L'IEO co-organise la manifestation de Montpellier, où il espère favoriser une loi pour les langues régionales (photo MN)
Les milliers de marcheurs qui manifesteront à Montpellier, ce samedi 24 octobre, dès 14h à partir de l’Esplanade Charles De Gaulle, en faveur de la mise en œuvre d’une politique publique pour la langue occitane, défileront dans un contexte qui mérite d’être connu.
Depuis un an, l’enseignement de la langue d’oc est mis à mal par la réforme des collèges. L’interdisciplinarité, qui était déjà pratiquée par les professeurs de langue régionale, en prenant un caractère codé, protocolaire et contraint, condamne cet enseignement au déclin. Perdant son autonomie, il perdra sa raison d’être, pour le public scolaire.
Déjà, mis à part le minuscule regain de 2014 (huit postes au Capes), le nombre de nouveaux recrutement de professeurs était limité à quatre par an depuis 2003, de Bordeaux à Nice. On affamait ce même public scolaire, alors que les besoins augmentaient, avec le nombre d’élèves apprenant la langue d’oc.
Malgré l’inanition entretenue par l’Etat, l’effectif lycéen apprenant l’occitan tournait autour de mille élèves, par exemple, dans les Bouches-du-Rhône, avant la décrue entamée vers 2010, qui n’en laisse que 700 actuellement.
Les collèges résistent mieux, avec un effectif qui, dans ce même département, le plus en pointe de l’Académie d’Aix-Marseille, tutoie les deux mille élèves répartis dans 36 établissements.
Une goutte d’eau parmi l’effectif total des lycées et collégiens. Pourtant, quand un cours est organisé, il fait vite le plein. Nombre de cas nous sont connus, comme celui du lycée aixois Cézanne, où une classe de provençal peut atteindre trente élèves.
Depuis un an, l’enseignement de la langue d’oc est mis à mal par la réforme des collèges. L’interdisciplinarité, qui était déjà pratiquée par les professeurs de langue régionale, en prenant un caractère codé, protocolaire et contraint, condamne cet enseignement au déclin. Perdant son autonomie, il perdra sa raison d’être, pour le public scolaire.
Déjà, mis à part le minuscule regain de 2014 (huit postes au Capes), le nombre de nouveaux recrutement de professeurs était limité à quatre par an depuis 2003, de Bordeaux à Nice. On affamait ce même public scolaire, alors que les besoins augmentaient, avec le nombre d’élèves apprenant la langue d’oc.
Malgré l’inanition entretenue par l’Etat, l’effectif lycéen apprenant l’occitan tournait autour de mille élèves, par exemple, dans les Bouches-du-Rhône, avant la décrue entamée vers 2010, qui n’en laisse que 700 actuellement.
Les collèges résistent mieux, avec un effectif qui, dans ce même département, le plus en pointe de l’Académie d’Aix-Marseille, tutoie les deux mille élèves répartis dans 36 établissements.
Une goutte d’eau parmi l’effectif total des lycées et collégiens. Pourtant, quand un cours est organisé, il fait vite le plein. Nombre de cas nous sont connus, comme celui du lycée aixois Cézanne, où une classe de provençal peut atteindre trente élèves.
Une absence de droits pour une langue juste tolérée
Tout le monde n'ira pas à Montpellier, ainsi de l'Ostau dau Pais Marselhès, présent voici trois ans à Toulouse (photo MN)
Une manifestation publique telle que les Cantejadas, réunit autour du chant en occitan régulièrement trois mille personnes à Aix-en-Provence, et feront même florès, ce prochain printemps, à Digne.
Les journaux –tels que le nôtre – ou les radios d'expression occitane ne reçoivent rien de l’Etat pour remplir leur difficile mission, mis à part un tarif postal préférentiel dont profitent tous les journaux de France. Tous sont en permanence mis en danger et, au final, ne dépendent que de l’effort financier que consentent les afogats.
