Nos interlocuteurs, au sein d'un secteur associatif riche et actif, demandent une politique régionale "dynamisante" et une coordination interrégionale (photo MN)
« Franchement je ne suis pas d’accord pour qu’on range la langue d’oc au rayon patrimoine, ni pour ne la rencontrer qu’au musée ! Je la pratique régulièrement en société et elle est pour moi un vivant vecteur de modernité, qui participe du changement auquel nous contraint la crise mondiale. L’occitan, ce sont des valeurs, du sens, pour l’avenir, et j’attends donc de ce colloque qu’il la rende visible, qu’il rende visibles ceux qui la portent ».
Claude Holyst, qui nous lâche d’un trait ce qu’il pense, n’est pas un responsable d’association régionale, mais un acteur du développement régional. Il assistera samedi au colloque marseillais sur la place de l’occitan en Provence Alpes Côte d’Azur. Mais il a, pour une agence régionale, organisé voici un an un autre colloque : culture et développement durable, où il a beaucoup été question de la langue régionale.
Claude Holyst, qui nous lâche d’un trait ce qu’il pense, n’est pas un responsable d’association régionale, mais un acteur du développement régional. Il assistera samedi au colloque marseillais sur la place de l’occitan en Provence Alpes Côte d’Azur. Mais il a, pour une agence régionale, organisé voici un an un autre colloque : culture et développement durable, où il a beaucoup été question de la langue régionale.
"S'entendre entre régions et rendre plus visible notre travail"
Eliane Tourtet, à Gap : " évitons d'être à la traîne des autres régions, travaillons plutôt avec elles" (photo MN)
Etre enfin visibles ! C’est aussi le leitmotiv d’Eliane Tourtet. Depuis longtemps cette journaliste de télévision est un pilier actif de la Librairie Occitane de Gap. « Disons-le, nous sommes à la traîne en Provence Alpes Cote d’Azur, et c’est dommage ! Les autres régions savent s’entendre, et de Lyon à Bordeaux travaillent ensemble. Paca devrait aussi être reconnue comme Région agissant pour que l’occitan soit mieux exposé. Or, c’est avec les autres régions de langue d’oc que nous y arriverons le mieux. »
Eliane Tourtet considère le travail fait chez les voisins de Rhône Alpes. « L’identité chez eux c’est plus compliqué que chez nous, c’est l’industrie plus que la culture qui les a réuni. Et pourtant il faut voir comment ils savent créer du liant en favorisant leurs langues régionales. Ce serait plus facile pour nous, et on a le sentiment que c’est ici qu’on en fait le moins ».
Eliane Tourtet considère le travail fait chez les voisins de Rhône Alpes. « L’identité chez eux c’est plus compliqué que chez nous, c’est l’industrie plus que la culture qui les a réuni. Et pourtant il faut voir comment ils savent créer du liant en favorisant leurs langues régionales. Ce serait plus facile pour nous, et on a le sentiment que c’est ici qu’on en fait le moins ».
"Dynamisez nos initiatives"
Bernard Vaton, à Orange : "La Région pourrait coordonner les initiatives" (photo MN)
Les promoteurs de la langue régionale ont-ils une tendance marquée à l’autoflagellation ? Ou sont-ils bien informés des efforts qui, à Bordeaux, Rennes ou Toulouse, conduisent les conseils régionaux à lancer des politiques coordonées en faveur de leur langue régionale ?
C’est ce qu’appelle de ses vœux Bernard Vaton, fondateur de la Calandreta d’Orange, et responsable de Ben Leu,une association qui collecte les moyens de financer l’animation en langue régionale autour de cette commune du Nord Vaucluse. « La Région devrait rendre plus efficace le travail de multiples associations qui oeuvrent pour rendre plus visible et mieux partagée notre langue régionale. Bref, on lui demande de dynamiser toutes ces initiatives ».
Pour lui la première fonction du colloque qu’organise Anem Òc sera de mettre en relation des responsables associatifs de terrain entre eux et avec les élus et chargés de mission de Paca, afin que tous prennent conscience de la force collective qu’ils représentent.
