Cor D Lus, groupe vocal rare mais durable

Ils font souffler l'esprit du gospel sur Damase Arbaud


Le quatuor vocal chante un répertoire trad provençal mais évolue vers la création. Il n’hésite pas à faire souffler l’esprit du jazz sur les Noëls de Saboly. Et c’est assez réussi pour que ces doux iconoclastes de la polyphonie aient envie de poursuivre l’expérience.



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Mélodies chaloupées en provençal qu’on peut ponctuer en claquant des doigts, ou en remuant les hanches, ou les deux…Cor D Lus (lisez « cœur de lumière ») met Damase Arbaud à l’heure du gospel, et rend Saboly plutôt jazzy.
 
Devant les rideaux rouges de l’Oustau de Prouvenço, le 15 janvier dernier, invités par le Cep d'Oc, Vincent Clabère, Philippe Franceschi, Didier Maurel et Jean-Philippe Perdereau ont fait entendre ce répertoire, mais relooké côté rythme. Allez savoir, cela aurait peut-être ravi à la fois Saboly et Mahalia Jackson…
 
« Tout a commencé à la terrasse d’une bégude d’Ansouis, où Philippe Franceschi et moi buvions un coup » raconte Didier Maurel. « Une élue locale passe et demande à Philippe s’il veut bien préparer un récital de Noël. On était en plein été 2011, il a dit ok ».
 
Autour d’un verre la discussion prend un autre tour. « Qu’est-ce que je pourrais bien chanter ? » demande l’un – « Il y a un répertoire calendal bien fourni en provençal » suggère l’autre – « Ah ! ouais ? Tiens pourquoi pas ; si tu me montrais »
 
De fil en aiguille, ce corpus de chants variés finit par séduire, et le groupe se constitue avec un élève qui prépare le bac en Provençal, Sébastien Clabère. Son frère Vincent fait toujours partie de l’équipe vocale. Quelques récitals plus tard, les voici accueillant aussi Jean-Philippe Perdereau. 

Plus funky ? Plus méditerranéen ?

Faut-il présenter Didier Maurel ? Le professeur de provençal a porté un projet artistique scolaire remarqué lors de l’année 2014, « année Mistral » en Provence.
 
Philippe Franceschi enseigne le chant choral à l’Université, tout en dirigeant le chœur aixois Antequiem. Il participe actuellement à un projet du Festival d’Art Lyrique d’Aix, dont nous reparlerons.
 
Jean-Philippe Perdereau est artiste professionnel et Vincent Clabère poursuit ses études.
 
« Nous ne pouvons chanter souvent, nous sommes trop occupés par ailleurs, mais nous tenons à cette manière d’actualiser le répertoire traditionnel provençal » poursuit Didier Maurel.
 
Si le groupe joue rarement, il est paradoxalement durable. « On a envie de faire évoluer l’esthétique musicale ; on est en réflexion : plus funky ? Plus méditerranéen ? »
 
En tout cas Cor D Lus vogue déjà vers la haute mer sonore de la création, même s’il emporte dans les cales une belle provision de standards trads. « On chante Jean-Yves Royer, ou mes propres compositions, arrangées par Philippe Franceschi » souligne Didier Maurel.
 
Mais pour juger des évolutions, il faudra attendre un peu. Les agendas trop chargés de ces artistes protéiformes les empêcheront de reformer Cor D Lus durant les prochains mois. Le 15 janvier l'invitation aixoise du Cep d'Oc était une exception.
 
Mais c’est bien connu, ce qui est rare est précieux.
Le groupe vocal était invité à Aix par le Cep d'Oc le 15 janvier 2015. de g à d : Philippe Franceschi, Jean-Philippe Perdereau, Didier Maurel et Vincent Clabère (photo MN)

Lundi 26 Janvier 2015
Michel Neumuller