La télévision publique ne consacre qu’une émission confidentielle d’une petite demi-heure hebdomadaire à la langue d’oc, où le talent des professionnels est cantonné dans une tranche horaire indigne.
Les radios publiques s’asseyent, elles, en Provence, sur la charte qui leur fait obligation de consacrer un temps à des émissions en langue régionale.
Tel est la toile de fond de cette manifestation, organisée par la Coordination pour la langue occitane, ce samedi 24 octobre. Une grande frustration motive ses organisateurs. L’envie de maintenir et de développer la pratique de la langue d’oc est forte de l’Atlantique aux Alpes. Mais elle est contenue, corsetée, étouffée par l’Etat en France.
En témoigne encore la valse-hésitation qui, depuis 1999, laisse à penser que le pays ratifiera la Charte Européenne des Langues Minoritaires, alors que le feu nourri des milieux uniformisateurs empêche cette signature à chaque tentative.
Les journaux –tels que le nôtre – ou les radios d'expression occitane ne reçoivent rien de l’Etat pour remplir leur difficile mission, mis à part un tarif postal préférentiel dont profitent tous les journaux de France. Tous sont en permanence mis en danger et, au final, ne dépendent que de l’effort financier que consentent les afogats.
La télévision publique ne consacre qu’une émission confidentielle d’une petite demi-heure hebdomadaire à la langue d’oc, où le talent des professionnels est cantonné dans une tranche horaire indigne.
Les radios publiques s’asseyent, elles, en Provence, sur la charte qui leur fait obligation de consacrer un temps à des émissions en langue régionale.
Tel est la toile de fond de cette manifestation, organisée par la Coordination pour la langue occitane, ce samedi 24 octobre. Une grande frustration motive ses organisateurs. L’envie de maintenir et de développer la pratique de la langue d’oc est forte de l’Atlantique aux Alpes. Mais elle est contenue, corsetée, étouffée par l’Etat en France.
En témoigne encore la valse-hésitation qui, depuis 1999, laisse à penser que le pays ratifiera la Charte Européenne des Langues Minoritaires, alors que le feu nourri des milieux uniformisateurs empêche cette signature à chaque tentative.
Contexte pré-électoral
Un message assez clair à l'adresse des politiques (photo MN)
Le 27 octobre encore, le Sénat se refusera à discuter un projet de loi gouvernemental visant à cette ratification. Mais précisons que le gouvernement avait tout loisir de le faire en 2012 et jusqu’en 2014, quand le Sénat était acquis à sa majorité…
Face à cette situation anxiogène, le mouvement culturel régionaliste ne s’est pourtant pas uni par sa réponse.
La Coordination qui appelle à manifester regroupe l’Institut d’Estudis Occitans et la Fédération des Calandretas, c’est-à-dire des écoles associatives immersives en occitan.
Ces mouvements ont positionné ce rassemblement dans un contexte pré-électoral. Il espère faire remonter ses revendications par le biais des Régions, qui renouvelleront leurs assemblées en décembre prochain.
Le président de l’IEO assume ce choix, ainsi que nous le disait récemment Pierre Brechet : « après ces cortèges de milliers de gens nous sommes mieux écoutés par des services ou des élus, qui sinon ignoreraient largement nos positions et nos demandes. »
Mais l’appel à manifester dans ces conditions ne fait pas l’unanimité.
Face à cette situation anxiogène, le mouvement culturel régionaliste ne s’est pourtant pas uni par sa réponse.
La Coordination qui appelle à manifester regroupe l’Institut d’Estudis Occitans et la Fédération des Calandretas, c’est-à-dire des écoles associatives immersives en occitan.
Ces mouvements ont positionné ce rassemblement dans un contexte pré-électoral. Il espère faire remonter ses revendications par le biais des Régions, qui renouvelleront leurs assemblées en décembre prochain.
