
La Loi Refondation de l’Ecole, adoptée en seconde lecture par l’Assemblée Nationale en juin dernier précise les obligations de l’Education Nationale sur ce point.
Si l’article 27 bis modifie le code de l’Education Nationale (article L312-10) pour préciser que désormais « les familles sont informées des différentes offres d’apprentissage des langues et cultures régionales », les annexes disent aussi que « dans les académies concernées, l’apprentissage complémentaire d’une langue régionale sera favorisée ».
Informé par ses services après que nous ayons fait passer par écrit et par avance notre question, le nouveau recteur croit pouvoir affirmer que « toutes les demandes sont satisfaites ».
Déperditions entre collèges et lycées
« 25 professeurs dans le public enseignent spécifiquement le provençal dans l’Académie, contrairement à d’autres académies » ajoute M. Saïb. Pour lui la matière est bien lotie.
Les professeurs d’occitan-provençal dotés d’un Capes ont en effet le plus souvent une seconde corde à leur arc pédagogique : ils pourraient enseigner l’espagnol, l’anglais, ou toute autre matière. Ils en sont cependant préservés dans l’Académie, ce qui n’est pas nouveau, mais semble être désormais considéré comme une faveur.
Enfin, le recteur souligne que l’engouement pour la langue régionale « s’étiole » entre le collège et le lycée : un peu plus de 2500 au collège, moins de 900 au lycée dans l’Académie. Il y voit un choix délibéré des élèves. Et on pourrait le suivre si tous les lycées de l’Académie proposaient ces cours.
L'Académie "ne prendra pas les familles par la main"

C’est pourquoi la Loi prévoit encore que l’élève concerné pourra se diriger vers un établissement hors de son secteur dans ce cas.
Encore faudrait-il que l’Académie organise pour cela l’information nécessaire.
Comme on le pressent après cette conférence de presse, le recteur d’académie ne semble pas prêt à organiser cette information. « C’est aux familles de se faire connaître », nous assure-t-il.
Si le recteur Jean-Paul De Gaudemar (2002-2012) était plutôt bien au fait des conditions de l’enseignement de la langue régionale, son éphémère successeur Bernard Dubreuil (2012-2013) avait beaucoup à apprendre en la matière, mais avait montré de la bonne volonté.
Les priorités ne manquent pas

Les associations sauront dans quelques mois quelles sont les réelles dispositions d’esprit de M. Ali Saïb à ce sujet. En effet, la convocation du Conseil Académique de la Langue Régionale par celui-ci montrerait sa volonté d’apprendre et d’améliorer les conditions d’enseignement du provençal et de l’alpin d’oc.
Ce dispositif chargé d’aider le recteur à y voir plus clair et à échanger avec le public concerné avait été mis en place dans l’Académie par Jean-Paul de Gaudemar, son prédecesseur. On devait à ce dernier, quand il était en poste au ministère de l’Education Nationale, la circulaire organisant ce CALR.
Décrochages...raccrochages
Le décrochage scolaire est une de ses priorités affichées. On le comprend. Plus de dix mille élèves quittent le système scolaire sans diplôme ni formation chaque année dans l’académie.
Et cette dernière veut mettre en place les conditions du « raccrochage » de ces élèves, en comptant sur les moyens propres à l’Education Nationale, mais aussi sur ses partenaires, telles les associations oeuvrant dans le même domaine.
A voir si le « décrochage » des élèves des cours de langue d’oc aura également droit à une action de l’académie ?



