Lisa Gròs remonte le temps à la recherche de trois générations de femmes (photo XDR)
Voici 19 nouvelles entre mer et montagne, et femmes d’âge différent. Qu’est-ce qui les relie ?
J’ai donné trois lignes directrices à ce recueil de nouvelles : la première ce sont les territoires que j’ai habités ; de la mer à la Cévenne ; à partir de la nouvelle « Un chin cofat », qui évoque le suicide d’une amie d’enfance, le livre prend une autre direction ; enfin j’y aborde l’irrespect envers la Terre qui donne son nom au recueil, et qui me touche profondément. Nous y voyons vivre trois générations de femmes, entre celle de ma grand-mère et la mienne. On peut voir comme une remontée dans le temps, de nouvelle en nouvelle. J’ai voulu rendre compte d’un temps et mesurer combien tout à évolué. En fait nombre de ces histoires étaient écrites, et j’ai essayé de les organiser dans un certain ordre.
Un personnage se suicide en effet, mais il y a aussi ce passage aux Urgences, qui est un quasi reportage au pays de la douleur.
Il y a peut-être une certaine noirceur. Mais ce n’était pas une volonté. Moi, j’ai voulu évoquer des choses, des évènements et surtout des gens qui ont été. Disons que leur passage sur terre m’a touchée. Ces gens je les ai connus. Jeune j’allais en vacances en montagne chez eux, il s’agit de ma famille, où l’on faisait preuve d’une entraide, à laquelle alors je participais.
Laquelle de ces 19 nouvelles préfères tu personnellement ?
Si je devais choisir – mais c’est difficile – je dirais « L’ostau de Balhona », parce qu’elle parle d’une envie de connaître l’autre. En l’occurrence, il s’agissait d’un homme secret qui vivait en sauvage dans une maison qu’un jour, après soixante années de curiosité réfrénée, j’ai fini par visiter. A travers les toiles d’araignée et les bois craquants, j’ai pu approcher le mode de vie de ces gens, peut-être leur personnalité ; et ce voyage dans le temps à la recherche de l’autre, c’est au fond ce que je préfère dans mon recueil.
J’ai donné trois lignes directrices à ce recueil de nouvelles : la première ce sont les territoires que j’ai habités ; de la mer à la Cévenne ; à partir de la nouvelle « Un chin cofat », qui évoque le suicide d’une amie d’enfance, le livre prend une autre direction ; enfin j’y aborde l’irrespect envers la Terre qui donne son nom au recueil, et qui me touche profondément. Nous y voyons vivre trois générations de femmes, entre celle de ma grand-mère et la mienne. On peut voir comme une remontée dans le temps, de nouvelle en nouvelle. J’ai voulu rendre compte d’un temps et mesurer combien tout à évolué. En fait nombre de ces histoires étaient écrites, et j’ai essayé de les organiser dans un certain ordre.
Un personnage se suicide en effet, mais il y a aussi ce passage aux Urgences, qui est un quasi reportage au pays de la douleur.
Il y a peut-être une certaine noirceur. Mais ce n’était pas une volonté. Moi, j’ai voulu évoquer des choses, des évènements et surtout des gens qui ont été. Disons que leur passage sur terre m’a touchée. Ces gens je les ai connus. Jeune j’allais en vacances en montagne chez eux, il s’agit de ma famille, où l’on faisait preuve d’une entraide, à laquelle alors je participais.
Laquelle de ces 19 nouvelles préfères tu personnellement ?
Si je devais choisir – mais c’est difficile – je dirais « L’ostau de Balhona », parce qu’elle parle d’une envie de connaître l’autre. En l’occurrence, il s’agissait d’un homme secret qui vivait en sauvage dans une maison qu’un jour, après soixante années de curiosité réfrénée, j’ai fini par visiter. A travers les toiles d’araignée et les bois craquants, j’ai pu approcher le mode de vie de ces gens, peut-être leur personnalité ; et ce voyage dans le temps à la recherche de l’autre, c’est au fond ce que je préfère dans mon recueil.
Un parti pris, le texte français en regard de l'occitan
A tuat la tèrra est une édition bilingue. Le français en regard de l’occitan est-il une obligation ?