C’est ce qu’appelle de ses vœux Bernard Vaton, fondateur de la Calandreta d’Orange, et responsable de Ben Leu,une association qui collecte les moyens de financer l’animation en langue régionale autour de cette commune du Nord Vaucluse. « La Région devrait rendre plus efficace le travail de multiples associations qui oeuvrent pour rendre plus visible et mieux partagée notre langue régionale. Bref, on lui demande de dynamiser toutes ces initiatives ».
Pour lui la première fonction du colloque qu’organise Anem Òc sera de mettre en relation des responsables associatifs de terrain entre eux et avec les élus et chargés de mission de Paca, afin que tous prennent conscience de la force collective qu’ils représentent.
"Faites nous voir ce qui a été rendu possible ailleurs"
JP Baquié, à Nice : "J'espère du concret, en matière de politique transrégionale, pour aller de l'avant" (photo MN)
« Mais il est important aussi que ceux qui ont agi dans d’autres régions montrent l’étendue des possibles aux responsables de la nôtre. Pour l’avenir c’est même plus qu’important ».
En Bretagne c’est un Office de la Langue qui dynamise les politiques en optimisant un budget tout de même bien supérieur au Million d’€uros. Et les promoteurs de la langue bretonne passent bien moins de temps que les Provençaux à se tirer dans les jambes les uns les autres en essayant de réduire à néant le travail de l'autre, d’abord considéré comme concurrent.
C’est d'un type de relations efficace et du système qui le rend possible que les acteurs de Paca voudront entendre parler, grâce à de nombreux responsables de Midi Pyrénées, Aquitaine, Rhône Alpes ou Bretagne invités par les organisateurs.
En Bretagne c’est un Office de la Langue qui dynamise les politiques en optimisant un budget tout de même bien supérieur au Million d’€uros. Et les promoteurs de la langue bretonne passent bien moins de temps que les Provençaux à se tirer dans les jambes les uns les autres en essayant de réduire à néant le travail de l'autre, d’abord considéré comme concurrent.
C’est d'un type de relations efficace et du système qui le rend possible que les acteurs de Paca voudront entendre parler, grâce à de nombreux responsables de Midi Pyrénées, Aquitaine, Rhône Alpes ou Bretagne invités par les organisateurs.
"Il nous faut des outils de qualité pour donner envie au public"
Didier Maurel : "Pouvoir créer des outils d'animation directement en Provence" (photo MN)
« C’est que nous avons besoin maintenant d’une réflexion sur la qualité de l’aide apportée à ces acteurs de terrain » nous dit Didier Maurel. Ce professeur de provençal propose actuellement une exposition dans un lycée aixois où il enseigne. « J’ai dû aller la chercher à Béziers, au Cirdoc ! Il faut savoir faire de la route pour trouver ce qu’on demande» ironise-t-il.
Certes le centre de documentation occitane de Béziers a vocation interrégionale, mais « pourquoi ne pas faire travailler des metteurs en scène de qualité sur ce type de produits, directement chez nous ? »
Le colloque auquel il assistera refusera du monde, pour raison de sécurité. Il attend déjà un public de 300 personnes dans les locaux de Marseille Provence Métropole, à Marseille. « Ça nous montre la hauteur de l’enjeu. Il y a une demande véritable pour une politique dynamique et cohérente en faveur de la langue d’oc chez nous. Comment les responsables vont-ils accueillir cette vitalité, comment éviteront-ils qu’elle ne s’essouffle ? » questionne Pierre Costa, un trentenaire toulonnais qui porte actuellement un projet de Calandreta.
Certes le centre de documentation occitane de Béziers a vocation interrégionale, mais « pourquoi ne pas faire travailler des metteurs en scène de qualité sur ce type de produits, directement chez nous ? »
Le colloque auquel il assistera refusera du monde, pour raison de sécurité. Il attend déjà un public de 300 personnes dans les locaux de Marseille Provence Métropole, à Marseille. « Ça nous montre la hauteur de l’enjeu. Il y a une demande véritable pour une politique dynamique et cohérente en faveur de la langue d’oc chez nous. Comment les responsables vont-ils accueillir cette vitalité, comment éviteront-ils qu’elle ne s’essouffle ? » questionne Pierre Costa, un trentenaire toulonnais qui porte actuellement un projet de Calandreta.