Le président de l’IEO assume ce choix, ainsi que nous le disait récemment Pierre Brechet : « après ces cortèges de milliers de gens nous sommes mieux écoutés par des services ou des élus, qui sinon ignoreraient largement nos positions et nos demandes. »
Mais l’appel à manifester dans ces conditions ne fait pas l’unanimité.
En ordre dispersé, de Pelissanne à Montpellier
Si les manifestations en faveur des Langues de France auront lieu dans toutes les régions où se parle une langue minoritaire, des manifestants viendront aussi à Montpellier d'Italie ou d'Espagne (photo MN)
Le même jour en Arles, l’ennemi déclaré de l’occitanisme, le Collectif Me Dison Prouvenço, organise son propre rassemblement. Ce mouvement est né en 1999, avec le désir d’effacer le discours mistralien qui considère la langue d’oc comme une et riche de ses variétés. Il espère rassembler de nombreux élus locaux.
Ils lui seront utiles pour faire financer un projet d’Observatoire de la langue provençale au modèle économique flou, et qui n’a pu rassembler les 3 à 400 000 €uros d’argent public qui lui étaient nécessaires la première année.
Ce rassemblement-là s’inscrit tout autant dans le contexte électoral régional. Après avoir longtemps cherché l’appui du président de Provence Alpes Côte d’Azur, le socialiste Michel Vauzelle, ce collectif courtise actuellement l’équipe Les Républicains de Christian Estrosi, donné gagnant par les sondages aux prochaines régionales en Provence.
On attendait moins le déni de la part de mouvements occitanistes revendiqués, tel l’Ostau dau País Marselhès. L’association qui rassemble plusieurs centaines d’adhérents est à la fois une maison de quartier et un centre d’animation culturelle. Il ne manifestera pas à Montpellier pour deux raisons principales.
D’une part il estime que ces manifestations n’ont pas réussi à faire bouger les lignes en faveur des langues régionales en France, depuis 2005 et la première, organisée à Carcassonne.
D’autre part, il soupçonne que le lieu et la date choisis sont d’abord destinés à favoriser le score de listes occitanistes engagées dans les élections régionales de décembre.
La Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (FELCO) laisse quant à elle, « ses adhérents y participer à titre individuel, s'ils le souhaitent », et affirme n’avoir été « ni consultée ni associée » à l’organisation de ce rassemblement.
Toutefois cette position est loin de faire l’unanimité parmi les associations majeures qui adhèrent à la Felco. Ainsi des très actifs Provençaux de l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc (Aeloc), qui représente la Felco dans l’Académie d’Aix-Marseille. L'association appelle, quant à elle, à manifester avec la Coordination pour la Langue d’Oc, à Montpellier. "Contribuer à son échec nous semblait bien plus nuisible à la cause défendue qu’assumer ses aléas" souligne son secrétaire, Alain Barthélemy.
Le Félibrige, en général co-organisateur des manifestations précédentes, mais pas de la dernière, à Toulouse en mars 2012, laisse également libres de tout choix ses adhérents, tout en organisant le jour même un colloque à Pelissanne, près de Salon, sur « la transmission de la langue et de la culture provençale ». Celui-ci pourra capter autant ceux qui seraient allés manifester en Arles, que ceux qui auraient choisi Montpellier.
Ils lui seront utiles pour faire financer un projet d’Observatoire de la langue provençale au modèle économique flou, et qui n’a pu rassembler les 3 à 400 000 €uros d’argent public qui lui étaient nécessaires la première année.
Ce rassemblement-là s’inscrit tout autant dans le contexte électoral régional. Après avoir longtemps cherché l’appui du président de Provence Alpes Côte d’Azur, le socialiste Michel Vauzelle, ce collectif courtise actuellement l’équipe Les Républicains de Christian Estrosi, donné gagnant par les sondages aux prochaines régionales en Provence.