Proposer la traduction en regard du texte occitan, c’est un parti pris. Je considère que beaucoup de gens ont besoin du français pour oser se lancer dans le texte occitan. Qui lit occitan aujourd’hui ? Trop peu de gens. Qui aimerait le lire ? Sans doute beaucoup de gens, à qui il semble que l’effort sera important. S’ils apprennent, aidons-les ! A chaque difficulté, avec un livre bilingue, ils peuvent avoir un accès immédiat à la traduction des mots inconnus. Nous leur permettons de progresser sans renoncer au plaisir de lire.
Il y a des précédents aux Editions IEO Lengadòc. Je pense au Matagòt moderne.
Oui, cela a très bien fonctionné avec le livre de Matthieu Poitevin, qui a touché en outre un public de jeunes. Je sais que ce parti pris est critiqué par une partie des promoteurs de la langue. Mais ce que je peux dire, c’est que j’ai toujours vendu tous mes livres.
Après ce recueil de nouvelles, que prépares-tu ?
Je n’ai aucun projet littéraire pour le moment. Cela tient au ressort qui déclenche mon écriture ; il faut que je sois ou très heureuse ou très malheureuse.
Tu as donc du temps pour lire. Mais quels sont tes auteurs de prédilection au fait ?
Max Rouquette, assurément ! Pour la beauté et la dureté qui se côtoient dans son œuvre, pour le réalisme et le rêve qui y voisinent. J’apprécie aussi tout particulièrement Jòrdi Gròs*…En fait je ne lis quasiment que de l’occitan, aussi j’aurais du mal à citer un ouvrage en français récemment lu. Mais j’ai éprouvé un intérêt particulier à la lecture de "700 ans de révoltes occitanes" (Le papillon Rouge Editeur, que nous présenterons bientôt), de Gérard de Sède, en fait une réédition récente, dans laquelle j’ai beaucoup appris.
Lisa Gròs – A tuat la Tèrra, novèlas, éd. IEO Lengadòc. 183p. 16€.
*Poète, écrivain et pédagogue, Jòrdi Gròs est le père de Lisa.
Proposer la traduction en regard du texte occitan, c’est un parti pris. Je considère que beaucoup de gens ont besoin du français pour oser se lancer dans le texte occitan. Qui lit occitan aujourd’hui ? Trop peu de gens. Qui aimerait le lire ? Sans doute beaucoup de gens, à qui il semble que l’effort sera important. S’ils apprennent, aidons-les ! A chaque difficulté, avec un livre bilingue, ils peuvent avoir un accès immédiat à la traduction des mots inconnus. Nous leur permettons de progresser sans renoncer au plaisir de lire.
Il y a des précédents aux Editions IEO Lengadòc. Je pense au Matagòt moderne.
Oui, cela a très bien fonctionné avec le livre de Matthieu Poitevin, qui a touché en outre un public de jeunes. Je sais que ce parti pris est critiqué par une partie des promoteurs de la langue. Mais ce que je peux dire, c’est que j’ai toujours vendu tous mes livres.
Après ce recueil de nouvelles, que prépares-tu ?
Je n’ai aucun projet littéraire pour le moment. Cela tient au ressort qui déclenche mon écriture ; il faut que je sois ou très heureuse ou très malheureuse.
Tu as donc du temps pour lire. Mais quels sont tes auteurs de prédilection au fait ?
Max Rouquette, assurément ! Pour la beauté et la dureté qui se côtoient dans son œuvre, pour le réalisme et le rêve qui y voisinent. J’apprécie aussi tout particulièrement Jòrdi Gròs*…En fait je ne lis quasiment que de l’occitan, aussi j’aurais du mal à citer un ouvrage en français récemment lu. Mais j’ai éprouvé un intérêt particulier à la lecture de "700 ans de révoltes occitanes" (Le papillon Rouge Editeur, que nous présenterons bientôt), de Gérard de Sède, en fait une réédition récente, dans laquelle j’ai beaucoup appris.
Lisa Gròs – A tuat la Tèrra, novèlas, éd. IEO Lengadòc. 183p. 16€.
*Poète, écrivain et pédagogue, Jòrdi Gròs est le père de Lisa.