"On doit coordonner notre action régionale avec celle des autres régions de langue d'oc"
JL Racouchot à l'Isle/Sorgue : "nous aurions besoin d'une politique transrégionale en faveur de la langue d'oc" (photo XDR)
« Il faudra quand même bien que le politique réponde à cette demande à un moment ou à un autre. Or, avec ce colloque, le moment commence… » estime-t-il.
Là aussi, des acteurs associatifs attendent de l’interrégionalité qu’elle dynamise ce qui se fait en Paca. « On doit obtenir enfin une position claire des autorités régionales vis à vis de la culture d'oc en provence » nous dit Jean-Louis Racouchot, illustrateur et enseignant fraîchement retraité qui mène lui aussi un projet de Calandreta, mais dans le Vaucluse. « Notre région est en effet la seule région de langue occitane à ne pas se joindre aux autres afin de mettre au point une politique linguistique transrégionale ».
Même son de cloche à l’autre bout de la région, avec Jean-Pierre Baquié, animateur d’un site web très fréquenté à Nice et dans les Alpes Maritimes : « nous ne pouvons rester à l’écart des autres régions de langue d’oc, on a besoin de coordonner, et pour ce qui est de Provence Alpes Côte d’Azur, j’attends qu’on nous annonce du concret. Je vais le dire directement : je souhaite qu’on puisse parler au cours de colloque de la possibilité de créer un Office Occitan de la Langue, voire qu’il en soit la première étape ».
Là aussi, des acteurs associatifs attendent de l’interrégionalité qu’elle dynamise ce qui se fait en Paca. « On doit obtenir enfin une position claire des autorités régionales vis à vis de la culture d'oc en provence » nous dit Jean-Louis Racouchot, illustrateur et enseignant fraîchement retraité qui mène lui aussi un projet de Calandreta, mais dans le Vaucluse. « Notre région est en effet la seule région de langue occitane à ne pas se joindre aux autres afin de mettre au point une politique linguistique transrégionale ».
Même son de cloche à l’autre bout de la région, avec Jean-Pierre Baquié, animateur d’un site web très fréquenté à Nice et dans les Alpes Maritimes : « nous ne pouvons rester à l’écart des autres régions de langue d’oc, on a besoin de coordonner, et pour ce qui est de Provence Alpes Côte d’Azur, j’attends qu’on nous annonce du concret. Je vais le dire directement : je souhaite qu’on puisse parler au cours de colloque de la possibilité de créer un Office Occitan de la Langue, voire qu’il en soit la première étape ».
Pierre Costa, à Toulon : "Il y a une demande d'un secteur associatif, comment le politique répondra-t-il à cette vitalité ?" (photo MN)
Le jeune président de l’Ostau dau País Marselhès, Mathieu Castel, espère lui en tout cas que l’échange sera fructueux. « Ce n’est pas le moindre intérêt de ce colloque que de permettre aux acteurs de toutes les régions occitanes de se parler. On n’a pas ici à copier ce que font les autres, mais à échanger des idées et des expériences, et à essayer de voir large ».
Qui sait si, dans l’échange d’informations et de méthodes qui seront portées à la connaissance du public, samedi, l’aïoli ne montera pas finalement en Provence Alpes Côte d’Azur, au grand bénéfice d’une identité provençale ouverte dans laquelle la langue occitane jouerait le rôle de polymère, le liant qui fait que se mêlent harmonieusement les ingrédients.
Qui sait si, dans l’échange d’informations et de méthodes qui seront portées à la connaissance du public, samedi, l’aïoli ne montera pas finalement en Provence Alpes Côte d’Azur, au grand bénéfice d’une identité provençale ouverte dans laquelle la langue occitane jouerait le rôle de polymère, le liant qui fait que se mêlent harmonieusement les ingrédients.
Le colloque "Anem Òc" se déroule à partir de 14h (accueil dès 13h30) dans les locaux de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, dans le parc du Pharo (autobus n°83 à partir du Vieux Port, ou très belle promenade piétonne de 800 m au long du Vieux Port). Une fois entré dans le parc du Pharo, il faut après cinquante mètres, prendre à droite, le siège de MPM est alors immédiatement visible.