On attendait moins le déni de la part de mouvements occitanistes revendiqués, tel l’Ostau dau País Marselhès. L’association qui rassemble plusieurs centaines d’adhérents est à la fois une maison de quartier et un centre d’animation culturelle. Il ne manifestera pas à Montpellier pour deux raisons principales.
D’une part il estime que ces manifestations n’ont pas réussi à faire bouger les lignes en faveur des langues régionales en France, depuis 2005 et la première, organisée à Carcassonne.
D’autre part, il soupçonne que le lieu et la date choisis sont d’abord destinés à favoriser le score de listes occitanistes engagées dans les élections régionales de décembre.
La Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (FELCO) laisse quant à elle, « ses adhérents y participer à titre individuel, s'ils le souhaitent », et affirme n’avoir été « ni consultée ni associée » à l’organisation de ce rassemblement.
Toutefois cette position est loin de faire l’unanimité parmi les associations majeures qui adhèrent à la Felco. Ainsi des très actifs Provençaux de l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc (Aeloc), qui représente la Felco dans l’Académie d’Aix-Marseille. L'association appelle, quant à elle, à manifester avec la Coordination pour la Langue d’Oc, à Montpellier. "Contribuer à son échec nous semblait bien plus nuisible à la cause défendue qu’assumer ses aléas" souligne son secrétaire, Alain Barthélemy.
Le Félibrige, en général co-organisateur des manifestations précédentes, mais pas de la dernière, à Toulouse en mars 2012, laisse également libres de tout choix ses adhérents, tout en organisant le jour même un colloque à Pelissanne, près de Salon, sur « la transmission de la langue et de la culture provençale ». Celui-ci pourra capter autant ceux qui seraient allés manifester en Arles, que ceux qui auraient choisi Montpellier.
Des manifestations partout en France pour les langues régionales
Où qu'ils manifestent, il s'agira pour les marcheurs de claironner fort afin d'être entendus du monde politique (photo MN)
L’apparent désordre des attitudes du régionalisme peut cependant se résumer ainsi, selon le mot de Bernard Vaton, animateur de l’association Ben Leu, à Orange, qui ira lui à Montpellier. « L’ important, c'est que ces manifestations se déroulent dans toute la France le même jour à la même heure. Manif à Arles, Montpellier, Strasbourg…. Tout cela, vu de façon globale et de loin, sera de toutes façons excellent pour l’avenir de toutes les langues de France ».
On ne doit pas oublier en effet que, si la manifestation de Montpellier est importante pour le mouvement en faveur de la langue d’oc, Alsaciens, Basques, Corses, Catalans ou Bretons manifesteront aussi dans leurs régions respectives.
Mais dans le cortège montpelliérain, beaucoup seront attentif au nombre de manifestants.
En 2005 à Carcassonne, ils étaient 5000. En 2007 à Béziers, le double, et 20 000 à Carcassonne en 2009. A Toulouse en mars 2012, ils furent 30 000.
Si ce chiffre est dépassé, l’interprétation du politique sera favorable au mouvement et à ses demandes. S’il est inférieur, il sera difficile pour l’ occitanisme d’expliquer qu’un plafond n’a pas été atteint.
On ne doit pas oublier en effet que, si la manifestation de Montpellier est importante pour le mouvement en faveur de la langue d’oc, Alsaciens, Basques, Corses, Catalans ou Bretons manifesteront aussi dans leurs régions respectives.
Mais dans le cortège montpelliérain, beaucoup seront attentif au nombre de manifestants.
En 2005 à Carcassonne, ils étaient 5000. En 2007 à Béziers, le double, et 20 000 à Carcassonne en 2009. A Toulouse en mars 2012, ils furent 30 000.
Si ce chiffre est dépassé, l’interprétation du politique sera favorable au mouvement et à ses demandes. S’il est inférieur, il sera difficile pour l’ occitanisme d’expliquer qu’un plafond n’a pas été atteint.