 2016
Médéric Gasquet-Cyrus